Les Monsanto Papers

Les Monsanto Papers sont des archives de la firme de genres variés (des mails, des rapports internes…). Ces documents ont pu être rendus publics en grande partie grâce à deux femmes, Carey Gillam (ex-journaliste travaillant pour l’ONG « US right to know ») et Kathryn Forgie (Avocate).[1]

Carey Gillam a pu obtenir ces documents grâce à la loi Freedom of Information Act tandis que l’autre a pu les obtenir et les déclassifier lors d’un procès contre Monsanto.

Dans le but de noyer quiconque voudrait analyser ces documents, Monsanto les a volontairement fourni par millions. Ceci a compliqué la tâche de ces deux femmes qui ont néanmoins pu isoler des relations entre Monsanto et l’EPA (Environmental Protection Agency), une agence américaine.[2]

Liens entre Monsanto et l’EFSA

Jess Rowland, qui présidait le Cancer Assessment Review Committee à l’EPA, échangeait avec Monsanto tandis qu’il était en discussion avec l’EFSA lors de leur étude sur le glyphosate. Ce dernier a notamment influencé le rejet par l’EFSA d’une étude menée sur des souris. Pour cela, Jess s’est appuyé sur un article qui infirmait cette dernière étude.

Cet article mettait en évidence que les souris soumises à l’expérience étaient déjà atteinte par des substances virales, qui augmentaient les chances d’apparition des lymphomes causés selon l’étude par le glyphosate. Jusque là, cette contradiction semble tout à fait recevable et objective.

En revanche, il s’avère que cet article ne se trouve pas dans les archives de l’EFSA. En réalité, il s’agit d’un article sponsorisé par Monsanto, ce qui nuit fortement à l’indépendance scientifique.

En somme, l’EFSA a été contactée par l’EPA, l’agence de protection de l’environnement américaine lors de son étude sur la toxicité du glyphosate. L’EFSA semble s’être alignée sur eux suite à un appel avec Jess Rowland, membre de l’EPA.

Liens entre Monsanto et l’EPA

Etant donné l’influence de l’EPA sur la décision de l’EFSA, il est important de considérer la relation entre cette agence et Monsanto, puisqu’une éventuelle interférence de Monsanto a évidemment des conséquences sur l’indépendance scientifique de l’étude de l’EFSA.

De fait, dans les Monsanto Papers ont été retrouvés des communications entre Jess Rowland et des cadres de Monsanto, qui évoquaient notamment l’EFSA. Ces cadres se renseignaient sur l’avancée de ses communications avec l’EFSA.

Il existe un lien entre l’EPA et Monsanto. En effet, des conversations entre des cadres de Monsanto et Jess Rowland concernant l’EFSA ont été retrouvées parmis les Monsanto Papers. De plus, l’article sur lequel Jess Rowland s’est appuyé pour convaincre l’EFSA était en fait sponsorisé par Monsanto, et il est d’ailleurs introuvable dans les archives de l’EFSA.

Le glyphosate et l’EPA, une longue histoire

Si l’EPA semble être intimement lié à Monsanto, cela n’a pas toujours été le cas :[3]

En 1983, l’agence avait classé le glyphosate comme cancérigène possible pour l’Homme, suite à une expérience sur des souris. L’agence avait même considéré que les contre arguments de Monsanto étaient irrecevables.

C’est en 1986 que l’agence finit par retirer ce statut, suite à une étude affirmant que celle effectuée sur les souris était biaisée à cause d’une infection du rein de celles-ci. Cette étude, encore une fois, avait été réalisée par un expert payé par Monsanto pour la réévaluation de l’étude concluant sur la cancérogénicité du glyphosate. Ce processus est en tout point semblable à celui qui a convaincu l’EFSA de rejeter l’étude plus récente.

D’autres interférences de Monsanto avec l’agence sont également spéculées. En effet, les directeurs successifs de l’agence ont tous occupé un poste relié à la multinationale par la suite, par exemple dans des cabinets de conseil ou d’avocats auxquels Monsanto fait appel, voire directement chez Monsanto.


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Bibliographie