La question de l’intervention sur les gènes des embryons et la liberté de choix

Pour de nombreux bioconservateurs, modifier sciemment le génome d’un embryon est une atteinte grave à la liberté de choix qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la vie de l’enfant à naître.

Acteur : Hans Jonas 
Thèse : Hans Jonas n’as pas répondu directement à la philosophie transhumaniste puisqu’il est mort en 1993, mais certains de ces écrits sont cités par les transhumanistes comme des thèses qu’il leur faut réfuter. Ainsi Hans Jonas, sur un plan plus général que celui de la modification des génomes, met en garde contre les choix que nous pouvons faire face aux nouvelles technologies. En effet, selon lui, les choix que nous faisons aujourd’hui sont pour ceux qui nous suivront. « La face cachée du pouvoir d’aujourd’hui ce sont les futures chaînes de ceux qui nous survivront ». (7)

Acteur : Nick Bostrom 
Contre argument : Pour Nick Bostrom, la réponse est simple, les posthumains auront bien assez de capacités pour contrecarrer nos desseins s’ils le veulent. Choisissons aujourd’hui d’adopter les technologies de modification de la biologie humaine, ils pourront demain revenir sur ce choix.

Acteur : Bill McKibben 
Thèse : Pour Bill McKibben, un des dangers majeurs de l’amélioration biologique des êtres humains est une perte de notre liberté de choix et notre sentiment d’identité. En effet, une grande partie de ces modifications pourrait se faire sur le génome au stade embryonnaire. Ce faisant, les parents seront ceux qui choisiront d’utiliser la technologie pour leur enfant, et non l’enfant lui-même. L’enfant n’a pas donné son consentement pour que l’on modifie son génome. De ce fait, il pert sa liberté de choix et risque de ne plus retrouver son identité.
« Qu’auras tu fais à ton nouveau-né quand tu auras installé dans le noyau de chacune de ses milliards de cellules un code qui produira des protéines faites pour la changer ? Tu lui aura volé son ultime chance de donner du sens à sa vie. Imaginons que ta fille se trouve, à l’age de seize ans, incroyablement heureuse. Est-ce elle qui est heureuse (car elle vient de trouver peut-être le premier garçon qu’elle aimera) ou est-ce le produit industriel inséré en elle quand elle n’était qu’un petit amas de cellules, un chromosome artificiel, qui a pour conséquence que son corps produit plus de sérotonine ? Et ne pense pas qu’elle ne se posera pas la question : à seize ans une âme sensible interroge tout. Mais peut-être as-tu « augmenté son intelligence », et c’est la raison pour laquelle elle se pose tant de questions. Elle ne sera même pas sure que ces questions sont les siennes. »(1)

Acteurs : Nick Bostrom, Ronald Bailey 
Contre argument : Les transhumanistes ont du mal à concevoir comment cela peut réduire la liberté de choix des enfants génétiquement modifiés : si ceux-ci ont de plus grandes capacités, alors ils ont de plus nombreuses possibilités et une liberté de choix plus grande. Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’un parent choisit de modifier le génome de son enfant que cela aura quelque conséquence psychologique que ce soit. De toute manière, le génome d’un enfant est déterminé et il ne peut le choisir. Ronald Bailey rappelle qu’aucun de nous n’a donné son accord pour venir au monde. Nick Bostrom prend également l’exemple d’une femme enceinte qui écouterait Mozart. L’enfant, en grandissant, devient un virtuose de la musique. Quelqu’un aurait-il l’idée d’aller reprocher à sa mère de l’avoir déterminé à devenir un virtuose ?