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Alternatives

 

           De nombreux scenarii ont été évoqués et proposés quant à l'évolution future de la réglementation de la pêche au thon rouge.       

  • Les propositions de mesures les plus drastiques ont été émises par les organisations non-gouvernementales écologistes telles que Greenpeace ou le WWF.
  • Elles proposent avant tout un allongement des périodes d'interdiction de pêche au thon rouge industrielle. Ce type d'interdiction existe déjà actuellement et concerne la période de reproduction de l'espèce, entre juillet et décembre. Mais en raison des mouvements migratoires, l'essentiel des prises est actuellement réalisé sur une très courte période au printemps, c'est pourquoi ces organismes proposent d'interdire également les pêches de mai à juillet. Mais étant donné le volume estimé (de façon très approximative, il faut le rappeler) de pêche clandestine, les écologistes les plus radicaux vont jusqu'à proposer une interdiction pure et simple de la pêche au thon rouge, qui constituerait selon eux le seul moyen d'éviter son extinction.           
  • Elles proposent également, et ce depuis de nombreuses années, une réadaptation des quotas. Selon eux, le plafonnement de la quantité annuelle de pêche pour assurer la survie de l'espèce devrait se situer à 15000 tonnes par an, soit la moitié environ du quota actuel et moins d'un tiers de la quantité réelle pêchée estimée (50000 tonnes). Les arguments des écologistes et cette barre des 15.000 tonnes ont rallié les  États-Unis, le Canada, la Norvège, l'Islande, et (de façon plus singulière) le Japon, qui ont exigé son respect lors de la conférence internationale de la CICTA en novembre 2006 (Les scientifiques de cette organisation préconisaient et appuyaient également ce chiffre). Mais les pays de l'Union Européenne ont fait pression pour maintenir les quotas à une valeur deux fois supérieure et ont obtenu gain de cause, en dépit des menaces d'un effondrement brutal du stock thonier mondial.
  • Une autre mesure importante serait à leurs yeux de fixer le poids minimal de capture légal exactement au poids adulte, pour éviter que des individus ne s'étant jamais reproduits soient éliminés. Actuellement, ces valeurs sont fixées à 10 kg en Méditerranée et 6.4 kg en Atlantique Est, pour un poids adulte moyen de 30 kg.
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  • Elles aspirent également à un comportement écologique en aval de la pêche, étant insatisfaites des mesures officielles instaurées en amont, avec la mise en place d'une véritable traçabilité des ventes. Elles appellent en effet les grandes chaînes de distribution à réduire par deux les achats de thon rouge si le pavillon du bateau de pêche appartient à un Etat qui n'a pas réduit volontairement son quota de 50% (situation dans laquelle la France se trouve à l'heure actuelle). Elles ont également ciblé plus particulièrement la Lybie, qui a fait objection au plan de gestion de la CICTA dans ses eaux territoriales, alors que cette zone consitue la dernière frayère saine pour la population de thon rouge.
  • Des théories plus originales ont également été élaborées, basées sur le relâchement de toute contrainte par l'Etat, la foi en l'autorégulation par différents mécanismes socio-culturels, et notamment l'autorégulation économique. Le principe de base en est le suivant : si une raréfaction du thon se produit, alors les prix vont augmenter, et donc la demande, et par voie de conséquence la quantité de pêche, vont baisser. Cette méthode est appliquée par certains pays africains, et notamment le Congo, qui a décidé d'améliorer et d'optimiser les infrastructures de pêche existantes dans le sens d'un système économiquement réglé pour que les stocks de thon ne disparaissent pas, tout en laissant les mains libres aux pêcheurs. Pour appuyer cette mesure, le centre de recherche congolais de Pointe Noire a publié en 1993 le rapport "incidence des mécanismes socio-économiques d'autorégulation de l'effort de pêche sur la conservation des ressources halieutiques et la préservation de la diversité biologique". L'ouvrage référence étudiant ce domaine encore peu exploité est Some examples of self-regulatory mechanisms in unmanaged fisheries de J.R. McGoodwin, affilié à l'université du Colorado aux Etats-Unis. Malgré quelques propositions, les pays européens ont pour l'instant rejeté toute tentative de régulation en ce sens.

  • L'élevage et l'embouche sont communément considérés comme une menace pour les populations thonières, en ce qu'elles empêchent la reproduction des individus captifs. Toutefois, certains scientifiques réfutent cet argument et proposent un développement et une extension des élevages. Ainsi Gines Mendes, un mareyeur travaillant en collaboration avec des chercheurs espagnols pour étudier les naissances en captivité, a déclaré lors d'une réunion tenue par le WWF à Carthagène (fief des mareyeurs espagnols) en Octobre 2006,  qu'il était « persuadé que les thons se reproduisaient dans les fermes ».
  • Une piste intéressante consisterait également à remplacer ou à compléter le système de quotas par des systèmes de permis ou de licenses, directement attribuables aux navires selon des règles précises. Ce type de mesure a déjà été pris par la commission thon blanc du CNPMEM , qui a accordé en 2007 151 permis de pêche spéciaux, dont 96 à des chalutiers pélagiques. Le système serait encadré par des contrôles stricts et des amendes en cas d'infraction.
  • Les hypothétiques attributions de permis exposés au point précédent se feraient notamment en fonction de critères de conformité des navires et des techniques de pêche qui, même si elles réduiraient l'efficacité de chaque sortie en mer, seraient plus conformes d'un point de vue écologique; la mise en place et le contrôle systématique de filets de taille idoine (i.e. munis de mailles suffisamment resserrées pour ne capturer que les individus de taille adulte) et suffisamment souples pour ne pas blesser les individus destinés à l'embouche, pourraient faire partie de ces mesures.