Cartographie des acteurs

La cartographie des acteurs nous permet de comprendre où se joue la controverse en France, et quels en sont les enjeux.

En premier lieu, cette carte réalisée par Issue Crawler nous permet de mesurer la portée de notre controverse : sont présents et cités des sites essentiellement gouvernementaux, d’organisations mondiales (telles que l’IPCC : Intergovernmental Panel On Climate Change, en français GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), de centres de recherche (CNRS, INRA), c’est-à-dire des organisations qui ont un lieu plus ou moins étroit avec le domaine de l’énergie et le problème du changement climatique.

Nous pouvons ainsi noter le rôle du GIEC, groupe d’experts internationaux qui se rassemblent pour produire des rapports d’études concernant le changement climatique et les différentes méthodes possibles à mettre en œuvre pour lutter contre ce phénomène. Les agences gouvernementales, intergouvernementales et non gouvernementales font quasiment toutes appel à ce groupe d’experts.

Le site de M. Jancovici (www.manicore.com) est également au centre de cette carte, ce qui lui confère un rôle central. Ce n’est pas un scientifique rattaché à un groupe d’experts en particulier.

Nous remarquons l’importance des sites gouvernementaux, illustrant bien que la sphère politique s’est emparée de cette controverse (avec par exemple l’importance du Ministère de l’Agriculture s’explique certainement par le fait que l’agriculture sera un secteur très touché par la mise en place d’une taxe carbone).

Bien que cette cartographie nous révèle de précieuses informations, elle ne nous informe que sur la partie publique de la controverse. Une question se pose maintenant : existe-t-il une véritable controverse au sein des groupes d’experts scientifiques et économistes sur la question de la taxe carbone ?

Pour répondre à cette question, un autre outil est utilisable : une cartographie des acteurs au moyen du web of Science. La carte ci-dessous nous donne les relations entre les différents acteurs scientifiques de notre controverse : Messieurs Criqui, Jancovici, Hourcade (CIRED).

Notons que M. Jancovici n’est pas cité par d’autres acteurs (ce qui justifie bien son statut d’ingénieur indépendant, plutôt présent médiatiquement qu’au niveau de travaux de recherche sur l’économie de l’environnement), mais que Messieurs Hourcade et Criqui, tous deux directeurs de recherche au CNRS, sont au centre, de même que le GIEC – dont Monsieur Hourcade fait partie – (ou IPCC) était au centre de la carte Issue Crawler. Ainsi, le CIRED au même titre que le GIEC précédemment évoqué, est très souvent sollicité pour évaluer l’efficacité économique de différentes politiques fiscales environnementales.

Remarquons également la présence de beaucoup de scientifiques non « rencontrés » pourtant au cours de nos recherches : cela semble normal, dans la mesure où le CIRED est un centre international, et que, par conséquent, la réflexion ne porte pas juste sur une politique fiscale française, mais également à des échelles européennes et internationales.

Il ne semble pas y avoir de controverse à proprement parler, dans le milieu scientifique. En effet, tous les scientifiques qui sont présents sur cette carte sont d’accord entre eux.

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène : tout d’abord, les scientifiques débattent de leurs théories au sein de groupe de scientifiques tels que le GIEC ou le CIRED et les débats internes ne sont pas accessibles du grand public. Ainsi, ils se mettent d’accord et trouvent des compromis pour publier leurs rapports, rapports qui seront ensuite utilisés comme bases par les citoyens, les hommes politiques, les associations de défense des consommateurs…

Deuxième explication : les scientifiques ne raisonnent pas sur le même plan que les hommes politiques et français moyens. En effet, les scientifiques sont tous d’accord pour appliquer une taxe carbone, mais leurs avis divergent dans les modalités d’application.

En résumé, les cartographies réalisées nous permettent de situer les différents acteurs et de caractériser la controverse en voyant qu’elle n’a pas lieu de la même manière dans un domaine « publique » ou au sein des scientifiques.