Un périmètre de 25 mètres, avec aménagements ? Le résultat d’une étude espagnole.
Selon cette étude, la coexistence entre cultures transgéniques et cultures conventionnelles est possible, sous certaines conditions.
Suite à l'expérimentation menée en 2003, un rapport intitulé "Buenas Prácticas Agrícolas" (Bonnes pratiques agricoles) recommande divers aménagements en fonction de la surface du champs semé en variété OGM, permettant une cœxistence entre OGM et cultures conventionnelles. La première de ces recommandations est de ménager un espace de 25 mètres de large – soit 4 rangs de maïs conventionnel - autour des champs de maïs transgénique de moins de 1 hectare. Une autre recommandation est de semer 4 rangs « tampons » si le champ de maïs conventionnel voisin fait moins de 1 hectare.
Le maïs Bt :
La pyrale et la sésamie sont les principaux ravageurs du maïs. Ces papillons, dont les chenilles se nourrissent des tiges et des épis de maïs, peuvent occasionner jusqu'à 30 % de pertes sur les récoltes selon les années et les localisations. Il existe à l'état naturel dans le sol une bactérie (Bacillus Thuringiensis : Bt) sécrétant une protéine capable de lutter contre les larves de pyrale et de sésamie. Dans le maïs Bt, cette protéine est produite dans la plante. Dans le cadre du programme, les responsables scientifiques ont constaté que le maïs Bt est utile lorsque le taux de présence de ces insectes dépasse 8 larves pour dix pieds de maïs (0,8 larve par plante). En 2002, les résultats POECB avaient montré un gain de 6,4 quintaux par hectare. En 2003, compte tenu d'une faible présence des ravageurs, il n'avait pas été possible de mesurer des écarts significatifs. En 2004, comme en 2002, les résultats obtenus indiquent un gain de rendement, de l'ordre de 7 quintaux par hectare. Ciblée exclusivement sur la pyrale et la sésamie, la technologie Bt permet une protection efficace des tiges, des feuilles et des épis.
Par contre, si la superficie du champ voisin dépasse 1 hectare, la teneur globale en maïs génétiquement modifié sera inférieure à 0,9 %, et sa récolte de maïs conventionnel n'aura pas à être étiquetée « OGM ».
Ces conclusions sont le résultat d'essais de plein champ réalisés à Ivars d'Urgell (Lleida), en 2003. Du maïs Bt de la variété « Compa » a été semé sur une superficie de 50 x 50 m (0,25 hectare), à l'intérieur d'un champ de maïs de 7,5 hectares, soit l'équivalent de huit stades de football. Le reste du champ a été semé avec du maïs conventionnel de la variété « Brasco ». Les deux variétés sont totalement compatibles et elles ont été choisies pour garantir un maximum de fécondation croisée entre les deux cultures. Toutes deux ont le même cycle de vie et toutes deux fleurissent au même moment. Après la pollinisation et la fécondation, alors que les grains de maïs entamaient leur maturation, 205 échantillons de maïs ont été prélevés à 1, 2, 5 et 10 mètres de distance du « carré » de maïs Bt, sur ses 4 côtés ; d'autres échantillons ont également été prélevés ailleurs dans le champ. Chaque échantillon de grain a été broyé et analysé pour vérifier la présence éventuelle du gène Bt.
Les conclusions de cette étude :
Dans le sens des vents dominants, les analyses montrent que la présence moyenne de gène Bt dans les échantillons de maïs prélevés à 10 mètres du maïs génétiquement modifié est inférieure à 0,9 %. - Dans la direction opposée aux vents dominants, la présence moyenne de gène Bt est inférieure à 0,9 % dans les échantillons prélevés à une distance de 2 mètres du maïs génétiquement modifié. - En moyenne, la pollinisation croisée dans l'ensemble du champ est inférieure à 0,2 %. A plus de 10 mètres du maïs génétiquement modifié, aucune relation entre la direction ou la vitesse du vent et la dispersion du pollen transgénique n'a pu être établie.
À propos des essais au champ :
En juillet 2003, une équipe de chercheurs du département de génétique végétale de l'IRTA (Institut de recherche et de Technologies pour l’agriculture et l’alimentation), à Cambrils (Barcelone) a procédé à un essai au champ afin d'évaluer l'importance de la fécondation croisée et, en conséquence, du transfert des gènes entre des cultures de maïs génétiquement modifié « Bt » et des cultures de maïs conventionnel. Cet essai a été réalisé en partenariat avec l'IRTAgen et le ministère de l'Agriculture, de l'élevage et de la Pêche du gouvernement catalan. La société Syngenta, qui produit le maïs Bt utilisé dans l'essai, a également coopéré en fournissant les semences et en assurant la gestion du champ. Différents scenarii ont été étudiés, en fonction des vents dominants et des tailles de parcelles considérées. Ils apportent des réponses concrètes quant à la nécessité d'étiqueter « OGM » ou de ne pas étiqueter les récoltes des parcelles de maïs conventionnel jouxtant une parcelle semée de maïs Bt.
Les critiques de l’expérience :
Les chiffres avancées sont plus précis que l’expérience précédente, cependant, là aussi, seul le vecteur vent est pris en compte. De plus, il est avancé des arguments de « sens du vent fort » et « sens du vent faible », cependant, la force du vent dépend de l’endroit où est implanté le champ. Or il n’y a pas d’étude systématique pour l’implantation d’une culture. Les agriculteurs peuvent en effet planter leurs semences comme bon leur semble. De plus, il est dit que 205 échantillons ont été prélevés sur les dix premiers mètres mais rien n’est dit sur des distances supérieures. Comme les expérimentateurs se basent su la loi, le périmètre de sécurité serait de 25 mètres environ.