Résumé de l'article
Actuellement, la quasi-totalité des stades français sont publics. Ils appartiennent à des collectivités qui les louent ou les prêtent à des clubs privés.
Stade et propriété en France
Actuellement, la quasi-totalité des stades français sont publics. Ils appartiennent à des collectivités qui les louent ou les prêtent à des clubs privés. Cela fait du modèle français une exception parmi les autres grandes nations européennes du football que sont l'Allemagne, le Royaume-Uni ou l'Espagne, dans lesquelles les stades sont essentiellement possédés par les clubs. Le fait, pour un club, de ne pas posséder son propre stade pose un problème de fond : l'absence de maîtrise de l'équipement. En effet, l'entretien, les éventuelles rénovations et agrandissements de l'infrastructure sont à la charge des localités. Il est cependant difficile politiquement et socialement de demander aux contribuables d'une ville de payer la rénovation d'une pelouse sur laquelle jouent des joueurs millionnaires comme c'est le cas dans les grands clubs - les joueurs gagnent en moyenne 100 000 euros par mois au PSG, 120 000 euros à l'OM,... En découle un inévitable manque de dynamisme dans l'investissement, les décisions et l'innovation, qu'il faut ajouter à un manque de flexibilité de l'exploitation du stade. Le parc des stades français a ainsi peu à peu " décroché " par rapport aux stades anglais ou allemands. Cependant, le statut des stades est en train de changer en France, et évolue vers le modèle des stades anglo-saxons. Dans une optique générale d'améliorer la compétitivité du sport français et de recoller aux autres nations en termes d'équipement sportif, la construction de stades à initiative privée est depuis peu vivement encouragée. De ce fait, une grande partie des projets de stades en cours d'étude ou de réalisation reposent sur des fonds privés : c'est notamment le cas des projets du Grand Stade de Lille, de l'Eurostadium de Strasbourg, du Stade Racing Métro 92 en Ile-de-France ou encore d'OL Land à Lyon. Le statut du stade dans la société : un objet d'intérêt public ?
Le stade doit-il être considéré comme une enceinte sportive privée, un espace commercial, un lieu de vie ? Si elle paraît anodine, cette question est la source de nombreux conflits et présente de grands enjeux. Les fonctions du " stade " dans la ville ont largement évoluées durant ces dernières décennies. D'une enceinte quasi-exclusivement dédiée aux entraînements et rencontres sportives, le stade évolue en ce début de siècle vers un complexe aux activités toujours plus nombreuses et diversifiées. C'est ainsi qu'on appelle " stade de 5e génération " une enceinte construite à partir des années 2000 et placée sous le signe de la "multifonctionnalité": lieu de spectacle sportif, le stade moderne est également un lieu de vie et de consommation. De ce fait, il occupe à l'échelle locale une place grandissante et de plus en plus transverse. En France, un débat autour du " statut officiel " du stade enflamme la scène de la politique du sport en ce contexte de rénovation du parc des stades français. Une notion en particulier constitue le noeud de la discussion : celle d'objet " d'intérêt public " ou " d'intérêt général ". Une institution peut être éligible à cette qualification dès lors que, de par ses activités, elle engendre des retombées sociales positives au sein de la localité dont elle fait partie. Se pose donc en premier lieu le statut du sport professionnel local. Celui-ci doit être reconnu comme générateur de communication et de renommée pour la localité. Il doit attirer, directement ou indirectement, des emplois ainsi qu'entraîner un afflux de population avec des logements et des commerces dans les alentours. Ecoutez Michel Desbordes, membre de la Commission Grands Stades et professeur en marketing du sport : L'équipement en lui-même, dans notre cas l'enceinte du stade, doit également être le siège d'évènements à caractère social et avoir en cela un ancrage social local fort. Le Stade de France à Saint-Denis est une bonne illustration de ce dernier point : Il est important de souligner que la qualification " d'intérêt public " n'a aucun lien avec le caractère privé ou public du propriétaire de l'équipement. Etre qualifié " d'intérêt public " n'est pas qu'une histoire de reconnaissance ou de légitimé : derrière cette dénomination se cachent les grands enjeux économiques qui nous intéressent ici, à savoir en ce qui concerne le financement des accès au stade. En effet, c'est précisément lorsque le projet privé en question est reconnu comme étant d'intérêt public que des subventions publiques sont susceptibles de lui être accordé. Le fait de placer un stade privé, dont le but premier est indéniablement lucratif, sous le signe de l'utilité publique ne va pas de soi, et de nombreux acteurs s'y opposent. Les récents remous législatifs sur le sujet illustrent ces tensions.
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