Dans le but de créer un parc d'éolienne offshore dans la Manche au large de Dunkerque, Total et Shell ont étudié la faisabilité du projet.
Ce parc éolien serait situé entre 6 et 12 kilomètres de la côte, comprenant 4 rangées d'éoliennes parallèles au littoral et espacées d'au moins un kilomètre entre elles. Deux éoliennes d'une même rangée seraient écartées d'environs 900 mètres. Le projet vise à installer 40 mâts, ce qui permettrait d'obtenir une puissance de 120 MW avec des éoliennes « conventionnelles » de 3 MW chacune, bien que l'utilisation d'éoliennes de 5 MW soit envisagée. Les turbines seraient installées sur des mâts de 70 à 80 mètres de haut, et auraient des rotors d'environ 100 mètres de diamètre. |
Avantages et contraintes du site :
La zone d'implantation choisie pour l'instant a le grand avantage d'avoir une profondeur inférieure à 10 mètres, mais la concrétisation du projet entraînerait cependant de nombreux conflits d'usage (cf. Terre/Mer). Cette région est tout d'abord le siège de routes maritimes très fréquentées, mais il y aurait aussi de fortes conséquences sur la pêche (restriction des zones de pêche du fait de la présence des câblages sous-marin), sur l'utilisation des radars dans la zone ou encore sur l'aviation civile et militaire. Même si la perturbation des routes maritimes ne concerne que 3% de la zone d'implantation, il ne faut pas négliger le problème.
Afin d'éviter tout conflit si le projet venait à aboutir, Total et Shell souhaitent que les pêcheurs soient associés à l'élaboration du cahier des charges à chaque phase du projet (conception, construction et exploitation).
L'avis des pêcheurs :
M. Dachicourt est directement concerné par le projet en sa qualité de président du Comité Régional de Haute-Normandie. Il apprécie l'approche de Total, qui n'a pas attendu pour consulter les pêcheurs, mais il pense cependant que l'entreprise a minimisé l'importance de l'activité de pêche dans le secteur. En effet, selon lui, il ne sera plus question de laisser les bateaux de pêche travailler dans le parc qui recouvrira 50 km², et ceci pour des raisons de sécurité. Or, sur cette zone, travaillent en permanence 10 bateaux (les fileyeurs sur les bancs et les chalutiers entre les bancs), ce qui représente entre 200 et 250 tonnes de soles chaque année, sans compter les autres poissons. De plus, ces bateaux ne pourront pas aller naviguer ailleurs car la zone est déjà saturée. Rien que pour indemniser ces bateaux pendant les études sismiques, Total devra payer 130 000 € par jour. Cette somme n'est pas excessive, selon M. Dachicourt, car ce sont de petits bateaux qui ont fait cette demande, et ils n'ont demandé que 2 000 € par jour alors que leur chiffre d'affaire journalier dans la zone tourne en ce moment entre 8 000 et 10 000 €. Les pêcheurs ont proposé une autre zone d'implantation à l'entreprise, plus près des côtes et moins gênante (car dans un chenal inexploitable) pour les activités maritimes, mais elle a été refusée car les éoliennes seraient trop visibles de la plage de Dunkerque, affectant ainsi l'activité touristique.
Ce qui est le plus inquiétant pour M. Dachicourt, c'est que l'implantation d'un parc éolien risque de bouleverser l'écosystème, les routes de migration, et les bancs des Flandres vont ainsi perdre toute leur richesse. De plus, la zone choisie par Total serait située sur un couloir de migration des oiseaux.