Un modèle difficile à mettre en place

PLAYLIST - LA PROPOSITION D'UN NOUVEAU MODÈLE DE RÉMUNÉRATION

Le modèle user-centric | Les attraits du modèle user centric pour les artistes et les producteurs | Un modèle difficile à mettre en place

Acteurs en jeu

♫ Un défi technique

Le modèle user-centric nécessite de collecter des données sur chaque utilisateur notamment sur ce qu’il écoute, le nombre d’écoutes et potentiellement la durée des écoutes. Or sur certaines plateformes le nombre d’utilisateurs peut aller jusqu’aux dizaines de millions d’utilisateurs pour plusieurs millions d’artistes. Gérer un tel nombre d’utilisateur nécessite alors d’énormes bases de données et de les traiter efficacement. Le système au pro rata s’est donc installé naturellement par sa simplicité et fut progressivement remis en cause ce qui a amené aux discussions actuelles. Ainsi, d’après Will Page, directeur économique à Spotify, dans un article qu’il a co-écrit, avance qu’avec le coût nécessaire à la mise en place de telles infrastructures aurait un tel impact que la part des revenus allouée aux artistes serait affectée par cette hausse des coûts administratifs et que l’artiste moyen ne serait pas forcément avantagé [18]. Alors que les plateformes ne gagnent pas suffisamment d’argent pour tirer un bénéfice, un tel investissement pour changer de modèle est un frein.

Deezer a une vision moins réticente vis à vis du modèle user centric, comme a pu le montrer Hans-Holger Albrecht lors du Midem 2017 (un rassemblement mondial des acteurs de la musique) [35]. De plus, les coûts d’infrastructure sont en baisse du fait de l’intérêt grandissant porté à la data ce qui a permis à Deezer de mettre en place des tests et de vouloir à présent l’appliquer réellement.

"Grâce au big data on est capable aujourd’hui d’implémenter la solution"
Deezer
Lors de notre entretien [60]

♫ Mettre en accord un nombre important d'acteurs

Pour que ce modèle soit mis en place, il a été exprimé qu’il est nécessaire que l’ensemble des partenaires soient d’accord. Des réticences de la part de certaines plateformes comme Spotify et des majors qui ne sont pas avantagés par de tels changement constituent des freins. Néanmoins, l’envie exprimée par la majorité des acteurs semble faire pencher la balance vers un changement prochain. Ceci s’explique aussi par le fait que le débat autour du user centric est en grande partie sur le territoire français et que les acteurs majeurs du monde de la musique sont des entités internationales, ce qui est un problème récurrent dans la régulation du streaming en France et dans l’Union Européenne

"Spotify n'est pas pour le user-centric. Pour l'instant pour eux ce n'est pas un sujet"
Un journaliste indépendant
Lors de notre entretien [61]