Une critique du service-centric

PLAYLIST - UNE DISTRIBUTION DE L'ARGENT QUI NE SATISFAIT PLUS LES ARTISTES

Les rouages de la rémunération musicale | Une critique du service-centric

Acteurs en jeu

♫ Rappels sur le modèle service centric

Le modèle utilisé aujourd’hui est celui du service centric. Ce modèle fonctionne sur la base du pro rata. On comptabilise le nombre total de streams et le nombre de streams par artiste. L’artiste est alors rémunéré proportionnellement à la part du total des streams qu’il génère par rapport au nombre total de streams de la plateforme.

♫ Des artistes favorisés par ce modèle ?

Ainsi un utilisateur qui n’écoute qu’un seul artiste peu connu participe également à la rémunération de l’artiste le plus écouté et seule une petite partie de son abonnement est reversée à son artiste favori. C’est contre ce modèle considéré comme injuste que s’élèvent la GAM (Guilde des Artistes de la Musique) et les syndicats d’artistes. En effet, le service centric favorise les artistes les plus écoutés au détriment des petits artistes. Un nouvel arrivant aura beaucoup de mal à obtenir une rémunération élevée car à ses débuts, il n’est connu que par une petite communauté de personnes. De plus, le service centric favorise les genres les plus populaires. Or la musique en streaming est fortement contrôlée par les jeunes car ce sont eux qui écoutent le plus de musique [2]. La surconsommation d’un petit nombre de genres par les jeunes défavorise les genres qui ont peu d’auditeurs. Or de nombreux styles de musique ont besoin d’exister avec des petits volumes [59].

"C'est compliqué d'être contre [le user centric] car le modèle actuel n'est pas très défendable"
Un journaliste indépendant
Lors de notre entretien [61]

Ce modèle peut être lucratif pour un label qui concentre des musiques du même style. Il y a un manque de diversité chez certains labels. Mais si ce manque de diversité est actuellement profitable à ces labels, il suffirait que le style le plus écouté du moment change pour qu’ils perdent beaucoup d’argent. Il y a donc un risque important de pertes de revenus à long terme. En effet, si les jeunes écoutent beaucoup plus de musique, c’est parce qu’ils ont plus de temps libre que les personnes plus âgées. Mais ils vont eux-mêmes vieillir et donc se mettre à écouter moins de musique. Ce seront alors leurs enfants qui écouteront beaucoup de musique et pas nécessairement le même style que leurs parents. Un label qui concentre son catalogue autour du style le plus écouté actuellement pourrait à l’avenir voir ses musiques très peu écoutées [59]. 

♫ Proposition d'un nouveau modèle

Pour ces raisons, la GAM et les syndicats d’artistes proposent un autre modèle : celui du user centric. Mais ils doivent faire face à l’opposition des majors et des grandes plateformes de streaming, comme Spotify, qui préfèrent la course à l’audience et la concentration des revenus autour des acteurs les plus importants. De plus, le modèle du service centric est utilisé depuis le début et un changement de modèle est compliqué à mettre en place. Enfin, les gros artistes font venir le public et donc de leur point de vue il semble juste qu’ils soient plus rémunérés que les petits artistes.

Les grandes plateformes de streaming ne sont pas toutes d’accord sur la question du service centric. Si Spotify préfère cet ancien modèle, Deezer est favorable à l’adoption du nouveau modèle qu’est le user centric.

Ce modèle est détaillé dans « Pourquoi parler du streaming aujourd’hui ? »