Tous les scientifiques s’accordent à dire que le déclin des abeilles est d’origine multifactorielle. Ceci rend la controverse encore plus complexe puisqu’elle fait intervenir de nombreuses autres disciplines autres que la toxicologie et l’entomologie.

La multifactorialité est donc un nœud important de la controverse car de nombreux acteurs sont en désaccord sur l’importance de tel ou tel facteur. Le point controversé ne concerne plus uniquement abeilles et neurotoxiques systémiques : c’est une autre dimension du débat.

Les textes qui suivent présentent les ennemis de l’abeille mis en cause (à tort ou à raison) dans le déclin des abeilles.



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• Le varroa destructor

Il s’agit d’un acarien parasitant les ruches et les abeilles. Les mâles parasitent uniquement le couvain, les femelles peuvent parasiter des abeilles adultes. Elles pondent leurs œufs dans les cellules occupées du couvain, juste avant l’operculation. Le Varroa se transmet de colonie en colonie par les abeilles, et ne peut utiliser aucun autre vecteur de diffusion.

Ce parasite résulte de l’évolution du Varroa Jacobsoni, parasite de l’Apis Cerana, dans le Sud-Est de l’Asie. À la fin du XIX° siècle jusqu’au milieu du XX°, pour augmenter leur production de miel, les apiculteurs d’Asie ont développé la transhumance des Apis Mellifera dans des zones habitées par les Apis Cerrana. Alors que ces dernières vivent en symbiose avec le Varroa Jacobsoni, les Apis Mellifera ne sont pas résistantes à la nouvelle évolution du Varroa Jacobsoni, le Varroa destructor, qui résulte de l’adaptation du Varroa Jacobsoni aux Apis Mellifera.

Il est apparu en Europe dans les années 1970, et en France en 1982. Il est aujourd’hui présent dans le monde entier, excepté l’Australie et quelques régions d’Afrique Centrale. En France, l’île d’Ouessant en est également exempte.

Apparemment, ces trois zones ne font pas face à un déclin des colonies. En effet :

Sur l'Île d'Ouessant par exemple, les abeilles ne sont pas menacées:
« [L’île d’Ouessant] est devenue LE sanctuaire de l ’Apis mellifera mellifera , une espèce d’abeille aussi industrieuse et productive qu’en bonne santé, protégée à la fois de la pollution et des hybridations dues aux importations d'abeilles étrangères. »
(voir Source 27)

En Australie, les abeilles ne semblent pas y être en déclin, bien que certains articles disent le contraire (voir ici):
« On rapporta des pertes importantes en Australie, au Brésil, au Canada, en Chine, en Europe et dans d'autres régions du monde. »

En Afrique centrale, aucune donnée n'est disponible. Des pertes importantes ont cependant été enregistrées au Botswana. Un séminaire a été organisé à ce sujet. (voir Source 28)

Il existe de nombreux moyens de détection de ces parasites, et des traitements curatifs efficaces, même chez les apiculteurs biologiques grâce aux travaux du Centre Suisse de Recherches Apicoles (CRA) d’Agroscope Liebefeld-Posieux (ALP).

Le Varroa destructor est considéré parfois comme un facteur aggravant, parfois comme la cause première du déclin des apis mellifera en Europe (point de vue soutenu par les firmes de pesticides notamment).

• La loque américaine

La loque américaine est une maladie causée par les larves de Paenibacillus, touchant les couvains. Cette dernière s’étend très rapidement d’une colonie à l’autre. Elle représentait le fléau majeur des apiculteurs avant l’introduction des antibiotiques et l’instauration de règles de traitement par le feu du matériel infecté.

Depuis 1994 cependant, les larves développent une résistance aux antibiotiques, et le phénomène réapparaît. Même s’il est dévastateur, ce phénomène fait partie des causes aiguës et ponctuelles. Même si certains le considèrent comme un facteur de stress pour les abeilles, il ne peut être associé au déclin mondial des colonies.

« Comme dans le cas des acariens parasites, la loque américaine des couvains n’est pas non plus associée au "syndrome d’effondrement des colonies."» (voir Source 10)

• Le Nosema Ceranae

Le nosema ceranae est un champignon microscopique attaquant l’intestin des abeilles, et détruisant leur paroi intestinale, entraînant ainsi leur mort. Il s’attaquerait principalement à des colonies affaiblies.

Il est moins considéré comme un des principaux responsables du déclin des abeilles que comme l’un des agents stressants qui affaiblissent les abeilles et par là les sensibilisent à d’autres ennemis (voir Source 13).

Une étude scientifique (voir Source 14) réalisée par des chercheurs de l’Université de Clermont-Ferrand, conclut que le nosema ceranae augmente sensiblement le taux de mortalité dû à l’ingestion de doses subléthales de neurotoxiques. En clair, les doses de neurotoxiques subléthales deviennent léthales lorsque les abeilles sont infectées par le nosema ceranae.

Certains vont même jusqu’à conclure que le nosema ceranae est le seul responsable du déclin des abeilles (voir Source 15)



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Comme le Varroa, le frelon asiatique est l’ennemi historique des Apis Cerana, qui savent s’en défendre. Importé en Aquitaine en 2004 dans un chargement de poteries chinoises, il s’étend très rapidement à toute l’Europe et cause des ravages dans la population d’Apis Mellifera, qui n’ont pas de moyen de protection.

Le frelon asiatique se poste en vol stationnaire à l’entrée des ruches et attaque toutes les butineuses. Le reste de la ruche, privé de nourriture, meurt un peu plus tard. Pour s’en débarrasser, les abeilles asiatiques (apis cerana) l’entourent en battant très rapidement des ailes, de manière à augmenter la température locale de quelques degrés. Le frelon, dont la température corporelle est inférieure à celle de l’abeille, meurt de chaud. Le frelon asiatique garde une action ponctuelle, quoique préoccupante. Il est reconnu comme facteur secondaire, source de stress et d’affaiblissement.






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La densification du maillage électronique mondial, connue sous le nom d’«électrosmog », perturbe les abeilles. En effet, on estime que les abeilles s’orientent par rapport au champ magnétique terrestre, en repérant la polarité locale grâce à leurs antennes. Les ondes issues des réseaux de télécommunications troublent leur reconnaissance spatiale.

L’importance de ce problème est très variable pour les différents acteurs. Il est parfois considéré comme un facteur principal, mais souvent comme un acteur secondaire, source de stress. Par exemple, le Dr. Ulrich Warnke publie une étude concluant à l’importance capitale de l’électrosmog (voir Source 11).

Un article hébergé par le média citoyen AgoraVox fait le tour de la question. Il étudie les corrélations temporelles entre les installations de télécommunications et les répercussions sur les abeilles : ici .



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Le virus de la paralysie äigue israëlienne (IAVP) a été observé pour la première fois par un chercheur israélien, mais il est d’origine australienne. Il est présent dans le monde entier sous des formes légèrement différentes.

En Septembre 2007, Science publie un article annonçant une forte corrélation entre les pertes d’abeilles et l’IAVP.

Une hypothèse est que le Varroa affaiblisse suffisamment les abeilles pour qu’elles deviennent sensibles à l’IAVP. Cela justifie le fait que les abeilles australiennes n’aient pas déjà été touchées par ce virus.

Classé dans les causes primaires dans le rapport de l’AFFSA Mortalités, effondrements et affaiblissements des colonies d'abeilles (voir Source 16 ) , il apparaît maintenant davantage comme une cause secondaire.





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Nous avons pu quantifier la multifactorialité en analysant le corpus des 651 articles obtenus à partir de Web Of Knowledge avec l’équation de recherche : « bees pesticides » OR « colony collapse disorder » .



Chaque histogramme correspond à une recherche du mot clé correspondant parmi ces 651 articles. On peut ainsi pondérer l’importance de chaque facteur dans la communauté scientifique.

On retient donc la prépondérance du parasite Varroa. On remarque également que malgré l’importance donnée au frelon asiatique (Asian Wasp) dans les médias, peu de scientifiques s’intéressent à ce problème. De même, l’impact des ondes électromagnétiques semble peu étudié, peut-être à cause de la difficulté à mettre en relation des spécialistes des abeilles avec des spécialistes des ondes électromagnétiques.



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