Introduction

 

 

 

Monsieur le professeur Sam Gratt, enseignant – chercheur au LPP (Laboratoire de Physique des Puces) du CNRS (Centre National de Recherche Savoyarde) au grand congrès annuel :

" Quand je dis " saute ", la puce fait un bond. Afin de pallier aux erreurs statistiques éventuelles, je répète cette expérience un très grand nombre de fois, j’effectue une moyenne arithmétique ; le résultat est probant. Cela étant posé, je déplace le problème en lui sectionnant les pattes. A l’ordre " saute " la puce reste immobile. J’en conclus donc, mes chers collègues, qu’une puce les pattes coupées devient sourde. "

Tonnerre d’applaudissements, la salle se lève et s’en va.

Dans les années 1920, l’astrophysique fit un énorme bond grâce au génie d’un homme, Edwin Hubble. Il comprit avant tout le monde que notre Galaxie n’était qu’une parmi des milliers dans notre Univers. Il s’aperçut de plus, que celles-ci s’éloignaient les unes par rapport aux autres, et d’autant plus vite que la distance les séparant était grande. Ces résultats venaient une nouvelle fois confirmer les prédictions de la relativité générale. Une puce sans pattes ne PEUT pas sauter. Commença alors un travail de longue haleine : cartographier ces galaxies. De même que notre système planétaire est un parmi tant d’autres dans la Voie Lactée, il fut remarqué que les galaxies se regroupaient en amas. Un mouvement d’ensemble de l’amas est donc accompagné de mouvements relatifs des galaxies au sein de ce dernier dus à l’attraction gravitationnelle engendrée par la masse présente dans l’amas.

Fritz ZwickyDès 1933, de l’observation de ces vitesses relatives l’astrophysicien suisse Fritz Zwicky en déduit que la masse visible (due aux étoiles rayonnantes) était insuffisante pour expliquer les phénomènes observés. Naquit alors l’idée de la masse manquante ou matière noire. Histoire de puces ? ou bien…

 

 

 

Débuta une course poursuite à la recherche de la matière noire. Les vitesses de rotation des étoiles et des nuages d’hydrogène, de même que pour les amas n’étaient explicables qu’en supposant la présence de matière noire à l’intérieur même des galaxies. De plus, en mesurant les irrégularités de la distribution des galaxies par rapport à une densité uniforme, on conclut que de la matière sombre devait aussi exister à des échelles bien supérieures à celle des amas. Ces résultats se virent confirmés par une autre méthode expérimentale. En effet, les irrégularités de la distribution de cette masse conduisent à un phénomène bien connu de la relativité générale : la déviation des rayons lumineux. Les galaxies apparaissent alors déformées par un effet de " lentille gravitationnelle ". Ces nouvelles observations conduisirent aux mêmes résultats. En outre, la présence d’une matière invisible doit avoir des conséquences importantes concernant l’expansion de l’Univers. Grâce aux résultats précédents on évalua le rapport densité de masse totale à la densité critique (celle pour laquelle l’expansion serait parfaitement compensée par l’attraction gravitationnelle). On évalua ce rapport à 0,3. Une autre méthode consiste à mesurer la masse totale de l’univers par l’étude de la durée de formation des amas de galaxies. En effet, plus cette durée est grande moins il y a de matière dans l’Univers (plus il y a de sable, plus il sera facile et rapide de réaliser un château de sable). Le rapport fut donné à peu près égal à 0,3. Ces nouvelles mesures confirmèrent une fois de plus les résultats précédents.

La théorie de la masse manquante, devant représenter entre 95% et 99% la masse totale de l’Univers, ressemblait de moins en moins à une théorie de puce, mais bien à un énorme pavé jeté dans la mare de la cosmologie. Mais sa nature demeurait inconnue. Plusieurs hypothèses furent avancées.

Une première idée est que cette masse manquante soit de la matière baryonique, c’est-à-dire qu’elle soit constituée de protons et de neutrons. Ces baryons peuvent former des corps de la taille des étoiles mais non lumineux appelés Machos (Massive Compact Halo Objects). Cependant, ces corps ne semblent pas suffire pour expliquer la totalité de la masse manquante. Les baryons peuvent aussi constituer un gaz massif de particules n’émettant pas de rayonnement. On pense à des nuages d’hydrogène très froid non détectables. Mais là aussi, cette hypothèse semble peu satisfaisante car pour que les baryons aient une chance d’expliquer la totalité de la masse manquante, il en faudrait dix fois plus. Ou alors on ne les a pas encore tous décelés, erreur expérimentale…?

Une autre possibilité est que la matière noire soit composée de matière non baryonique. On pense depuis peu aux neutrinos. En effet, la découverte récente d’une masse non nulle pour ces particules pourrait expliquer la masse manquante. Mais cette théorie ne semble pas en accord avec les irrégularités de matière observée. Cependant, des particules encore hypothétiques : les axions, prédites par la théorie des interactions fortes, pourraient être en accord avec ces irrégularités. Mais l’idée semblant s’imposer aujourd’hui serait que cette masse invisible soit composée de nouvelles particules assez massives, mais non encore découvertes. Baptisées Wimps, ces particules sont postulées dans les théories " supersymétriques ". Elles seraient de nouveaux partenaires des particules connues : le photino pour le photon, le gravitino pour le graviton ou encore le neutralino pour le neutrino.

  Mais, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. La mesure de la quantité de la matière sombre par deux nouvelles méthodes basées sur l’idée de déformation de l’espace-temps par la matière, aboutit à de nouvelles révélations étonnantes. La première réside dans la mesure des fluctuations du fond de rayonnement cosmique par le satellite Cobe ou les collaborations Boomerang et Maxima. Ces relevés donnèrent une nouvelle valeur du rapport masse totale sur densité critique. La valeur 0,3 était remplacée par 1. La deuxième consiste à compter les supernovae de type Ia, explosions d’étoiles. Cela permet aussi de déterminer certains paramètres géométriques de l’espace-temps.

Un nouveau bond eut lieu, toutes ces expériences aboutirent à l’idée que la matière se composait de deux composantes. L’une, extensible ou compressible comme la matière visible, les Machos ou les Wimps. Elle correspond à la valeur 0,3. L’autre, dont la densité est quasiment constante, constituerait un retour d’une vieille puce : " la constante cosmologique " d’Einstein. Sa densité rapportée à la densité critique vaudrait 0,7.

Ainsi, les mesures basées sur les irrégularités n’accède pas à cette " nouvelle matière ", contrairement à celles reposant sur les fluctuations du fond cosmique.

Ni matière, ni rayonnement cette substance encore hypothétique est appelée " quintessence ".

Enfin, pour certains la puce n’est pas sourde, c’est juste que sans pattes…

Comment expliquer que cette masse manquante n’a de manquante que le nom, et qu’elle n’est qu’une chimère de physicien ? C’est très simple, on remet en cause les lois de la gravitation de Newton, en supposant qu’elles sont modifiées au-delà d’une certaine distance. C’est l’objet d’étude de la théorie Mond (Modified Newtonian Dynamics).

Et la matière noire reste sourde aux interrogations des physiciens…

 

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