La performance est-elle le moteur d’un sport-spectacle ou faut-il la considérer comme subsidiaire ?
Prise dans son sens anglo-saxon, la performance ouvre vers une autre dimension fondamentale du sport contemporain, celle du spectacle : une bonne partie du sport, est une activité qui se déroule devant des spectateurs. Le côté artificiel du jeu sportif qui tourne au spectacle est sans doute favorable à l’ouverture au dopage.
Dans ce débat1 s’opposent Michel Rieu, conseiller scientifique de l’Agence française de lutte contre le dopage, et Gérard Dine, médecin spécialiste du dopage, chercheur à l’Institut biotechnologique de Troyes.
Gérard Dine revendique la performance comme moteur du sport-spectacle. On demande au corps humain plus de performance, c’est une nécessité qui est devenue incontournable. Face à cela, les sports olympiques, qui ont sans cesse recherché la performance, se sont laissés entraîner dans l’engrenage. La natation, sport initialement à la marge des autres activités olympiques, a récemment focalisé l’attention médiatique et a fait basculer l’intérêt du public grâce à la pulvérisation de nombreux records à chaque rendez-vous majeur.
Aux yeux de Michel Rieu, le sport ne consiste qu’en une confrontation, où seule la victoire importe. La performance est subsidiaire. De plus, il distingue deux types de performance : la performance mesurable d’une part, la victoire dans la confrontation d’autre part. La performance mesurable est dénuée de sens : « Si je veux faire le 100m en 9s, je prends ma moto ». Et pourtant, malgré ce vide de sens, c’est à cette acception de la performance que le dopage est intimement lié.
- débat télévisé « le dopage des sportifs est-il inéluctable ? », Réalisation : Sylvie Allonneau ; Production : Universcience ; Durée : 31 min 26 s ; Diffusion : 2010. http://www.universcience.tv/video-le-dopage-des-sportifs-est-il-ineluctable–5039.html [↩]