Faut-il maintenir le renard dans le statut d’espèce susceptible d’occasionner des dommages (ESOD) ? Les ESOD, faut-il préciser, forment une catégorie créée en 2016, qui remplace l’ex-catégorie des nuisibles. L’avantage de ce classement de l’espèce (établi par arrêté préfectoral pour une durée de trois ans), d’après la Fédération des chasseurs et la Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres, est de permettre l’extension de la « régulation » de la population de renards (par des battues administratives et autres techniques de piégeages) au-delà de la période de chasse, et ainsi de réduire les nuisances. Sans nier le préjudice subi par des éleveurs en proie aux attaques de renards, des associations engagées dans la défense de la faune sauvage — l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) et Deux-Sèvres nature environnement (DSNE) notamment — considèrent les dégâts surestimés et militent au contraire pour une reconnaissance du rôle sanitaire du renard, puisqu’il se nourrit de rongeurs qui ravagent les cultures et propagent la maladie de Lyme via les tiques dont ils sont porteurs et de charogne, et sa contribution dans la dispersion des graines de fruits qu’il consomme également. Vif contraste avec la réputation de vecteur de la rage qu’a longtemps endossé le renard : « la France métropolitaine est indemne de rage sauvage des carnassiers, en particulier les renards : la rage du renard a été éliminée en 2001 » peut-on lire sur le site du ministère des solidarités et de la santé. Acteur économique le renard le serait aussi : chacun d’entre eux ferait économiser annuellement à la société 2.400 euros, avançait l’écoéthologue à l’Université Paris V et ethnozoologue au Muséum d’Histoire Naturelle, Denis Richard Blackbourn, lors d’un colloque sur le renard organisé par l’ASPAS en 2017.