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I La boulangerie et le sel
1.Version des experts présents au colloque
de l'AFSSA
2.Version de "Filière Gourmande"
3.Version du magazine "Fruits et Légumes"
1.Version des experts présents
au colloque de l'AFSSA
Les rôles du sel en panification, avancés par les professionnels
de la boulangerie, sont les
suivants :
- il améliore les propriétés plastiques de la pâte,
augmente sa ténacité tout en préservant son
extensibilité, lui donne du corps, de la tenue ; il améliore
sa maniabilité ou sa
machinabilité, entraîne une très légère
augmentation du pourcentage d'hydratation,
- il ralentit légèrement la fermentation, mais normalise
son activité et, par ailleurs,
augmente notablement la tolérance des pâtons,
- il a un pouvoir bactériostatique (levures) : il peut jouer
un rôle de stabilisateur dans la
fermentation du levain,
- il améliore le volume et l'aspect des pains, il favorise la
coloration de la croûte,
- il améliore en général sa conservation (en atmosphère
sèche, le sel retarde le séchage du
pain et le durcissement de la croûte) mais il peut aussi la contrarier
(en atmosphère
humide, le sel favorise le ramollissement de la croûte et tend
ainsi à accélérer le
rassissement),
- il améliore la saveur du pain et permet d'obtenir une croûte
plus fine et plus croustillante,
plus agréable à la mâche.
Il apparaît que le dosage du sel dans la fabrication du pain a
évolué. L'extension du pétrissage
intensifié (qui affadit le pain) a conduit à augmenter
la dose de sel. Il atteint aujourd'hui 2,4%
du poids de la farine. Les pains à mies plus colorées
(farines bises
) subissent un pétrissagemoins intense et
ont, a priori, une teneur en sel plus faible. En France, le calcul de
la dose de sel s'effectue selon le volume d'eau de coulage. La teneur
en sel varie donc en fonction du taux d'hydratation.
L'addition de sel (au-delà de 1 %) dans le pain courant est essentiellement
à but
organoleptique plutôt que technologique (à étudier
sur les pains préemballés même s'ils sont
les moins consommés).
Plus le pain a du goût, plus la diminution de la teneur en sel
est acceptable d'un point de vue
organoleptique. Ainsi un pétrissage court et une fermentation
longue augmentent le goût du
pain. De même, un pain avec beaucoup de croûte a un goût
plus affirmé qu'un pain avec
beaucoup de mie.
En France, il n'y a pas de recommandation ni de réglementation
sur la teneur en sel du pain.
En conclusion, il apparaît qu'il n'y a pas de contrainte technologique
ou sanitaire à réduire les
teneurs en sel dans le pain mais plutôt des problèmes organoleptiques
ou d'acceptabilité par
le consommateur.
En ce qui concerne les pâtisseries / viennoiseries, le sel est
un exhausteur du goût sucré. Les
doses de sel sont faibles dans la pâtisserie alors qu'elles sont
de l'ordre de celles du pain dans
la viennoiserie. Comme pour le pain, plus le goût de la viennoiserie
est prononcé (pain aux
raisins par exemple), plus il sera facile de diminuer sa teneur en sel.
2.Version de "Filière Gourmande"
Publication Filière Gourmande, réaffirme son indépendance
à l'égard des groupes de pression politiques ou économiques
Le sel joue un rôle important dans l'élaboration et la
conservation du pain. Son dosage dans les pâtes a considérablement
évolué selon les époques et les régions.
Où en est-on aujourd'hui ? Revue de détail.
Le sel, qui aujourd'hui l'un des constituants essentiels de la pâte
destinée à la panification, a fait, très souvent,
en France, l'objet d'un usage restreint, quand il n'était pas
totalement absent.
Les consommateurs paraissaient s'accommoder du pain ainsi obtenu. Parmentier,
qui s'intéressa tout particulièrement à la panification
et y consacra, en 1778, un important ouvrage, " Le parfait boulanger
", considérait, en effet, sans nier les vertus du sel, qu'il
fallait en user modérément car, celui-ci, disait-il, tendait
à enlever au pain sa saveur naturelle. En revanche, il conseillait
vivement son emploi lorsque le boulanger devait panifier des farines
avariées ou anormales, chauffées, moisies, issues de blés
germés...
Dès la fin du XVIIIe siècle, l'impôt de la gabelle
ayant disparu, l'usage du sel, en boulangerie, devint courant.
Le sel était toutefois utilisé à faible dose. Si
l'on prend les chiffres donnés par Parmentier, son addition variait
entre 0,45 et 0,60 % du poids de la farine, soit 8 à 10 grammes
au litre d'eau de coulage.
Le dosage du sel varia longtemps, en outre, d'une région à
l'autre. Cette situation se prolongea jusqu'à 1950-1955. C'est
ainsi que le sel était modérément utilisé
- de 0,8 à 1 % du poids de la farine - dans les régions
du Nord et de l'Est, où le pain était souvent consommé
sous forme de tartines, alors que la dose employée ailleurs,
en particulier, dans la région parisienne et dans la moitié
Sud de la France, s'élevait plutôt à 1,7 %.
On pouvait encore lire dans un ouvrage de technologie publié
en 1956, Boulangerie d'aujourd'hui, une recette de pain français
avec une dose de sel de 16 g/kg de farine.
Cet état de chose ces dernières décennies : l'apparition
et la rapide extension du pétrissage intensifié ont conduit
les boulangers à compenser la diminution de la saveur naturelle
du pain provoquée par l'oxydation de la pâte par une augmentation
de la dose de sel qui est passée dans les années 1955-1960
à 2, voire 2,2 %. Cette dose est aujourd'hui largement dépassée
pour la production de pâtons surgelés dont les techniques
de fabrication (faible température de pâte, sous-hydratation
et pétrissage intensif) ne favorisent pas le développement
des arômes naturels du pain et incitent donc les industriels à
apporter une compensation par une augmentation de la dose de sel. Le
passage au pétrissage intensifié a provoqué très
rapidement une augmentation de la dose de sel d'environ 20%.
Le rôle technologique du sel dans la fabrication du pain
Dans une pâte à pain, le sel va agir sur les protéines
et créer des liaisons de type ionique, ce qui entraîne
la formation de liaisons entre les protéines et assure ainsi
une meilleure stabilité et résistance du gluten. Ces forces
de liaisons ne sont pas toutefois aussi grandes que le résultat
de l'action de l'acide ascorbique. On retrouve aussi ces propriétés
du sel sur l'amélioration de la stabilité des protéines
du blanc d'oeuf dans la fabrication des mousses.
Lors de la fabrication, le sel augmente la fermeté et l'élasticité
des pâtes, tout en préservant leur extensibilité.
Il améliore ainsi leur maniabilité et leur machinabilité.
Ce constat a été validé en laboratoire avec l'alvéographe.
La force de la pâte indiquée par le W augmente d'environ
20 % entre une pâte sans sel et une pâte salée à
1,8 %. Si l'on sale à 2,2 %, on note une nouvelle progression
de 3 %.
Le sel favorise la coloration de la croûte et nul boulanger n'ignore
que le pain sans sel est toujours plus pâle que le pain traditionnel.
Sur ce plan, il permet également d'obtenir une croûte plus
fine et plus croustillante.
Il favorise, également, un meilleur développement des
pains qui sont plus ronds et plus volumineux. Il permet d'obtenir de
même, une structure de la mie mieux alvéolée, plus
fine, plus souple, plus élastique et plus agréable à
la mâche. Il joue encore un rôle positif lors de l'emploi
éventuel de farines hyperdiastasiques, et tend à neutraliser
dans ce cas la viscosité de la mie qui, en son absence, est plus
collante.
La conservation du pain est également influencée par le
sel. Par suite de ses propriétés hygroscopiques, son action
en ce domaine peut prendre deux aspects différents : selon l'état
de l'atmosphère, elle peut être positive ou négative.
Positive par temps sec où le sel retarde le séchage du
pain et le durcissement de la croûte, favorisant ainsi sa conservation.
Négative par temps humide où il favorise le ramollissement
de la croûte et tend ainsi à accélérer le
rassissement.
3.Version du magazine "Fruits et Légumes"
Résumé des journées professionnelles CIRAD-FLHOR,
conservation et transformation des fruits : nouveaux enjeux. Texte tiré
des Echos, Jean Harzig.
Rédacteur en Chef du journal " L'Echo ", Mensuel de
la filière Fruits et Légumes
" Quant au boulanger, il va ajouter du sel en excès (2,2
%) pour panifier tranquillement aux dépens du consommateur qui
entame, à son insu, avec son pain quotidien le régime
hypersodé qui lui est imposé par l'industrie agro-alimentaire.
Du sel dans le yaourt ? Du sel dans le chocolat noir ? Oui, à
tel point que le sel, consommé en excès par nos contemporains,
devient un véritable problème de santé publique
et qu'il ruine la sécurité sociale en médicaments
contre l'hypertension aux performances peu convaincantes. "
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