Depuis de nombreuses années, le déclin de la fertilité masculine inquiète. Si des alertes ont pu être lancées par la communauté scientifique et reprises par la presse, la réalité de ce phénomène fait débat. Les données disponibles sont-elles suffisantes pour démontrer une tendance structurelle et spécifiquement genrée, ou s’agit-il d’une croyance qui renvoie à d’autres inquiétudes collectives ? Au-delà de cette question, les causes possibles d’une telle évolution font encore l’objet de discussions abondantes. Les facteurs environnementaux ont focalisé une grande part de l’attention, au premier rang desquels les perturbateurs endocriniens. Ces substances présentes de façon diffuses dans notre environnement pourraient agir de multiples manières, selon les doses et les moments d’exposition — depuis l’exposition in utero jusqu’à des effets prolongés au long de la vie. La question de l’interdiction de ces perturbateurs, à l’instar du cas particulièrement médiatisé du bisphénol A, a été au cœur de débats publics qui mobilisent une production d’expertise importante, qui elle-même plonge au cœur des débats qui animent la recherche spécialisée. Mais, comme souvent quand il s’agit de l’impact sanitaire des facteurs environnementaux, ces substances sont-elles les seules en cause ? Comment leur action se combine-t-elle à celle d’autres facteurs comme l’alcool, le tabagisme, ou une hygiène de vie plus générale ? Finalement, comment agir collectivement sur ces effets ?