Un périmètre de 10 mètres ? Une expérience menée par des semenciers.
Cette expérience a commencé en 2002, sous le nom de Programme Opérationnel d’Evaluation des Cultures issues des Biotechnologies (POECB). Il a été commandé par l’Association Générale des Producteurs de Maïs (AGPM) ; ARVALIS - Institut du végétal, un institut spécialisé dans la recherche agricole ; le CIMAÏS, l’institut d’information du maïs ; DEBA, Débats et Echange sur les Biotechnologies ; FNPSMS, Fédération Nationale de la Production des Semences de Maïs et de Sorgho ; l’INRA, l’Institut National de la Recherche Agronomique ; l’IRTAC, l’Institut de Recherches Technologiques Agroalimentaires des Céréales et la SEPROMA, la chambre syndicale des entreprises françaises de semences de maïs.
Le Programme Opérationnel d'Evaluation des Cultures issues des Biotechnologies a été conçu pour étudier la coexistence de maïs OGM et non OGM dans des conditions naturelles contrôlées du champ au silo, puis du silo à la fabrication d'aliments pour animaux. Dans ce programme, une expérience est menée en plein champ pour trouver un périmètre de sécurité. Les résultats de trois années d'expérimentation veulent montrer que la coexistence est possible.
Le maïs Bt :
La pyrale et la sésamie sont les principaux ravageurs du maïs. Ces papillons, dont les chenilles se nourrissent des tiges et des épis de maïs, peuvent occasionner jusqu'à 30 % de pertes sur les récoltes selon les années et les localisations. Il existe à l'état naturel dans le sol une bactérie (Bacillus Thuringiensis : Bt) sécrétant une protéine capable de lutter contre les larves de pyrale et de sésamie. Dans le maïs Bt, cette protéine est produite dans la plante. En 2003, compte tenu d'une faible présence des ravageurs, il n'avait pas été possible de mesurer des écarts significatifs. En 2004, comme en 2002, les résultats obtenus indiquent un gain de rendement, de l'ordre de 7 quintaux par hectare. Ciblée exclusivement sur la pyrale et la sésamie, la technologie Bt permet une protection efficace des tiges, des feuilles et des épis.
Les flux de pollen et les fécondation croisée :
Les expérimentations menées depuis 2002 montrent que le taux de fécondation croisée entre variétés OGM et non OGM décroît rapidement avec la distance. Il se trouve que ces résultats sont cohérent avec ceux déjà obtenus entre variétés conventionnelles. Ainsi, elle montre que seuls les premiers rangs de bordure peuvent présenter un taux d'OGM supérieur à 0,9 % (seuil de présence limite autorisé en Europe). Les résultats POECB montrent qu'une parcelle conventionnelle, équivalente en surface à une parcelle OGM, et située à proximité immédiate de celle-ci, présente un taux de fécondation croisée inférieur à 0,9 %. Cela signifie que la production de cette parcelle contiguë sera bien une production conventionnelle au sens de la loi et ne nécessitera pas un étiquetage spécifique, conformément à la réglementation. Il convient de signaler que si la culture conventionnelle est de type biologique, toute contamination, ne serait-ce que de 0,1%, entraîne la perte du label biologique.
Schéma de la parcelle qui a servi à réaliser l’expérience :
Les conclusions de cette étude :
Cette étude montre que la coexistence entre des champs de maïs conventionnels et non conventionnels seraient possible. Si nous voulons résumer, il suffirait de mettre quelques rangs de maïs non OGM pour piéger la majorité du pollen. De plus, seulement quelques mètres seraient nécessaires limiter le flux de pollen.
Les critiques de l’expérience :
Les informations que le programme diffuse restent peu précises. Sur le schéma proposé, seul le vecteur de dissémination « vent » semble être pris en compte alors que les abeilles sont un moyen important de transport du pollen. De plus, il est annoncé que quelques rangées de maïs captent la majorité du pollen , mais le nombre de ces rangs n’est pas précisé. Enfin, en ce qui concerne le nombre de mètres, aucun chiffre précis n’est avancé. Il annonce que quelques mètres suffisent en s’appuyant sur la loi et son seuil de contamination de 0.9%.