Le diagnostic
pré-implantatoire

       
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Conclusion

Sur le DPI en lui-même

        Le diagnostic préimplantatoire (DPI) est un sujet qui porte à controverse depuis quelques années maintenant, en France comme dans d’autres pays. On a d’ailleurs vu que le diagnostic préimplantatoire lui-même (c’est-à-dire sans parler encore de ses possibles extensions) ne faisait pas l’unanimité. Ainsi certains pays d’Europe le rejettent radicalement (comme l’Allemagne par exemple), alors que d’autres pays l’autorisent avec un laxisme plus ou moins grand. La France se situe un peu entre ces deux « extrêmes », puisqu’elle autorise la pratique du diagnostic préimplantatoire mais en encadrant cependant rigoureusment l'usage de cette pratique par la loi.

        La première loi de 1994 stipule en effet que ne peuvent avoir recours au DPI que des familles dont l’un au moins des parents est porteur d’une maladie génétique. De plus cette maladie doit être reconnue par les centres agréés et par le médecin comme étant une maladie d’une particulière gravité et reconnue comme incurable au moment du diagnostic. Il est donc clair que la loi n’autorise pas la pratique du DPI comme un recours à un « choix de convenance » des parents. Le DPI a été à l’origine introduit en France dans le but d’éviter des souffrances aux parents, par exemple les troubles psychologiques qui auraient suivi le recours à une IMG (Interruption Médicale de Grossesse) après un DPN (diagnostic prénatal) qui aurait diagnostiqué que le fœtus était porteur de la maladie.

      Les Français ne sont cependant pas unanimes sur la question du DPI. Il s’avère en effet qu’une vingtaine de pourcents considère cette pratique comme « dangereuse ». Certains acteurs importants de la communauté scientifique française, comme Jacques Testart, mettent déjà en garde contre la dérive eugéniste que pourrait connaître la France dans les années à venir.

        Au-delà de l’aspect purement législatif, le DPI renferme différents points de controverse qui se situent à différentes échelles et qui portent sur des thèmes aussi différents que l’éthique, la législation ou la définition de la vie. Ces controverses sont soit « passives » (évolution d’un débat éthique sur le long terme par exemple), soit actives. En effet, il est arrivé plusieurs fois qu’un événement particulier fasse ressurgir les peurs et/ou interrogations relatives à telle ou telle question, et ce dans un laps de temps relativement restreint. Prenons comme exemples le Téléthon 2006, où la polémique sur la recherche embryonnaire et sur la définition de la vie a pris une ampleur nationale, ou encore lorsque différents acteurs importants comme l’Agence de la Biomédecine, Jacques Testart, Israël Nisand et Stéphane Viville se sont « affrontés » au cours des dernières semaines d’octobre 2006 par l’intermédiaire de déclarations faites dans le journal "Le Monde", suite à l’article du journaliste Jean-Yves Nau après son entretien avec le professeur Stéphane Viville (de l’hôpital de Strasbourg) l’été dernier.

Sur les deux extensions du DPI

        Notre objectif dans cette description de controverse était de détailler le plus possible les controverses ayant accompagné les deux extensions actuelles du DPI en France. Cependant, avant de parvenir à l’adoption de la pratique du « bébé du double espoir », et au cas de l’application du DPI au diagnostic d’une des formes du cancer du côlon, il nous a paru indispensable de préciser la notion de DPI, et les problèmes qu’il a suscité lors de son introduction en France.

        En effet, les arguments avancés dans le cas des deux extensions ne sont pas seulement des arguments « techniques ». La notion d’éthique a une place prépondérante dans cette étude, et il était essentiel de montrer que les problèmes posés par les extensions du DPI au bébé médicament et au cancer du côlon ne sont pas seulement des problèmes liés à des limitations techniques de la médecine.

        En ce qui concerne la pratique du « bébé du double espoir » en France, nous n’en sommes pour l’instant qu’au stade ou le décret d’application vient d’être voté. La parution du décret le 23 décembre dans le journal officiel de la république française semble être cependant passée assez inaperçue. Aucun bébé du double espoir n’est évidemment pour l’heure né en France, mais il y a fort à parier qu’un nouveau débat devrait être lancé lorsque les médias annonceront dans quelques mois la naissance du premier bébé du double espoir en France.

        En effet, les acteurs qui interviennent dans ce point de controverse sont soit des acteurs « spécialisés » (comme les directeurs des centres habilités à la pratique du DPI par exemple) soit des « officiels » tels que les parlementaires et sénateurs. Il semble très vraisemblable qu’une bonne partie de la population française ne soit pas au courant de la pratique du DPI en France et encore moins de la technique dite du bébé du double espoir.

        Attendons-donc la fin de l’année 2007 pour connaître la réaction du peuple français à la probable annonce de la naissance du premier bébé du double espoir en France.


        Quant au problème posé par « l’extension » du DPI au cancer du côlon (comprendre une des formes du cancer du côlon), c’est un problème encore plus d’actualité puisqu’il s’avère que déjà trois bébés ont vu le jour à l’hôpital de Strasbourg.

        Pour Stéphane Viville, il n’y a aucune entrave à la loi puisque selon lui, les critères rentrent parfaitement dans ceux définis par la loi de 1994. Pour l’Agence de la Biomédecine, le professeur Viville ne respecte pas la loi. M. Viville affirme qu’il est certain de développer le cancer quand on est porteur du gène, alors que l’Agence de la Biomédecine parle quant à elle de simple prédisposition. A l’heure actuelle, une commission spéciale (au sein de laquelle l’Agence de la Biomédecine et l’INCa travaillent conjointement) enquête sur  ce point crucial. Les résultats seront connus dans un délai que nous ne connaissons pas encore très précisément.

        Toute la controverse sur l’extension du DPI au diagnostic du cancer du côlon repose sur un problème de définition dans les textes de loi. Il s’ensuit alors un débat éthique qui dépasse de loin le cadre législatif. En effet, si les résultats de la commission viennent à nous apprendre qu’il s’agit plutôt d’une probabilité et non d’une certitude, et dans le cas où la pratique du DPI au cancer continuerait toujours à se faire, il apparaîtrait alors crucial de savoir où poser les limites. Une probabilité de 99,99% ne représente pas du tout la même chose qu’une probabilité de 95%. Jacques Testart se bat pour que l’on ne traite que les maladies qui ont une probabilité totale de se développer. Pourquoi en effet, et selon lui, s’arrêter plus à 95% qu’à 75% ?

Sur l'avenir de cette controverse

        Aujourd'hui, les controverses sur le DPI sont un peu dans le "creux de la vague", mais vont toutes être réveillées d'ici peu. En ce qui concerne la pratique du DPI en lui-même, il y a fort à parier que le prochain Téléthon soulèvera de nouvelles vagues de protestations face aux diverses manipulations d'embryons, et en particulier le DPI, comme ce fut le cas en 2006. Concernant le bébé médicament, c'est certainement l'annonce du premier bébé médicament français qui sera largement exploitée par les médias et qui réveillera la controverse. Quant au problème de l'extension du DPI à des formes de cancer du côlon, la situation en France ne devrait probablement pas évoluer jusqu’à ce que les résultats de la commission soient publiés.


        L'étude de controverse en elle-même est maintenant finie. Les pages suivantes sont consacrées aux acteurs de la controverse, ainsi qu'à un historique récapitulatif de la controverse, et une bibliographie sous forme de carte des sites Internet intéressants sur le sujet
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