L'état posthumain est une déshumanisation

En devenant posthumain, l’homme pourrait perdre son humanité.

Acteur : Francis Fukuyama 
Thèse: « Nos qualités sont intimement liées à nos défauts : si nous n’étions pas violent et agressif, nous se serions pas capable de nous défendre, si nous n’étions pas exclusifs, nous ne serions pas loyal à nos proches, si nous nous ressentions pas la jalousie, nous ne connaîtrions pas l’amour » (2)
En essayant de devenir posthumains, nous perdrions donc ce qu’il y a de bon en nous alors même que nous essayons d’en exorciser le mal.

Acteur : Ronald Bailey 
En réponse à l’article publié par Fukuyama dans Foreign Policy, Ronald Bailey publie un article dans Reason.
Contre argument : Ronald Bailey prend l’exemple de la dépression pour montrer qu’en enlevant ce qui nous fait souffrir, on ne pert pas son humanité pour autant. Lorsqu’un dépressif prend du Prozac, il aura tendance à avoir l’impression de se retrouver, de retrouver son humanité plutôt que de la perdre. De la même manière, si nous étions amenés un jour à trouver un gène pour la dépression suicidaire, le désactiver ne rendrait en rien le patient inhumain. (3)

Acteur : Léon Kass 
Thèse : Selon Léon Kass, qui s’est attaché de près à l’étude de la bible, et notamment de la genèse, nous nous devons d’apprécier et de respecter le don qu’est notre nature propre. (4) En essayant de devenir plus que des hommes, nous pourrions nous retrouver au niveau d’humanité d’un cafard.

Acteur : Nick Bostrom 
Contre argument : Pour Nick Bostrom, fondateur de l’Association Transhumaniste Mondiale, la nature est une bien mauvaise mère qui ne nous a pas donné que des choses louables. Au nom de tous les transhumanistes, il refuse la nature humaine telle qu’elle est aujourd’hui avec ses maladies, ses meurtres, ses génocides, son racisme et estime que l’homme a la légitimité de se transformer « en adéquation avec les valeurs humaines et les aspirations personnelles ».
Par ailleurs, Nick Bostrom invite à regarder un peu en arrière, nous pouvons alors constater que nous sommes radicalement différents de nos ancêtres préhistoriques. « Dans les yeux d’un chasseur-cueilleur, nous sommes déjà des « posthumains » ». Et pourtant, nous n’avons rien perdu de notre humanité.

Acteur : Léon Kass 
Thèse : Léon Kass fait appel à la littérature pour justifier ces craintes de voir émerger un monde posthumain : « Lisez le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, lisez l’abolition de l’homme de C.S.Lewis, Lisez Nietzsche, et enfin lisez les journaux.(…) A l’apogée de son triomphe, l’homme de Prométhée deviendra une vache bienheureuse. »(5)
Faire référence au meilleur des mondes est une pratique courante chez les bio conservateurs pour expliquer que les posthumains risquent d’avoir perdu toute capacité de pensée créatrice.

Acteur : Nick Bostrom 
Contre argument : à cette invocation d’Aldous Huxley, Nick Bostrom réplique que le meilleur des mondes est avant tout un livre qui raconte la domination d’une société non pas par la technologie mais par quelques technocrates. Il s’agit plus de l’histoire d’une dictature que de l’humanité qui a accepté la technologie. En fait cette société est même l’exact opposé de celle que veux atteindre le transhumanisme, puisque dans le meilleur des mondes, les hommes n’ont aucun choix sur les technologies qui leurs sont appliqués, alors que le choix individuel de l’utilisation ou non de telle ou telle technologie est au centre de la philosophie transhumaniste. Et pour éviter que les technologies de modification de notre condition biologique ne fassent tourner notre société en un cauchemar comme celui d’Aldous Huxley, il est essentiel de faire la promotion et de préserver cette individualité du choix.