Contrairement aux oiseaux sédentaires, qui restent dans le même habitat toute leur vie, les oiseaux migrateurs, qui représentent environ la moitié de toutes les espèces d’oiseau, partagent l’année entre deux endroits différents. Leurs voyages s’effectuent à des intervalles réguliers, généralement aux mêmes moment chaque année.
Les pénuries alimentaires constituent généralement la raison principale de leur départ pour des lieux plus cléments. En effet, en saison hivernale les disponibilités en insectes, en micro-mammifères, se tarissent, poussant les oiseaux à partir pour des lieux plus propices. Le froid cause une forte mortalité au sein de l'entomofaune, oblige certaines espèces de papillons à migrer eux aussi, les escargots à se protéger dans leurs coquilles. Les petits mammifères cherchent des refuges. Ce qui engendre un manque de nourriture évident. C’est ainsi que l’on peut remarquer que les périodes caractérisées par une disparition de la nourriture spécifique à un oiseau coïncide avec le départ de l’espèce. Par exemple, dans les zones à climat tempéré, la nourriture, abondante en été et au début de l’automne, a tendance à se raréfier en hiver et au printemps. C’est pourquoi les oiseaux migrateurs de ces régions partent vers le sud en fin d’automne, dans la plupart des cas. De plus la durée du jour a un effet non négligeable. En effet, plus leur durée est courte, moins les oiseaux ont de temps pour se nourrir. Ceci explique également le besoin de migrer pour certains oiseaux. Ces deux phénomènes liés jouent un rôle particulièrement aigu dans les régions de haute latitude en Europe, où les ressources diminuent de façon importante en hiver, surtout dans les forêts dont les essences principales sont les caduques.
Sur environ 600 espèces d'oiseaux terrestres qui nichent en Europe et en Asie, 40 % migrent en automne. La plupart des oiseaux migrateurs peuvent être répartis entre deux groupes : ceux dont tous les représentants quittent l'Europe en automne et ceux qui migrent à l'intérieur de l'Europe ou qui viennent y passer l'hiver. (plus d'information sur la détermination des périodes de migration)
Si la plupart des oiseaux voyagent seuls, certains migrent en troupes composées d'une ou plusieurs espèces. La migration en groupes offre plusieurs avantages, dont une protection accrue contre les prédateurs (surtout pour les oiseaux qui voyagent le jour). Et les oiseaux les plus expérimentés servent de guides aux jeunes, notamment chez les oies et les grues. Certains migrateurs voyagent de jour, d'autres de nuit. Les canards, les pipits, les étourneaux et les pinsons se rangent dans le premier groupe. Les petits échassiers, les grives, les fauvettes et les gobemouches sont des voyageurs nocturnes.
En Europe, la plupart des migrateurs traversent le continent
en automne en direction du sud-ouest. Cependant, cette règle connaît
des exceptions. Il existe des oiseaux qui nichent dans l'hémisphère
sud et qui hivernent au nord, comme par exemple le puffin majeur et le pétrel
de Wilson qui, hivernent dans l'Atlantique Nord. Le bruant mélanocéphale
migre en direction de l'est en automne.
Les espèces dont tous les individus quittent l'Europe vont presque tous
hiverner en Afrique et sont presque tous de vrais insectivores (hirondelles,
martinets, gobe-mouches, Traquet motteux) ou le sont en grande partie (fauvettes,
pouillots). Cependant le gobe-mouches nain, le pouillot boréal et le
pouillot verdâtre vont passer l'hiver en Inde ou dans le sud-est asiatique.
La plupart de ceux qui viennent hiverner en Europe occidentale sont des canards,
des oies et des limicoles venus du Grand Nord ou de l'URSS. Ils regagnent alors
la mer du Nord, la Grande-Bretagne, ou l'ouest de la France où le climat
est bien plus doux que dans le nord et le centre du continent. La recherche
des aliments y est plus aisée car le gel et la neige sont moins fréquents.
Ces oiseaux mangent surtout des herbes et autres plantes ou encore des invertébrés
des plages ou des champs. De même, de nombreux oiseaux des eaux douces
hivernent en mer et près des côtes où la glace est absente ;
il s'agit par exemple des grèbes, plongeons et de nombreux limicoles
de l'Arctique. Dans ce groupe on trouve aussi le héron cendré,
le merle noir, l'étourneau, le cygne tuberculé, le martin-pêcheur
qui sont largement sédentaires dans une grande partie de leur aire de
répartition européenne, mais qui quittent les contrées
nordiques trop froides en hiver ou dont les eaux sont prises par les glaces.
Cela explique pourquoi au sein d'une même espèce certains individus
migrent, alors que d'autres sont sédentaires.
Les oiseaux ont un sens extrêmement dévelopé de l'orientation. Les spécialises savent aujourd'hui qu'une partie des oiseux se guide par la vue, en utilisant le soleil le jour, et les étoiles la nuit. D'autre, au contraire, se dirigent grâce au champ magnétique terrestre, comme les pigeons par exemple. Certes, ces facultés sont innées, mais les oiseaux migrateurs apprennent à se retrouver grâce à l'expérience, et finissent souvent par être familiers avec les régions qu'ils survolent. De plus, ils se laissent, dans la plupart des cas, porter par les courants aériens et marins, et parfois, se guident selon les changements climatiques et suivent le passage d'autre oiseaux.
Les anecdotes à ce sujets sont fréquentes. Ainsi, en juin 1952, on capture un puffin des Anglais dans son terrier de l'île de Skokholm, au large du pays de Galles. Après l'avoir bagué, on le transporta outre-Atlantique, à Boston, où il fut relâché. Il se trouvait alors à plus de 5000 kilomètres de chez lui. Douze jours plus tard, on le retrouvait sain et sauf dans son île natale.
Chaque espèce possède sa propre stratégie. Certaines, comme les passereaux, voyagent par étapes d'environ 320 kilomètres en moyenne chacune, et font escale si le temps devient trop menaçant. De nombreux oiseaux peuvent ainsi se retrouver au même endroit en attendant une accalmie, offrant un spectacle inoubliable. D'autre part, les oiseaux ont tendance à se rassembler à certains endroits spécifiques avant de franchir un obstacles. C'est le cas de la traversée d'une mer. Ainsi, ont trouve sur certaines côte, un grand nombre d'oiseaux se préparant à effectuer une étape critique de leur migration.
D'autres espèces parcourent d'incroyables distances (jusqu'à 1500 km par jours) sans escale. C'est ainsi que l'hirondelle fait figure de championne en parcourant chaque année jusqu'à 10000 km, depuis le nord de l'Europe jusqu'en Afrique du Sud. D'autres espèce, tel le combattant varié, migre depuis la toundra à l'est de la Russie pour passer son hiver en Europe de l'ouest ou en Afrique, et parcourent des distances similaires.
Des hivers très froids peuvent décider du départ d'oiseaux,
qui normalement ne migrent pas, vers des zones de l'Atlantique au climat maritime
plus doux. Le départ de milliers d'oiseaux est la conséquence
d'une raréfaction brutale de leur nourriture. Des afflux soudains de
vanneaux, d'étourneaux, de roitelets huppés et d'alouettes peuvent
se produire, venant de n'importe quelle partie de l'Europe où la nourriture
est rendue inaccessible par le gel. Les pics épeiches scandinaves peuvent
envahir le nord de l'Europe centrale quand les graines de conifères se
font rares. Ces mouvements affectent des espèces granivores et frugivores
(becs-croisés, jaseurs), mais aussi certains rapaces. La France joue
souvent un rôle de refuge en cas de vague de froid plus nordique.
Dans le nord de l'Europe, les conifères produisent beaucoup de graines
tous les deux à quatre ans et, dans l'intervalle, il peut y avoir une
année de pénurie complète. Les becs-croisés envahissent
alors le sud et l'ouest du continent.
Le jaseur boréal fait aussi partie de ces migrateurs occasionnels. Il
revient périodiquement par cycle. Environ une fois tous les 10 ans, d'importants
effectifs de jaseurs boréals migrent d'Europe centrale et du nord pendant
l'hiver. Ces oiseaux se nourrissent habituellement de baies de sorbier, et on
les observe rarement dans notre pays. Périodiquement, les baies manquent,
aussi les jaseurs boréals s'envolent-ils à la recherche de leur
nourriture. Ces sortes de mouvements sont le fait d'espèces dépendantes
d'une source de nourriture dont la quantité peut varier fortement d'une
année sur l'autre. Par exemple, la buse pattue des toundras arctiques
capture des lemmings et autres petits rongeurs dont les populations s'effondrent
puis se reconstituent tous les 4 ans. Le soudain manque de proies pousse alors
des buses pattues jusque dans l'est et le nord de la France.
Nos oiseaux sédentaires peuvent faire mouvement vers le sud ou l'ouest
si le temps se détériore soudainement. La plupart de ces oiseaux
retournent d'où ils sont venus lorsque la vague de froid se termine.
Espèces |
MOIS |
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1 |
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Merle noir |
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Pinson du Nord |
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Scandinavie |
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Mésange bleue |
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Pinson des arbres |
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Pic Épeiche |
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Pic vert |
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Tarin des aulnes |
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Grimpereau des jardins |
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Rouge-queue à front blanc |
Afrique |
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Afrique |
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Bouvreuil pivoine |
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Serin cini |
Afrique |
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Afrique |
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Verdier d'Europe |
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Linotte mélodieuse |
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Rouge-queue noir |
Sud Europe |
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Sud Europe |
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Moineau domestique |
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Accenteur mouchet |
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Gros-bec casse noyaux |
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Sittelle torche pot |
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Mésange charbonnière |
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Hirondelle de fenêtre |
Afrique |
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Afrique |
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Fauvette à tête noire |
Afrique |
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Afrique |
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Rossignol Philomèle |
Afrique |
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Afrique |
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Hirondelle rustique |
Afrique |
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Afrique |
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Grive mauvis |
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Scandinavie |
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Rouge-gorge familier |
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Grive musicienne |
Sud Europe |
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Sud Europe |
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Étourneau sansonnet |
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Chardonneret élégant |
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Mésange noire |
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Grive litorne |
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Troglodyte mignon |
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Pouillot véloce |
Afrique |
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Afrique |
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Migrateur |
Seulement au printemps et en été. Migre dans le sud à l'automne |
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Sédentaire |
Passe toute l'année chez nous |
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Migrateur partiel |
Une partie seulement émigre dans le sud. Les autres restent toute l'année |
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Hivernant |
Arrive au cours de l'été et de l'automne de son aire de reproduction dans le grand Nord. |
Avant la migration, les oiseaux doivent accumuler des réserves d'énergie sous forme de graisse, qui leur permettront de faire face aux efforts intenses du voyage. Pour acquérir ces réserves énergétiques, les oiseaux doivent trouver des aliments en abondance mais quand les conditions sont idéales, la prise de poids est très rapide. Certains gobe-mouches noirs du nord de l'Europe s'engraissent en Espagne et au Portugal avant de traverser la Méditerranée et le Sahara. À raison de 0,25 à 0,30 g de graisse par jour, il leur faut 4 à 5 semaines pour acquérir les stocks nécessaires. Le phragmite des joncs qui pèse normalement 10 à 12 g peut doubler de poids avec la graisse, ce qui lui permet de voler pendant 115 heures au maximum. La Fauvette babillarde qui pèse généralement environ 10 g peut atteindre 18 g avant son départ en migration. Les bécasseaux sanderling et maubèche qui pèsent en moyenne respectivement 55 et 120 g peuvent eux aussi doubler leur poids avant d'entreprendre leur long voyage en direction de l'Arctique où ils nichent. Certains oiseaux de mer accumulent également des réserves de graisse avant de migrer : quand ils quittent la colonie, les jeunes puffins des Anglais pèsent bien plus que leurs parents et ceci leur permet d'effectuer une partie de la traversée vers l'Amérique du Sud.