La controverse débute en 1970 dès lors que les apiculteurs commencent à constater des pertes anormalement élevées au niveau de leurs ruchers. À ce moment là, ces pertes ne sont pas encore sujettes à controverse. Les pesticides, notamment, ne sont pas encore impliqués. Ce n'est qu'à partir de 1996 que les pertes deviennent vraiment préoccupantes, quelques temps après que les neurotoxiques aient fait leur apparition au niveau des cultures (Gaucho en 1994, Régent TS en 1997).

On constate alors une diminution de la population des colonies entre 1965 et 1995 peu significative et compensées par l'ajout de nouvelles ruches, puis une chute de plus de 16,2% entre 1985 et 2005 (voir Source 9) . Les apiculteurs se mobilisent (voir Source 19). Les effets des pesticides sur les abeilles étant inconnus, les pouvoirs publics vont demander plusieurs études aux instances gouvernementales chargées de l’évaluation du risque (cf Instances gouvernementales).

Au nom du principe de précaution (loi Barnier), la production du Gaucho est interdite en 1999. Les firmes phytosanitaires poursuivent les pouvoirs publics contre cette décision pénalisante économiquement mais leur recours en justice est refusé.
Le gaucho est suspendu par la suite avec autorisation d'écoulement des stocks jusqu'en 2004.

Mais, une directive européenne de 2008 (voir Source 9) autorise à nouveau la substance active imidaclopride fabriquée par Bayer, pour les pays européens qui le souhaitent (ce qui n'est pas le cas de la France).

Le Régent (autre insecticide systémique utilisant le fipronil comme substance active) est également interdit en France en 2006.

En 2008, un autre neurotoxique systémique fait son apparition en France : le Cruiser fabriqué par Syngenta de principe actif le thiaméthoxame. De nombreuses manifestations ont lieu rapidement de la part des apiculteurs, face à la nocivité présumée de ce produit. Ses effets à long terme sur les abeilles et même sur l'homme sont encore inconnus selon l'agence française d’évaluation du risque (cf Instances gouvernementales) . Le Cruiser OSR n'est néanmoins suspendu sur certaines cultures en France qu'en 2012. Mais il est à noter que le terme « Cruiser » désigne neuf molécules différentes et autant de pesticides.

Les apiculteurs restent mobilisés et demandent toujours l’interdiction des pesticides neurotoxiques systémiques.



Géographiquement, on a constaté que les pertes d'abeilles sont généralisées au monde entier. Seules quelques zones en sont exemptées.



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Les pertes d’abeilles peuvent prendre des significations très différentes selon l’échelle à laquelle on les étudie. A l’échelle de l’individu, une mort d’abeille ne signifie rien. Trop de paramètres aléatoires peuvent l’avoir provoquée : oiseau, pesticide vaporisé, ... Il faut raisonner à l’échelle d’une colonie minimum.

On peut classer les problèmes rencontrés par les abeilles. Dans le temps, ils sont chroniques ou aigus. Dans l’espace, ils sont ponctuels ou généralisés.

Mais il existe de nombreuses subtilités à ce partage dichotomique simplifié. Par exemple, une spécialiste de la controverse déclare :

« On ne peut pas parler de pertes d’abeilles en général. La controverse porte sur les pertes d’abeilles dans des zones de grande culture.»

On ignore si les apiculteurs enregistrent des pertes aiguës généralisées, ou s’il y a un dysfonctionnement chronique dans les populations d’abeilles actuellement. Les données sont souvent confuses et brouillées par manque de rigueur et de clarté dans ce que l’on cherche à étudier.



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Il existe dans le monde beaucoup de type d’abeilles apprivoisées. Voici les principaux types présents en Europe :

Apis mellifera mellifera : Aussi appelées abeilles noires, elles sont utilisées en France et dans les pays voisins pour la fabrication du miel.

Apis mellifera ligustica : Aussi appelées abeilles italiennes ou jaunes, elles sont à la base des hybridations réalisées par les apiculteurs. Possède un grand potentiel de ponte.

BuckFast : issues d’un croisement entre les deux espèces précédentes, elles sont souvent utilisées par les apiculteurs pour le miel.



photo d'une Apis apis Mellifera

Il y a également d’autres races d’abeilles qui sont élevées dans le monde dans le but de récolter du miel, comme les apis cerana japonica, mais nous ne nous sommes pas penchés sur leur cas.
Dans l’apiculture, ce sont les Apis mellifera mellifera qui sont le plus utilisées, et ce sont essentiellement sur elles qu’ont été recensées les pertes, et sur lesquelles nous avons travaillé. Il est en effet extrêmement difficile d’étudier les abeilles sauvages. Quant aux autres espèces qui lui sont proches, comme les bourdons, des études ont été menées mais sont très contestées car les abeilles et les bourdons ont de nombreuses différences que l’on ne peut pas ignorer. Par exemple au niveau de la taille des ruches : une ruche d’abeilles abrite plusieurs dizaine de milliers d’abeilles, alors qu’une ruche de bourdon n’en contient que quelques centaines.

Pour plus d’informations sur ces points controversés, voir Système de preuves.



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Les apiculteurs sont les lanceurs d'alerte dans notre controverse. Ils se sont très vite élevés contre les pesticides notamment systémiques lors de leur mise en circulation bien avant que la controverse ne devienne publique.

Ainsi, dès les années 70, les apiculteurs constatent des pertes préoccupantes au niveau de leurs ruchers (voir Source 6). Celles-ci se généralisent les décennies suivantes et les apiculteurs finissent par tirer la sonnette d'alarme. Ils accusent les maladies, champignons parasites, virus et bactéries.

Ce n'est que vers les années 1990 que les pesticides systémiques commencent à être mis en cause dans le déclin des abeilles. Le pesticide critiqué est le Gaucho, enrobant des semences de maïs.
Les apiculteurs se mobilisent pour la première fois contre ce dernier en 1997 et alertent les médias. Cette mobilisation exceptionnelle et inédite (voir Source 7) permettra la suspension du Gaucho en 1999.


Les apiculteurs se mobilisent tout à tour contre chaque nouveau neurotoxique systémique :

- le Régent interdit en France en 2004 à la suite de plusieurs années de batailles de la part des apiculteurs (voir Source 7).
- le Cruiser autorisé en France en 2008 sur le colza et le maïs avec 7 sous-catégories (7 molécules différentes). La mobilisation est forte avec de nombreuses manifestations à Paris (voir Source 8). Le Cruiser est interdit en 2012 mais pas toutes les catégories jugées nocives par les apiculteurs toujours en lutte contre les pesticides

La controverse va se prolonger. M. Combe, apiculteur professionnel dans les Alpes de Haute- Provence, déclare :

"On doit continuer le combat et ne rien lâcher maintenant."

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