Cartographie des acteurs

A la suite des différentes études sur cette controverse ainsi que grâce aux résultats de l' IssueCrawler, nous pouvons dégager les différents acteurs formant la cartographie de la controverse.

La cartographie avec IssueCrawler révèle 4 grands groupes d'acteurs (les associations anti-EPR, le gouvernement, EDF, et Areva-CEA) autour de cette controverse, et même 5 si l'on distingue le CEA et Areva. Ces grands groupes d'acteurs sont résumés dans un tableau des principaux acteurs les décrivant en fonction de leur nature et de leur position au sujet de la controverse.

A partir de cela, nous avons tenté de répondre à la question « Lobby nucléaire : mythe ou réalité ? »

En ratissant plus large, on peut distinguer de nombreux autres acteurs ou groupes d'acteurs participant plus ou moins directement à la controverse. Certains sont directement impliqués, d'autres prennent position de manière plus indépendante, ou encore influencent juste d'autres acteurs et n'ont donc qu'un rôle indirect.

Ces relations sont résumées dans la cartographie des acteurs.

 

Cartographie des acteurs

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Organisations
pro-nucléaires
 
                                       
                               
                                     
                                             
                           
                               
                                       
                                                 
               
Population
française
               
                       
                               
                           
                                             
                                                 
             

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Légende :

tentative d'influence
influence scientifique
contrôle et validation
possession

 

Tableau des principaux acteurs

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Qui sont-ils ?
Leur position sur l'EPR

Les associations anti-EPR

De tous les bords, des associations écologistes généralistes, des anti-nucléaires convaincus, des gens habitant près de sites (centrale, site d'enfouissement ou de recyclage…)

Ils s'y opposent pour plusieurs raisons :

- les anti-nucléaires farouches (majoritaires). La reprise du programme nucléaire relance la polémique sur les questions précédentes (déchets, enfouissement, sécurité)
- les anti-EPR, selon eux la France n'a pas besoin de nouvelles centrales, elle exporte de l'électricité depuis 20 ans, et le besoin énergétique est inexistant. L'EPR n'est qu'une évolution et ne résout pas les problèmes (déchets, sécurité). En général bien informés et organisés en réseau, ont apparemment réussi à récupérer des informations confidentielles d'EDF.

Recherchent un débat public sur la question

Areva
Ils ont développé le projet avec Siemens, et cherchent à vendre ces nouvelles centrales
Favorable, sur deux points. Un démonstrateur comblerait un manque de commande actuel et leur permettrait de mettre en place une stratégie à long terme sur la reprise du programme en France.
CEA
Ils sont la référence française en ce qui concerne les décisions sur les programmes nucléaires. Ils sont la base de la recherche française en matière de nucléaire
Contrairement à l'idée générale, ils n'ont pas un rôle d'arbitre. Possèdent Areva aux trois-quarts et ont donc tout intérêt au lancement de l'EPR
Gouvernements
Représenté par le ministre de l'industrie (et aussi de l'environnement). Marqué par une forte présence de corps des mines qui entretien les liens avec la filière nucléaire et Areva

A annoncé à la surprise générale l'engagement officiel de la France dans le programme EPR en septembre 2003. Est resté dans cette voie depuis en faisant voter une loi en faveur de la construction d'un réacteur EPR en mai 2004.
Il était responsable de mettre en place la discussion autour du sujet EPR au printemps 2003.
A décrété que les informations concernant le programme nucléaire étaient à caractère confidentiel.

EDF
Les exploitants des centrales. Ils payent les installations et revendent l'électricité. Ils sont clients potentiels des centrales EPR.
A priori partagée. Ils seraient en charge de l'exploitation de l'EPR qui ne sera rentable qu'après plusieurs années. Ils doivent assurer la continuité du programme nucléaire (rallonger la durée de vie des centrales actuelles), et ils sont face à un problème de planification de leurs activités. Un choix rapide est primordial pour eux, car l'EPR ne sera productif qu'après une période d'essai d'environ 15 ans…
Mais les salariés et les syndicats sont particulièrement en faveur du nucléaire et utilisent l'EPR comme monnaie d'échange pour accepter l'ouverture du capital.

 

Le lobby nucléaire, mythe ou réalité ?
La lecture de la carte de la controverse fait apparaître un groupe d'acteurs assez important qui semble très fortement peser sur les débats. Dans son groupe on retrouve principalement le gouvernement représentant l'état, Areva, le CEA et le corps des Mines. Ceci semble accréditer la thèses des anti-nucléaires selon laquelle la politique énergétique de la France serait dictée par un très fort lobby nucléaire (cf. cette citation).

Tout d'abord, il est important de distinguer le rôle d'EDF. Ce n'est que l'exploitant des centrales (cf. EDF) et il ne fait pas réellement partie du lobby du nucléaire, même s'il est dépendant de l'état. Il ne choisit pas la politique énergétique du pays et se distingue donc de ce groupe. Ensuite, la corrélation entre l'état, le CEA et Areva est très forte tout d'abord car il s'agit d'entreprise publique. Le CEA appartient à l'état et détient plus des trois quart d'Areva (cf. Areva).

De plus, le Corps des Mines joue un rôle très fort car il sert de lien entre les entreprises du nucléaire et l'état. En effet, bon nombre de hauts responsables des deux en sont issus et conservent des liens forts. La présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, est issue du corps de Mines. C'est également le cas de hauts fonctionnaires de l'état. Dans le gouvernement Raffarin II, le conseiller en charge des questions d'énergie, Francis Mer (ancien administrateur d'EDF et ministres des finances), François Loos (ministre délégué du commerce) et Pierre Tréfouret (ancien du CEA nommé conseiller aux affaires parlementaires) sont des corpsards.

Ainsi, il existe un lien fort entre l'état et le nucléaire, même si les divisions internes existent : le lobby nucléaire existe donc, mais pas forcément sous la forme généralement dénoncée. De plus la récente loi visant à classer secret-défense l'essentiel des informations sur le nucléaire entretient une certaine opacité qui fait penser que les décisions sont prises sans consultation, ce qui accentue la thèse du lobby.

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