Evaluation du risque tritium par les scientifiques (2/2)
2. Rejet en cas d'accident de fusion : conséquences
Le CEPN (centre d’étude sur l’évaluation de la protection dans le domaine nucléaire) a réalisé, à la demande du CEA, une évaluation des conséquences radiologiques et économiques liées aux rejets radioactifs dans l'environnement suite à un accident. Il a été considéré pour cette étude un accident "hors dimensionnement" conduisant à un relâchement de l'ordre de quelques dizaines de grammes de tritium pendant une durée de 60 heures. La probabilité d'occurrence d'un tel scénario devrait être bien inférieure à 10-7 par année.réacteur. La localisation retenue pour le calcul des coûts externes a été le site de Lauffen dans le sud-ouest de l'Allemagne.
1) Les conséquences radiologiques
Les rejets en cas d'accident étant limités, les niveaux d'exposition individuels (1 ou 2 mSv) estimés sont largement inférieurs aux niveaux d'intervention d'évacuation ou de confinement des populations (5 mSv pour l’OMS et 10 mSv pour l’AIEA). Même si les niveaux d’intervention n’imposent pas de relogement des populations, le Cepn a estimé la dose collective pour pouvoir déterminer les coûts externes associés à cet accident.
L'homme-sievert
est l'unité qui sert à mesurer la totalité des
doses de rayonnement reçues par un groupe de personnes
(travailleurs ou population). C'est ce qu'on appelle la dose
collective. Ainsi le nombre d'hommes-sieverts pour une population
donnée permet d'évaluer les conséquences
biologiques d'un accident.
Par
exemple, un homee-Sievert correspond à : une
personne exposée à 1 Sv, ou 10
personnes exposées chacune à 0,1 Sv, ou encore 1000
personnes exposées chacune à 0,001 Sv (soit 1 mSv).
Dans le cas de l'accident imaginé, la dose collective cumulée sur 50 ans a été estimée à 60 hommes-Sv pour la population se trouvant dans un rayon de 100 km autour de l'installation, ce qui correspond à une dose individuelle cumulée sur 50 ans de l’ordre d’1 µSv.
2) Les restrictions sur les produits agricoles
Pour évaluer les conséquences des restrictions plus ou moins importantes impliquées par un rejet de tritium, il est nécessaire de déterminer un niveau d’intervention pour le tritium (car il n’en existe pas dans la réglementation actuelle). Ce niveau a été défini selon les principes proposés par l’AIEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique). Il a ensuite été calculé les concentrations prévues dans les zones agricoles après l’accident, ceci a confirmé que seul la concentration en tritium pouvait dépasser le niveau d’intervention, tandis que les autres radionucléides (54Mn, 55Fe et 60Co) ne devraient pas produire à des expositions radiologiques significatives.
Les restrictions concernant les produits agricoles ne devraient finalement concerner qu’une petite surface de l’ordre de 300 km2 et ce pendant moins d’une semaine et seulement pour quelques produits (lait et viande de boeuf essentiellement). Dans la région choisie pour l’étude, ceci concernerait au maximum 800 000 litres de lait et 24 tonnes de viande de bœuf.
Ces conclusions doivent évidemment être considérées avec prudence, mais elles indiquent tout de même que pour ce type de réacteurs de fusion les rejets de radionucléides sont très limités.
3) Les conséquences économiques
Pour évaluer les conséquences économiques, il est nécessaire de prendre en compte les coûts liés aux effets sanitaires, les coûts liés aux restrictions des produits agricoles et les coûts indirects induits par l'accident sur l'ensemble de l'économie.
Les coûts indirects sont loin d’être négligeables car l'ensemble de l'économie de la région, voire du pays, peut être perturbée par un accident. Cependant il semble que dans le cas d'un accident d'un réacteur de fusion, les perturbations devraient être très limitées. Il a ainsi été estimé que les coûts indirects devraient représenter à peine 5% des coûts directs.
A partir des hypothèses adoptées dans l'étude européenne ExternE pour les indicateurs économiques, l’étude du CEPN a calculé que les coûts externes liés à un accident pour un réacteur de fusion s'élèveraient à environ 45 millions d’euros.
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