LES ACCUSATIONS POLITIQUES

       

    La controverse autour des retombées de l'accident de Tchernobyl fait rage sur le plan politique, au moins autant que sur le plan scientifique. C'est ainsi que de nombreuses personnalités ont souvent été accusées de cacher des informations, voire de mentir aux français, et le sont encore aujourd'hui. Les citations ( en italique ) sont issus du livre écrit Jean-Michel Racquemin-Raffestin " Tchernobyl, conséquences en France J'accuse! ". Dans cet ouvrage, paru en 2002, " Monsieur Tchernobyl ", tel qu'il a été surnommé, expose sa vérité sur les faits et accuse plusieurs responsables de l'époque de l'accident et d'aujourd'hui d'avoir failli à leurs devoirs, voire de persister dans le mensonge encore aujourd'hui. Cet ouvrage est assez représentatif des accusations qui sont faites au niveau politique sur le sujet.

    Les accusations de l'auteur de ce livre visent essentiellement le professeur Pellerin, directeur du SCPRI (Service Central De Protection contre les Rayonnements Ionisants) à l'époque, ainsi que les gouvernements depuis lors, et les journalistes.


Le professeur Pellerin, un homme bien informé

(p 18)  Toutes les dépêches du 30 avril indiquent « qu’aucune élévation significative de la radioactivité n’a été constatée sur l’ensemble du territoire français. » Il faut attendre la dépêche AFP B 210064 F 121 0117 : S.C.P.R.I. Z 696257F de 00h pour apprendre : « Ce jour 30/04/86 24h, situation dans l’ensemble stationnaire. On note cependant, sur certaines stations du Sud-Est, une légère hausse de radioactivité atmosphérique, non significative pour la santé publique. Pr P. Pellerin Dir S.C.P.R.I. (S.C.P.R.I. Z 696257F). »
Or, à 17h30, Serge Berg a été averti par le bureau AFP de Nice que les physiciens du laboratoire de radioactivité de Monaco ont trouvé de l’iode 131 et du césium 137 dans l’air. Il a immédiatement informé le profesuer Pellerin.
Pourquoi ce dernier n’a-t-il pas informé la presse et, de ce fait, les Français habitants la région PACA et la Corse ?


Une rétention d'information qui pourrait être lourde de conséquences

(p 19) Cette rétention d’information est grave parce que les populations vivant dans les régions françaises touchés par les retombées du nuage n’ont pris aucune précaution sanitaire. Elles ont continué à consommer des produits frais, légumes, lait – un des aliments les plus sensibles aux radiations – fromage, alors que ceux-ci étaient contaminés à de fortes doses en iode radioactif.[…] Les explications étaient simples : il fallait avertir la population que l’iode radioactif du nuage (iode 129, 131, 132, 133,…) pouvait se concentrer dans la glande thyroïde des personnes carencées en iode. L’iode 131 a représenté à lui seul 85% de l’irradiation.


 L'auteur n'hésite pas à dicter les mesures qui auraient dues être prises

(p 20) Les préventions étaient simples également. Dans les régions fortement touchées par les pluies radioactives et contaminées en « taches de léopard », ainsi que dans les régions montagneuses où la population est carencée en iode, il fallait :
-distribuer à la population des pastilles d’iodate de potassium pour saturer la thyroïde des habitants en iode stable afin de réduire la fixation d’iode radioactif,
-interdire la consommation de légumes frais, de lait frais,
-avertir que la pluie allait « lessiver » le nuage et qu’elle serait radioactive, donc ne pas consommer l’eau de pluie, et également rentrer les animaux. »
 

La rétention d'informations

(p 21-22)  Tout commence le 27 avril, le lendemain même de la catastrophe, bien avant que les Suédois ne donnent l’alerte. Nos services secrets sont avertis par notre satellite Spot, le même qui servira aux Suédois. Immédiatement, le Secrétariat général de la Défense nationale, qui dépend de Matignon, avertit les services concernés comme pour une alerte au plan Orsec-Rad qui a établi les mesures d’urgence à prendre en cas d’accident nucléaire. On cherche à joindre le S.C.P.R.I. Pas de chance, cet organisme est fermé, c’est dimanche ! Ce n’est donc que le lendemain, le lundi 28 avril, que les 150 stations de contrôle disséminées sur tout le territoire vont mesurer l’activité atomique dans l’air. Tout ceci se fait dans le plus grand secret. Pierre Pellerin prend soin de rappeler à tout son personnel le décret n°66-406 du 15 juin 1966 : « Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions et de ne rien révéler ou utiliser de ce qui sera porté à ma connaissance lors de mon service ».

Le début des révélations

( p 25 ) :  Le journal de 13h sur TF1 va faire éclater la bombe que l’on essaie d’étouffer depuis deux semaines.[…] Le professeur Pellerin est l’invité du journaliste Jean-Claude Bourret. Il reconnaît, crispé, que la pollution provoquée par le nuage de Tchernobyl au-dessus de la France était beaucoup plus importante que « 
l’augmentation passagère de 5 à 10% par rapport à la normale », annoncée de manière très floue auparavant.
 « 
Certaines régions ont été cent fois, deux cents fois, même trois cents fois et là, quatre cents fois, supérieures à ce que nous avions, avant ! » (sic).

( p 25 ) Les français viennent de comprendre que l’information est inversement proportionnelle à la nucléarisation du pays. Pour expliquer ce manque d’information, le professeur Pellerin répond : « Tout simplement parce qu’il y a eu deux ponts en deux semaines, et qu’il est très compliqué de transmettre les résultas !
            Pierre Pellerin explique : « Je ne suis pas un service de presse. » Il a raison, c’est le ministère se la Santé, dirigé par Madame  Barzach, qui aurait dû informer convenablement les Français. 

( p 43 ) Le rôle du professeur Pellerin est primordial dans cette affaire. C’est lui, qui, à la tête du SCPRI, devait donner l’information au gouvernement. Pierre Pellerin est alors considéré comme l’un des plus éminents spécialistes en matière de sécurité nucléaire. Entre la catastrophe et le 8 mai, il publie douze communiqués, c’est vrai ! Mais plusieurs d’entre eux ne comportent aucun chiffre et, quand il y en a, aucun effort de vulgarisation ne les accompagne.  

Les accusations vont au delà de la rétention d'information

( p 44-45 ) « Monsieur Pellerin a refusé d’appliquer les normes européennes établies après l’accident de Tchernobyl. Dans sa réponse aux journalistes Jean-Paul Croizé et Albert Ducrocq, le 12 mai, il indique : « 
Pour le lait, par exemple, la France n’a fixé aucune dose maximale, alors que plusieurs pays d’Europe ont établi un seuil de non commercialisation à partir de 2 000 Bq/l. » 

( p 50 ) Les résultats d’analyse du lait contaminé à 4 400 Bq/l ne sont présentés que sur le bulletin du mois de juin publié en juillet. Tout prend du retard dans l’information lorsque celle-ci provient du S.C.P.R.I. 

( p 71 )  J’accuse le professeur Pellerin de rétention d’information envers la Communauté européenne et l’organisation Mondiale de la Santé ! 

( p 84 ) En septembre 1986, l’Observatoire régional de la santé de Corse remet à Monsieur Pellerin un rapport sur les conséquences sanitaires du nuage en Corse. Ce rapport indique page 24 qu’ « il est difficile d’obtenir certains résultats de produits analysés adressés au SCPRI ». J’ai donc demandé à Monsieur Lacronique », actuel successeur de Monsieur Pellerin à la direction du SCPRI, « si c’était une rétention d’information du SCPRI de Pellerin ? La réponse est tombée sans hésitation dans le micro du magnétophone : « Oui, sans doute ! »

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