Industrialisation de la filière |
Croissance de la demande en poissons |
Une exportation des problèmes hors de l'UE? |
(1) Site Internet de Greenpeace France
(2) FAO, Rapport de la FAO, première partie: Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture, publié en mai 2010, p 18
(3) FAO, Rapport de la FAO, première partie: Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture, publié en mai 2010, p 56
(4) FAO, Statistiques de la FAO, disponibles ici, consulté le 24/04/2012
ESTRAN CITE DE LA MER, De la mer à l’assiette [en ligne], disponible ici, consulté le 14/05/2012
COMITE NATIONAL DES PECHES, Eléments de réflexion concernant les écolabels [en ligne], disponible ici, consulté le 02/05/2012
AUDREY GARRIC, A partir d’aujourd’hui, la France mange du poisson étranger, article paru dans Le Monde, numéro du 13 juin 2011
ENCYCLO ECOLO, Consommation de poisson [en ligne], disponible ici, consulté le 14/05/2012
Greenpeace: Organisation non gouvernementale dénonçant les atteintes à l'environnement et visant à apporter des solutions qui contribuent à la protection de l'environnement et à la promotion de la paix.(1)
Zone Economique Exclusive: D'après le droit de la mer, une zone économique exclusive (ZEE) est un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d'exploration et d'usage des ressources. Elle s'étend à partir de la limite extérieure de la mer territoriale de l'État jusqu'à 200 milles marins de ses côtes au maximum.
Fish Dependence Day : Jour de l'année à partir duquel un pays devient dépendant de ses importations de poissons pour répondre à la demande de ses ressortissants. C'est donc la date à partir de laquelle il a fini d'exploiter les ressources de ses eaux pour l'année.
WWF: World Wide Fund for nature, ONG écologiste...
Une fois que le poisson a été pêché, il lui reste encore à effectuer un dernier parcours, plus ou moins long, qui le mènera jusque dans nos assiettes. Il doit être traité, voire transformé, pour adopter sa forme de produit final et être ensuite offert à la vente.
Le diagramme de droite (mettre la souris dans la zone de droite pour l'agrandir) présente les diverses étapes qui séparent le poisson pêché de nos assiettes. Elles sont assez nombreuses et se regroupent en trois grandes étapes:
La criée est une véritable vente aux enchères qui se réalise au port, quand le poisson pêché est débarqué. Après avoir été contrôlé et trié, il est vendu au mareyeur (nom donné à un acheteur de poissons à la criée) le plus offrant. Les mareyeurs ont donc un rôle important puisqu’ils assurent le relais entre l’offre -les pêcheurs- et la demande - représentée par les industriels et les clients au bout de la chaîne. Ce sont eux qui assurent un équilibre offre/demande sur le marché du poisson. Ces mareyeurs confient ensuite les poissons achetés à des transporteurs qui les mènent chez des poissonniers, des grossistes ou des industriels pour être plus ou moins traités et transformés.
Cette étape est plus ou moins complexe. Elle peut consister simplement à nettoyer, éviscérer et fileter le poisson mais peut aussi être plus élaborée et consister à traiter le poisson pour concocter des plats à base de poisson (poisson pané, plats industriels…).
Cette dernière étape consiste à distribuer les produits finaux obtenus après transformation aux différents vendeurs (grandes surfaces, poissonniers…) où les consommateurs pourront acheter leurs poissons.
De plus en plus d’entreprises de la filière liée à la pêche se verticalisent. Elles regroupent ainsi en leur sein diverses activités de la filière: pêche, transformation, distribution… Les différentes étapes décrites précedemment se font donc sans besoin d’intermédiaire mais au sein d’une même entreprise. Parfois, la phase de transformation du poisson peut même se faire en mer, sur les bateaux de pêche eux-mêmes, s’ils possèdent l’infrastructure nécessaire. On obtient ainsi de véritables usines en mer, ce que déplorent les pêcheurs artisanaux et les ONG écologistes…
Si les mesures prises pour assurer la sauvegarde des ressources se font toutes en amont de la filière poisson (limitation des quantités pêchées, contrôle des pêcheurs…), c'est bien pour l'aval de la filière, les consommateurs, que l'activité de pêche existe. Et si de nombreux problèmes existent dans ce secteur, c'est notamment à cause de la demande toujours croissante en poissons de la population, comme le montre le graphe suivant(4):
Cette continuelle pression encourage la surpêche, la pêche illégale, le lobbying pour que les TAC soient les plus élevés possible... Ce qui est d'autant plus dangereux que les espèces les plus consommées sont celles les plus menacées. C'est ce que regrettent beaucoup d'ONG et de scientifiques, qui essaient pour cela de sensibiliser davantage les consommateurs en leur faisant prendre conscience de la menace qui plane sur nos ressources.
Pour en savoir plus sur la responsabilisation des consommateurs
Après avoir étudié toutes les étapes allant des TAC à notre assiette - la fixation des quotas, leur application, la transformation des produits issus de la pêche, leur consommation-, on peut légitimement se demander si toutes ces mesures servent véritablement à quelque chose.
Tous les ans, le Fish Dependence Day intervient de plus en plus tôt dans l’année. La France, ayant épuisé ses quotas de la zone UE, est alors obligée d’importer des poissons venus des quatre coins du monde pour répondre aux demandes en poissons des français. Ainsi, de plus en plus de poissons qui se retrouvent dans nos assiettes ne sont pas issus des procédures mises en place par la Commission Européenne mais d’une pêche réalisée par des pêcheurs français dans des zones hors UE (Chine, Afrique, Pacifique…) ou bien par des pêcheurs étrangers (chinois, brésiliens…). Et, dans ces eaux, aucune législation ne réglemente la pêche.
La France n'est pas le seul pays à dépendre fortement de ses importations pour sa consommation de poissons. Comme le montre le tableau suivant(3), beaucoup de pays de l'UE font partie des principaux importateurs mondiaux de produits de la pêche.
Comme le montre le diagramme(2) suivant, les captures réalisées dans les ZEE européennes ne représentent que 3,5% des captures mondiales.
Ces chiffres remettent sérieusement en question l'utilité d'une règlementation de la pêche au niveau de l'UE. Beaucoup lui préfèreraient une règlementation au niveau mondial, avec la création d'instances de contrôle de la pêche à l'échelle planétaire. Pour l'instant, ce système est loin d'exister et beaucoup de zones maritimes ne présentent encore aucun système de régulation des activités de pêche...