Une influence de la géopolitique sur l’estimation de la date du pic
Ainsi, les événements géopolitiques peuvent jouer réellement sur la date de ce pic : si aujourd’hui la Chine décide de développer de manière plus intensive l’emploi de son charbon ou de son gaz à la place du pétrole, si aujourd’hui l’Arabie Saoudite décide de ne fournir du pétrole qu’au compte goutte pour préserver ses réserves, la date du pic varie…
Mais la géopolitique intervient aussi d’une autre manière : en empêchant l’accès aux informations ou en les falsifiant, il devient très difficile de prévoir la date du peak oil…
Qui aurait intérêt à garder secret ses chiffres de production ? Il s’avère que beaucoup de monde semble préférer la loi du silence ou les beaux discours à la vérité. On peut même dire que tous ou presque savent que les informations sont inexactes mais peu de personnes peuvent le dire. En effet, les organismes officiels peuvent difficilement critiquer les valeurs fournies par différents pays au risque de créer un incident diplomatique.
Commençons par l’OPEP. Aujourd’hui, un cartel puissant influe largement sur l’univers du pétrole : l’OPEP qui fixe des quotas de production sur ses pays membres. Ces quotas se basent sur ce que produisent les pays. Cela explique l’augmentation fictive des réserves afin d’augmenter les quotas de production. On voit donc que les estimations sont entachées d’énormément d’incertitudes...
Les compagnies privées sont également souvent montrées du doigt. Sans se lancer dans une théorie du complot, il leur est souvent reproché de ne pas communiquer sur la fin du pétrole et d’entretenir un climat d’optimisme concernant le pétrole. Rappelons tout de même que les compagnies privées ne sont responsables que de 15% de la production.
Une solution est souvent évoquée : un organisme onusien qui serait chargé de recueillir les informations objectives. Un projet de grande envergure a été lancé pour commencer à répondre à ce problème : il s’agit de Joint Oil Data Initiative. Créé en avril 2001, JODI a pour but de donner de la transparence aux données du pétrole et déterminer la fiabilité aux statistiques. Pour l’instant JODI ne publie pas ses propres chiffres issus de son analyse mais se contente d’analyser les données qui lui sont fournies à l’aide d’un code simple : timeliness (données fournies régulièrement), completeness (données complètes), fiabilité des données…. On est donc maintenant informé que des données sont complètes mais peu fiables… C’est un premier pas en avant mais qui ne satisfait pas encore les acteurs les plus pessimistes comme Yves Cochet.
Jusqu’au pic, la géopolitique a joué (joue ou jouera) sur le peak oil et sur son estimation. Les chocs comme ceux de 1973 ou celui de 1979 ont joué sur le cours du pétrole. De nombreux acteurs chez les optimistes comme chez les pessimistes s’accordent pour dire que dès que le peak oil sera passé le prix du pétrole augmentera mais non pour des raisons politiques ou conjoncturelles mais bien parce que le pétrole se fera plus rare. Des secousses politiques seront la conséquence et non plus la cause de l’augmentation du cours du brut…
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