La spéculation sur les produits agricoles
La spéculation sur les produits agricoles
GESTION DES STOCKS Un problème humanitaire…
Retour
« La question du stockage céréalier constitue inévitablement un enjeu stratégique pour un gouvernement confronté à un risque aggravé de faim. Elle apporte logiquement une première réponse à la souffrance des populations et à la demande des élus »
Janin Pierre, Le soleil des indépendances (alimentaires)» ou la mise en scène de la lutte contre la faim au Mali et au Sénégal,

 

  • Acteur
    Acteur
    Acteur
    CEDEAO
  • Projets
    Projets
    Projets
    APRM Prêts contracycliques
Faisant face à la difficulté de nourrir ses populations, les gouvernements des PMA se doivent de prendre des mesures pour limiter l’impact de hausses des prix et de pénuries. Pour cela, il est nécessaire de savoir gérer les stocks. En effet, ceux-ci doivent permettre de faire un « effet tampon », c’est-à-dire de pallier, lorsque cela est nécessaire, à la hausse des prix en libérant de la marchandise, ou, à l’inverse, de stocker des denrées lorsque l’offre est supérieure à la demande.
D’autre part, des stocks d’urgence peuvent être mis en place pour pallier à des situations d’urgence. Ainsi, sous certaines conditions, des stocks peuvent être libérés, et vendus en dessous du prix du marché. Ceci permet d’éviter une famine. Première carte mondiale des stocks d’urgence (﷯)
Par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le Programme alimentaire mondial (PAM) Financé par ECHO et les gouvernements du Luxembourg et de Moldavie, cette Carte mondiale des stocks d’urgence est « la seule et unique plateforme existante qui permette de savoir ‘qui, à quoi, et où’, en prenant en compte la région, le secteur d’intervention, le nom des organisations ou le type d’organisation », souligne OCHA. Cette base de données doit permettre « d’améliorer l’efficacité et la rapidité des opérations humanitaires d’urgence ». OCHA contacterait en ce moment les ONG pour compléter ces informations.
… Mais aussi économique
« Nous soutenons l’élaboration d’une proposition de système ciblé de réserves alimentaires humanitaires d’urgence complémentaire aux réserves alimentaires régionales et nationales existantes, en réponse aux besoins exprimés par les pays en développement. Nous demandons au PAM et à d’autres organisations internationales de mener une étude de faisabilité et une analyse coût-bénéfice afin de concevoir une proposition de projet pilote pour un tel système, conforme à l’annexe II de l’accord de l’OMC sur l’Agriculture, ciblé sur les approches régionales, garantissant l’appropriation et le partenariat avec les pays concernés, et apportant la preuve de sa valeur ajoutée en terme d’efficience et d’optimisation des mécanismes existants (physiques et financiers). »
Déclaration ministérielle
Plan d’action sur la volatilite des prix alimentaires et sur l'agriculture
Réunion des Ministres de l’Agriculture du G20
Il existe, selon Sophie Mitra et Jean-Marc Boussard, deux théories économiques permettant d’expliquer les fluctuations des prix des matières premières alimentaires. Théorie exogène : « La production agricole est sujette à de nombreux accidents d’origine météorologique, complètement extérieurs au marché, mais qui perturbent l’offre et la demande. Les producteurs sont supposés neutres vis-à-vis du risque et avoir des anticipations rationnelles ». Avec cette théorie, il suffirait de faire jouer la loi des grands nombres pour pallier aux fluctuations de prix. Ainsi, il est très peu probable qu’une sécheresse frappe à la fois l’Australie, l’Afrique et l’Amérique. La multiplicité des productions à travers le monde devrait donc permettre d’homogénéiser les prix et de les rendre presque imperméables aux aléas de la production. Ainsi, la solution serait une libéralisation des marchés de matières premières (libre circulation des marchandises permettant une homogénéisation des prix au niveau mondial) et des stocks interannuels qui permettrait de pallier aux écarts entre l’offre et la demande immédiate. Critique de la théorie : Les producteurs (et les acheteurs) n’ont certainement pas une réaction rationnelle aux évènements extérieurs (effet de panique lorsqu’un évènement climatique vient perturber la production : phénomène d’achats massifs préventifs) Théorie endogène : « L’autre hypothèse, au contraire, s’attache à des causes endogènes, liées au fonctionnement même du marché, et conduisant parfois à des phénomènes chaotiques2. Par exemple, Ezekiel (1938) met en avant les erreurs d’anticipation des producteurs, qui conduisent à des alternances de sur- et de sous-production. »
Avec cette théorie, la libéralisation et la constitution de stocks ne fait qu’aggraver le phénomène de fluctuation des prix. En effet, si la croyance générale est que les prix vont monter (à cause d’une catastrophe météorologique), l’ensemble des producteurs et des acheteurs va acheter (et donc stocker) massivement et provoquer effectivement une hausse des prix. La solution serait plutôt de segmenter les marchés et de développer des interventions publiques sur les prix et les quantités (le coût de cette opération étant ultérieurement compensée par la baisse des prix). Quelle théorie est donc la plus réaliste ? Pour le moment, aucune des deux théories n’a pu se montrer meilleure que l’autre.
Cependant, il est intéressant de noter un fait important pour notre controverse : Sophie Mitra et Jean-Marc Boussard notent que toute l’étude a été réalisée sans prendre en compte l’existence des marchés à terme. Or ceux-ci, dans le modèle endogène, provoquerait une instabilité. En effet, les contrats à terme sont des moyens de « stockage virtuel » : à cet effet, ils provoqueraient donc l’amplification de la volatilité des prix. Ainsi, même si le fait de mieux gérer les stocks est nécessaire à la diminution de la volatilité, « mieux gérer » ne signifie pas nécessairement augmenter les stocks. Comme le souligne la déclaration ministérielle du G 20, il faut, avant toute décision quant à la mise en place de stocks, prendre en compte tous les facteurs économiques afin de prouver que ces stocks ne déstabiliseront pas le marchés et seront rentables à long terme. Sources pour cet article : Sophie Mitra et Jean-Marc Boussard, Les stocks et la volatilité des prix agricoles. Un modèle de fluctuations endogènes, Économie rurale [En ligne], 321 | janvier-février 2011
Retour