Prévalence du trouble chez les enfants
Commençons par deux chiffres-clés, issus du
DSM-IV : le taux de prévalence du TDAH est semblable dans différentes cultures et pays. Il concerne
entre 3 et 7% des enfants. Jusqu’à
60% des enfants atteints de TDAH continuent de présenter des symptômes significatifs à l’âge adulte.
Bien sûr, ces chiffres n’ont rien de systématiques puisqu’ils se basent sur un diagnostic, c’est à dire un test clinique. Comme tout résultat fondé sur l’humain, aucune prédiction sûre n’est possible. L’
ICD-10, équivalent international du
DSM, estime ce chiffre à 5%.
Pour en avoir le coeur net, nous nous sommes référés à l’article
[12The worldwide prevalence of ADHD : a Systematic Review and metaregression analysis
de Biederman
in Trends of Neuroscience
(2007)] «
The worlwide prevalence of ADHD» paru dans l’American Journal of Psychiatry en 2007. Ses auteurs ont parcouru les bases de données de
MedLine et PsycINFO et ont rassemblé toutes les résultats publiés dans le monde entier entre 1978 et 2005. Ils ont donc passé au crible 9105 abstracts, 303 articles complets, soient en tout 102 études ayant impliqué plus de 171500 patients.
I. Des différences toujours impressionantes
Les résultats ont toujours suscité la polémique :
aucun chercheur, aucune classification n’ont avancé des résultats similaires. De 1% à 13%, l’écart est considérable.
Que font alors les organismes de santé publique dans ce cas là ?
Certains cherchent des arguments recevables (comme
l’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry qui accuse des différences de méthodologies), d’autres utilisent la langue de bois.
En effet, les deux grandes institutions que sont la
NIMH et
l’AMA appellent à poursuivre les recherches sur le sujet - pourtant menées depuis plus d’un siècle.
Étant donné qu’un seul pourcent peut représenter des
centaines de milliers d’enfants, il est très perturbant de savoir que les diagnostics sont incertains et peuvent conduire à tort des enfants à des traitements médicamenteux inadaptés.
II. Les résultats de l’enquête
Les auteurs ont été extrêmement rigoureux et transparents dans la manière dont ils ont récupéré les données. Leurs conclusions sont rassemblées sur le graphique suivant :
Une
moyenne mondiale n’a que très peu d’intérêt puisqu’elle ne met pas en relief les facteurs sociaux ou géographiques, mais peut tout de même être calculée. Les auteurs ont ainsi abouti au résultat suivant
[13The epidemiology of attention-deficit/hyperactivity disorder (ADHD) : a public health view
de Rowland
(2002)] :
Prévalence mondiale du TDAH : 5,29%
Nous avons été aussi amené à douter de la
pertinence de la méthodologie de l’article : les études analysées s’étalent sur une période de plus de 25 ans, où les diagnostics officiels donnés par le
DSM et
l’ICD ont souvent divergé.
Ajoutons à cela que, même si aujourd’hui ces deux diagnostics se basent presque totalement sur les mêmes symptômes dans le cas du TDAH, ils recommandent pourtant deux façons bien différentes d’établir le diagnostic final.
Nous avons trouvé donc plus intéressant de se focaliser sur les résultats de la prévalence du TDAH sur une zone géographique plus restreinte.
Voici par exemple les résultats d’une étude plus précise sur la prévalence dans les différents des États-Unis. Celle-ci est tirée d’une étude gouvernementale menée par le
CDC (Center for Diseases Control). Cette carte est intéressante du seul fait qu’elle nous permet de voir comment les modes de vie et plus largement la société peuvent influer sur la prévalence du TDAH, comme nous allons le voir à présent.
III. Une population est-elle plus visée qu’un autre ?
Cette question fait partie intégrante de la controverse : des populations d’enfants particulières sont-elles plus touchées par le trouble que la moyenne ? La société est-elle est un facteur réel du trouble ?
Deux constats historiques...
Dès 1902 où le premier
article fondateur de George Still fut publié et jusqu’à aujourd’hui encore, une constante historique apparaît être l’échec scolaire.
Plus qu’une cause, c’est surtout une
conséquence du TDAH : celui-ci entraîne un rejet de l’enfant à l’école puisqu’il est incapable de se tenir correctement, d’écouter ou de faire ses devoirs.
Le deuxième constat est que le trouble est
diagnostiqué en majorité chez les garçons. Voici le détail du rapport de la CDC
[14Rapport officiel américain sur la prévalence par le CDC : Mental Health in the United States: Prevalence of Diagnosis and Medication Treatment for Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder
] qui a mené à la carte précédente, et qui différencie cette fois-ci les garçons des filles.
Données récupérées
Indiscutablement, tout le monde s’accorde à dire qu’un enfant TDAH
non diagnostiqué et
non correctement traité est beaucoup plus
vulnérable à un certains nombres de risques : chômage, drogue, pauvreté...
... mais difficile de se prononcer plus !
Effectivement, si l’on sait que le TDAH touche toutes les cultures du monde, il est difficile de s’avancer plus étant donné que le trouble est hautement multifactoriel et que ses origines ne sont pas aujourd’hui parfaitement connues.
Nous voulions quand même faire référence à un débat ayant eu lieu au début du XXe siècle, qui montre qu’il
nous est impossible de trancher précisément. Il faut savoir que les théories darwinistes se sont grandement intéressées au sujet.
Voici ce qu’écrivait Georges Still en 1902 :
« Such neurological defects [come from] a severe lack of reserve and a persistent shamelessness and immodesty. »
« It shows a special liability to failure in development : this is quite in accordance with the phenomenon of evolution. »
Selon lui, la majorité de ces enfants proviennent des classes les plus pauvres ; ce que conteste vivement
Tredgold vingt ans plus tard.
Celui-ci associe le trouble à un dysfonctionnement neurologique, pouvant se retrouver dans n’importe quelle classe de la population.
En conclusion, notre groupe recommande la plus
grande prudence en ce qui concerne
l’épidémiologie du TDAH.
Mais nous restons intimement convaincus que les études épidémiologiques jouent
une part importante dans la compréhension du trouble. À ce titre, les études de grande envergure doivent être reprises et des fonds doivent être débloqués pour pouvoir les mener dans toute la rigueur que celles-ci nécessitent.
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