LES ACCUSATIONS POLITIQUES

       

    La controverse autour des retombées de l'accident de Tchernobyl fait rage sur le plan politique, au moins autant que sur le plan scientifique. C'est ainsi que de nombreuses personnalités ont souvent été accusées de cacher des informations, voire de mentir aux français, et le sont encore aujourd'hui. Les citations ( en italique ) sont issus du livre écrit Jean-Michel Racquemin-Raffestin " Tchernobyl, conséquences en France J'accuse! ". Dans cet ouvrage, paru en 2002, " Monsieur Tchernobyl ", tel qu'il a été surnommé, expose sa vérité sur les faits et accuse plusieurs responsables de l'époque de l'accident et d'aujourd'hui d'avoir failli à leurs devoirs, voire de persister dans le mensonge encore aujourd'hui. Cet ouvrage est assez représentatif des accusations qui sont faites au niveau politique sur le sujet.

    Les accusations de l'auteur de ce livre visent essentiellement le professeur Pellerin, directeur du SCPRI (Service Central De Protection contre les Rayonnements Ionisants) à l'époque, ainsi que les gouvernements depuis lors, et les journalistes.  


Le mensonge le plus célèbre depuis des décennies...

( p24 ) Le 6 mai,tous les journaux de France publient le communiqué de presse mensonger du ministère de l’Agriculture : « Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l’accident de la centrale de Tchernobyl. A aucun moment, les hausses observées de radioactivité n’ont posé le moindre problème d’hygiène publique.» 

Le dilemme entre mensonge et scandale à ses oeuvres

( p 27 )  En fait, ni Carignon, ni Madelin n’étaient autorisés à entreprendre ce travail de communication. Le lobby nucléaire veillait, mais il était indispensable de dédouaner Jacques Chirac. Pourtant, dès le 2 mai, le Premier ministre a eu à répondre à une question : « A partir de quel seuil faut-il donner l’alarme ? » Il consulte alors son ministre de l’industrie, Alain Madelin, qui est prêt à jouer le jeu de l’information et publier certaines informations top secret sur le plan Orsec-Rad. Mais il consulte également son ministre de la Défense André Giraud, qui est contre : « Pas question, rétorque t-il. Inutile de donner des indices à d’éventuels ennemis. » 

La fin du mutisme, mais des communications tout de même limitées

( p 28 )  Le lundi 12 mai, c’est le branle-bas de combat! […] Dans le Figaro , Alain Carignon, ministre de l’Environnement, proclame : « On doit la vérité aux Français. » On apprend que de l’iode et du césium contamine la chaîne alimentaire. 

( p 29 ) Les premiers articles sur les maladies du nucléaire font leur apparition, mais « pas de panique ! » Les risques sont nuls chez nous. Le 14 mai, la presse annonce le mea-culpa du gouvernement et les épinards d’Alsace sont interdits à la vente.

            Pourquoi les épinards ? Et pas les salades et les autres légumes poussant hors de terre ? Pourquoi seulement en Alsace ? Alors que cette région ne produit que 0,8% des 89 700 tonnes représentant la production de notre pays en 1985, contre 34% en Bretagne, 22% en Picardie et 15% en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, qui est également une région fortement touchée par les retombées du nuage radioactif
 

Les politiques peinent à reconnaître leur responsabilité...

( p 30 )  Il faudra une question du député Henri Bayard (UDF, Loire) pour entre Monsieur Madelin répondre : « A aucun moment, en aucune façon, la catastrophe de Tchernobyl n’a mis en cause la sécurité des Français ». Il trouve les coupables de la psychose, « les services administratifs » d’abord, a cause de la façon dont ils ont transmis l’information « à la presse et au public », les journalistes ensuite puisque « l’information n’a pas toujours été bien traduite par les médias ». 

 ... Et pourtant, leur influence sur la population est indéniable 
( p 31 ) Les déclarations des hommes politiques rassurent les Français qui déclarent, dans un nouveau sondage, ne prendre aucune précaution et boire l’eau du robinet pour 78% d’entre eux, du lait frais pour 78% et manger des salades pour 81%. Si le ministre a dit qu’il n’y avait pas de risque… Il l’a dit et répété ! 

 
Un mensonge parmi d'autres...

( p 31 ) L’O.M.S. a défini comme seuil à partir duquel les pays concernés « pouvaient » envisager la mise en place de mesures de protection un taux de radioactivité de 2000 BQ/l provoquée par l’iode 131 dans l’eau ou le lait. « Or jamais cette limite n’a été dépassée chez nous », a déclaré Alain Madelin. L’O.M.S. avait « vivement recommandé », en dessous de ces limites, d’éviter toute information de nature à provoquer des inquiétudes injustifiées.  « Nous n’avions pas réalisé que, même s’il provoque moins de morts que le tabac ou l’alcool, le nucléaire suscite une énorme émotion. Il faudra désormais en tenir compte », conclut le ministre de l’Industrie.

            Mais cette limite de 2000 Bq/l a été dépassée pour les produits alimentaires puisque la première mesure effectuée sur le lait de brebis en Corse indique 4 400 Bq/l en iode 131. Une laitue achetée sur le marché de Mandelieu révèle après analyses faites par le CEA de Cadarache une contamination de 7 264 Bq/l dont 2 750 Bq/l en iode 131. 

[...]  Aujourd’hui, après différentes perquisitions qui ont eu lieu dans les ministères concernés, on a retrouvé sur papier à entête du ministère de l’Intérieur le compte rendu d’une réunion tenue le 16 mai 1986. Il y est indiqué que du lait de brebis a été contaminé à 10 000 Bq/l, et en dessous la mention manuscrite : « Ne pas communiquer ».

Une comparaison peu flatteuse

( p 32-33 ) En RFA, la Commission fédérale de radioprotection trouve que les directives données par l’O.M.S. ne sont pas assez sévères. Elle préconise de respecter les limites suivantes : 550 Bq/l pour le lait et 250 Bq/kg pour les légumes feuillus.

La Scandinavie, le Benelux, la Suisse, l’Italie, la RFA, la Grande-Bretagne, l’Autriche, La Pologne, tous les pays d’Europe, en dehors de ceux liés à l’URSS de l’époque, prennet des précautions sanitaires. Les cultures sont arrachées et leur consommation interdite.

En France, rien n’est fait.

Des révélations qui font peur

(p 37)  Nous avons tendance à penser qu’un ministre est quelqu’un de puissant qui ne signe un arrêté, une circulaire, qu’en parfaite connaissance de cause. Nous pensons que ses ordres sont respectés et exécutés. Pourtant, Corinne Lepage explique : « Je vais sans doute vous étonner en révélant que le puissant ministre que je croyais être a découvert plus d’une fois en lisant le journal, comme tout le monde, ce qu’il avait fait. » 

Une attitude irresponsable

( p 41 ) Après avoir pris connaissance des bulletins météorologiques » (notamment de la pluie) « le ministère de l’Intérieur aurait dû donner à chaque préfet des régions Est et Sud-Est de la France les consignes a observer pour protéger la population en général, les personnes à risques en particulier : les enfants et les femmes enceintes qui, selon leur lieu d’habitation, ville ou campagne, ou leurs habitudes alimentaires allaient être exposés à des doses plus élevées que la moyenne. 

Un "mensonge organisé" ?

( p 91 )  Plus on creuse, plus on enquête, plus on cherche à savoir, plus on se rend compte que la Préfecture, les services vétérinaires, les différents ministère, Santé, Agriculture, Environnement, Armée, l’IPSN, l’OPRI, savaient. Plus on creuse et plus on se rend compte que tous ces organismes, institutions ou ministères préféraient largement que le grand public ignore l’information. 

La couleur politique ne change pas grand chose au problème

( p 123 ) Si la Communauté européenne a demandé à la France une étude épidémiologique dès 1988, il faut reconnaître que depuis, les différents gouvernements, de gauche comme de droite, ne se sont pas bousculés pour y répondre. 

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