Le problème des algues vertes ne date pas d’hier : cela fait maintenant plus de cinquante ans que le phénomène de « marées vertes » a été identifié. Toutefois, en analysant même très rapidement cette chronologie, on s’aperçoit que ce n’est finalement que depuis seulement une dizaine d’années que des actions concrètes sont entreprises pour lutter contre ce fléau. Comment donc expliquer cette très forte inertie dans l’action des pouvoirs publics, face à un phénomène pourtant dénoncé dans « le Télégramme » de Brest dès 1985 ?
Volume des recherches sur les algues vertes:
Différentes phases peuvent être identifiées dans l’avancée du problème. En effet, c’est le plus souvent en réponse à des incidents que des mesures sont prises et que des actions sont menées pour lutter contre le phénomène. On assiste ainsi la plupart du temps à des vagues successives d’événements, la plus représentative étant celle de l’été 2009 ou une réponse politique forte a fait suite aux tragiques événements qui ont eu lieu à Saint-Michel en Grève.
C’est tout d’abord le cadre législatif et institutionnel de la controverse qui s’est mis en place : des associations se sont créées au niveau local pour dénoncer le phénomène et dans le même temps, des textes de lois ont été adoptés tant au niveau national qu’européen. Cette première phase historique de la controverse est sans doute la plus longue, mais c’est elle qui permet de mettre en place le cadre du débat : elle permet en effet à la fois la création des différentes parties, mais elle donne aussi aux différents acteurs de la controverse des arguments à travers les textes de lois qui ont été votés.
Dans un deuxième temps, au cours des années 90, on pourrait dire que la controverse est en sommeil : de timides plans d’action voient le jour sans grand succès et sans vraiment donner de suite, l’état français est rappelé à l’ordre par l’Union Européenne, mais la situation reste somme toute relativement calme. Toutefois, quelques événements tragiques non totalement identifiés laissent à penser que l’aspect sanitaire pourrait être déterminant pour le futur. A posteriori, on peut analyser cette période comme une phase d’accumulation d’un certain nombre de facteurs, accumulation qui déclenchera ce qui est à l’heure actuelle la dernière phase de cette controverse.
Au cours des années 2000, les choses s’accélèrent : l’état, après avoir été rappelé à l’ordre à maintes reprises, est condamné à la fois par la Cour de justice européenne et par le tribunal administratif de Rennes. Dans le même temps, l’aspect sanitaire fait irruption dans la controverse, à travers notamment la personne du professeur Claude Lesné. Ce sont tout d’abord des mises en garde qui sont émises, des appels à prendre des précautions préventives, mais finalement c’est avec les décès successifs de deux chiens et d’un cheval sur des plages touchées par le phénomène que la controverse s’emballe. L’état intervient alors de manière beaucoup plus importante, symbolisée par la visite du premier ministre en août 2009, et par la mission interministérielle qui s’ensuivit. Des mesures plus concrètes sont alors prises et des moyens plus importants sont débloqués. La situation reste toutefois encore confuse, comme en témoigne par exemple le vote de l’amendement le Fur par l’Assemblé Nationale.
L’avenir nous dira si les mesures déjà prises seront suffisantes, ou s’il faudra davantage de moyens pour endiguer le phénomène…