Impact des innovations technologiques sur la date du pic
On a vu qu’une augmentation des réserves permettrait de retarder l’arrivée du pic pétrolier. Or l’augmentation de ces réserves peut passer par l’amélioration du taux de récupération. Les innovations technologiques permettent-elles d’espérer une augmentation conséquente de ce taux ?
La question est sujette à une controverse violente chez les acteurs. Les compagnies pétrolières estiment que les progrès dans ce domaine ne seront pas négligeables : étant donné que les améliorations technologiques ont déjà fait leurs preuves en termes d’augmentation de productivité des puits, les compagnies espèrent augmenter le taux de récupération moyen de façon significative. Passer de 30 à 40% signifierait récupérer un tiers de pétrole en plus, ce qui n’est pas anecdotique.
A cet argument l’association pour l’étude du pic pétrolier (ASPO) répond que les progrès ont été faits dans la capacité de production, mais que ceux-ci n’augmentent pas le taux de récupération, ils épuisent simplement plus vite les réserves en place. L’association ajoute en plus que l’injection d’eau est parfois fatale au champ, détruisant le fragile équilibre entre la roche-réservoir et les autres couches et nappes phréatiques qui l’entourent. La quantité de pétrole récupérée est alors moindre que celle que l’on aurait obtenue sans injection.
Pourtant, les innovations technologiques permettent d’augmenter un certain type de réserves en mettant en production des champs considérés à l’origine comme inexploitables : c’est ce que l’on appelle le pétrole non conventionnel.
Le pétrole non conventionnel comprend les huiles lourdes et extra lourdes (dont la viscosité est extrêmement élevée, dix fois supérieure au dentifrice), les sables bitumineux, l’offshore profond (des gisements situés sous plusieurs milliers de mètres d’eau), les gisements polaires…
Les huiles lourdes et les sables bitumineux ont été formés de la même façon que le pétrole conventionnel, mais ils ont subi une dégradation plus importante par la suite : les phases les moins denses et les moins visqueuses ont alors disparu. Les huiles lourdes et les sables bitumineux sont déjà exploités respectivement au Venezuela dans la ceinture de l’Orénoque, et au Canada en Athabasca grâce à des procédés très récents : l’huile est réchauffée dans le réservoir pour devenir moins visqueuse et ainsi pouvoir remonter à la surface. Il existe même des mines de pétrole à ciel ouvert au Canada pour exploiter les sables bitumineux situés à moins de 75 mètres de profondeur.
 
Bécher d’huile lourde renversé depuis une dizaine de minutes (photo de gauche)
Sable bitumineux (photo de droite)
Les schistes bitumineux représentent le dernier type de pétrole non conventionnel. Il s’agit de roche contenant une partie de pétrole, mais ce pétrole est immobile, incrusté entre les grains du schiste.
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