Cartographie |
L'issue crawler nous a permis d'avoir une vision globale de la controverse sur internet. Il permet de la cartographier, dévoilant les différents acteurs et les liens entre eux. L'IssueCrawler (chenillard en français) permet de localiser un réseau thématique d'acteurs sur internet. Il représente ensuite ces acteurs sur une carte. Chaque point de la carte correspond à un site web, que l'on assimile ou attribue à un acteur. Puis la carte montre les acteurs qui se citent. Un point sera d'autant plus gros qu'il sera plus cité.
Les points de la carte ci-dessus sont cliquables et vous dirige vers le site en question.
Le site le plus important de cette carte est www.ipcc.ch. L'IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change; GIEC en français) a été fondé dans le but de fournir des informations pertinentes, fiables, sans parti pris, objectives aux "decision-makers" du changement climatique. Il a été créé à l'initiative de l'Organisation Mondiale de la Météorologie et de l'UNEP (Programme environnemental des Nations unies). Cet organisme est composé de gouvernements et de scientifiques. Il se retrouve donc au carrefour entre les sites gouvernementaux et les chercheurs. Cependant, l'importance de ce site sur la carte ne s'est pas retrouvé dans notre étude. Le GIEC est divisé en trois groupes de travail. Le troisième groupe de travail est notamment chargé de chercher des méthodes pour lutter contre le changement climatique. Dans un des rapports de ce groupe de travail (résumé : http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/wg3/ar4-wg3-spm-fr.pdf), le GIEC fait peu mention des méthodes de refroidissement. La seule allusion au refroidissement est l'effet de certains produits comme les aérosols ("La représentation des émissions d’aérosols et de leurs précurseurs, y compris le dioxyde de soufre, la suie et le carbone organique, qui ont un net effet de refroidissement").
Il est intéressant de regarder les extensions des sites cartographiés. Une part non négligeable est en .edu. Ceci montre que la géo-ingénérie est pour l'instant le domaine de chercheurs. Ceux-ci sont souvent implantés dans de grandes universités américaines (Standford, MIT...). De nombreux sites ont l'extension .gov. En effet, le changement climatique a souvent pris une dimension politique, avec l'instauration de mesures. Les gouvernements prennent appui sur les résultats des chercheurs. Il n'est donc pas étonnant de voir des sites gouvernementaux pointer des sites de chercheurs.
Enfin, on trouve quelques blogs. Les méthodes de refroidissement la planète n'ont quasiment pas fait leur apparition dans le débat public pour le moment : sur la carte, les médias ne sont pas représentés et les sites web qui laissent circuler la parole de non spécialistes demeurent extrêmement rares.
Cette carte donne un bon aperçu de la controverse sur internet. Il y a peu de chose dans le débat public. Pour l'instant, le refroidissement de la planète est le domaine "réservé" des spécialistes. Nous avons donc tourné notre effort vers des forums internes à la science. Le Web of Science permet de voir les publications des scientifiques sur ce domaine. L'étude scientométrique a permis de mieux cartographier la controverse.
Scientométrie (késako?)Sur le Web of Science nous avons trouvé de nombreux articles des défendeurs et des détracteurs de la géoingénierie.
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Nous voyons sur cette carte plusieurs "noeuds" d'auteurs.
A l'intérieur même du cercle correspondant à la géoingénierie en général, on trouve deux autres méthodes importantes (souvent les points correspondant à ces scientifiques sont sous les autres, montrant la proximité entre eux) :
Ces deux méthodes, bien que visibles sur la carte, le sont moins que le plancton. Or les recherches sur internet ont montré qu'elles avaient tout de même beaucoup de crédit, voire même autant que le plancton. Par contre certaines méthodes qui ont été cartographiées de manière discrète ont vu leur moindre crédit confirmé par nos recherches :
En conclusion, nous voyons ici plusieurs scientifiques qui se sont posés la question du refroidissement de la planète. Certains se sont spécialisés sur une méthode. A l'aide de modèles, ils ont essayé d'étudier si une méthode en particulier fonctionnerait. D'autres se posent la question en général de la géoingénierie : faut-il refroidir la planète ? (par exemple Lawrence a écrit The geoengineering dilemma: To speak or not to speak ?). Certains scientifiques sont à la frontière comme le montre le titre de l'article de Schneider SH : Geoengineering: Could or should we do it ?.
La scientométrie nous a permis dans un premier temps de situer la controverse et de trouver les méthodes qui avaient le plus de crédits. Les diverses recherches des journalistes ont globalement confirmé les résultats obtenus par la scientométrie.
La scientométrie a permis de voir que notre étude ne portait pas sur une controverse, mais sur plusieurs controverses, à différents niveaux : de la généralité de la géoingénierie à une controverse portant sur une méthode en particulier, les deux étant souvent très liées (ce qui peut être lié au fait que refroidir la planète est un champ d'investigation relativement récent).
L'issue crawler et la scientométrie donnent des résultats assez différents. L'issue crawler ne faisait pas par exemple apparaître l'importance de chaque méthode sur internet. Cependant, il a eu un rôle non négligeable : la majorité des liens cartographiés étaient de nature scientifique. Il nous a donc incités à étudier notre controverse dans les arènes scientifiques, au sein desquelles l'analyse scientométrique s'est révélée très pertinente et adaptée.
La géo-ingéniérie est-elle une discipline constituée en tant que telle ?
Beaucoup d'universités ont un département de géo-ingénérie (Berkeley : GeoEngineering, civil and environmental engineering; School of Engineering, University of Durham...). Mais il y a là un contre-sens facile : en anglais la géo-ingénérie regroupe la géophysique, la géologie, la résistance des roches, les questions environnementales, la recherche pétrolière, ... !
Les études de scientométrie ne font apparaître la géoingénierie (dans le sens refroidir la planète) comme une discipline en tant que telle. En effet, le Web of Science a établi une liste des domaines de la Science (chimie, énergie, microbiologie, astronomie, ...). D'une part la géoingénierie ne fait pas partie de cette liste. D'autre part, pour chaque article, le Web of Science marque les domaines qu'ils recouvrent. Les articles étudiés pour la scientométrie ne rentrent donc pas dans un domaine "geoengineering" mais recouvrent de nombreux domaines : géochimie, geoscience, chimie, sciences environnementales, océanographie, biophysique, biologie...
Nous observons ci-dessous le réseau de ce que l’on appelle en scientométrie les citations de revue à revue. Nous retrouvons les noms des revues dans lesquelles apparaissent les références citées en fonction des articles (n1, n2, ...) qui citent ces références. Cette carte nous permet de mieux préciser les thématiques de recherche sous-tendant les articles que nous avons sélectionnés sur le Web Of Science. Les revues se lient les unes aux autres en traduisant une complémentarité des contenus.
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On peut voir par le nombre de revues et des différents domaines qu'elles traitent, que la géoingénierie recoupe de nombreuses disciplines. On voit par exemple sur la "couronne" extérieure de la carte des revues d'astronomie, de problèmes climatiques, de volcans, de technologies du futur,... Plus on se rapproche de l'intérieur, plus les disciplines concernées sont la géoscience, la géophysique,... Le fait que le réseau soit très tissé (de nombreuses lignes se recoupent) montre bien que la géoingénierie ne s'est pas encore distinguée comme une discipline en tant que telle : des chercheurs spécialisés dans des disciplines très variées se sont penchés sur ce problème.
BrevetsQuelques brevets de méthodes de refroidissement de la planète ont été déposés. Certains points confirment ce que nous avons vu lors de cette étude. Les brevets ont été déposés très récemment (début 2008 pour la plupart). Ceci prouve que la géoingénierie n'en est qu'à ses débuts.
Par contre un point surprenant est que ces brevets sont d'origine chinoise ou japonaise. Or nous n'avons jusqu'alors trouvé aucune activité de géoingénierie dans ces pays. Certaines des méthodes sont complètement nouvelles, d'autres rejoignent celles déjà étudiées.
La méthode consiste à installer divers appareils sur les toits d'immeubles. Certains des appareils serviraient à gérer les flux d'air, d'autres à nettoyer l'air et enfin d'autres à refroidir l'air. Le tout serait contrôlé par des ordinateurs, qui en récupérant des informations de différents capteurs (niveau de pollution, flux d'air, contenance de certains gaz) allumeraient ou éteindraient les appareils.
(lien http://www.wipo.int/pctdb/en/wo.jsp?WO=2008049152&IA=WO2008049152&DISPLAY=DESC)
A l'aide d'une réaction nucléaire, de l'eau est chauffée. Une fois transformée en vapeur, elle est ejectée vers le ciel. Un nuage se forme : il bloque les rayons du soleil et refroidit la température à la surface de la Terre.
L'appareil a été entièrement étudiée et dessinée.
photo de l'appareil :
http://www.wipo.int/pctdb/images/PCT-IMAGES/02052008/JP2007070726_02052008_gz_en.x4-b.jpg
(lien : http://www.wipo.int/pctdb/en/wo.jsp?WO=2008050799&IA=WO2008050799&DISPLAY=STATUS)
La méthode consiste à créer un puits dans le désert. Ce puits serait ensuite alimenté en eau de mer par un tuyau qui relierait la côte au désert. Le but est de créer une mer atificiel dans le désert. L'évaporation de cette eau de mer réduirait la température.
(lien : http://v3.espacenet.com/textdoc?DB=EPODOC&IDX=CN101084727&F=0&QPN=CN101084727)