Le diagnostic
pré-implantatoire

       
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Introduction à la problématique
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Introduction à la problématique

    Vous souvenez-vous du scandale du Téléthon ? Le 10 novembre dernier, Le Monde titrait : Des catholiques contre le Téléthon. "Les responsables catholiques du diocèse de Fréjus-Toulon vont-ils conseiller aux fidèles de ne pas participer aux manifestations et au financement du Téléthon des 8 et 9 décembre ? Dans une lettre de la commission bioéthique de ce diocèse, la collecte de fonds pour la recherche contre les maladies génétiques est qualifiée de "grand show médiatique" instaurant une "stratégie eugéniste" par le "tri sélectif des embryons". La commission assure qu'"il n'est plus possible de financer le Téléthon" et que les fidèles devraient réserver leur générosité à une "médecine éthique"." A l'origine de cette tempête médiatique : le diagnostic génétique préimplantatoire. Ce site propose une approche globale de la problématique qu'il engendre.


  • La méthode  
   
    Le diagnostic génétique préimplantatoire (DPI) permet de procéder au transfert sélectif d'embryons dépourvus d'une anomalie génétique donnée. Techniquement, le DPI nécessite l'utilisation d'une méthode de procréation médicalement assistée, la fécondation in vitro (FIV), en vue de l'obtention d'un embryon humain. Cet embryon doit être ex utero pour être accessible au diagnostic. Le diagnostic biologique est pratiqué à partir de cellules prélevées sur l'embryon généralement à 3 jours. Ne seront transférés in utero que les embryons dépourvus de l'anomalie recherchée. 



            


  • Un premier débat éthique
    Le DPI est une technique initialement prévue pour que son application soit réservée aux couples qui ont une forte « probabilité de donner naissance à un enfant atteint d’une maladie génétique d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic » (art .L.2131-4 du code de la santé publique). Ce diagnostic est censé être réalisé dans l'intérêt de l'enfant, et permet d'éviter le recours au diagnostic prénatal et à l'avortement thérapeutique qu'il peut induire.

    On comprend tout de suite les objections que l'on peut faire à l'égard de cette pratique. Citons par exemple la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses (CES) : "le DPI doit être refusé car il instaure pour la première fois une politique eugénique délibérée. Le DPI est un eugénisme dans la mesure où il consiste à éliminer tout embryon dont les gènes défectueux pourraient conduire à une maladie héréditaire. Ceci constitue une nouvelle forme de sélection. La distinction entre un embryon acceptable et non-acceptable est arbitraire. De plus, le DPI est contraire à la dignité humaine, protégée par la Constitution fédérale (cf. art. 119 cst, al. 1). Accepter le DPI, c’est porter atteinte aux principes d’égalité et de justice. Les personnes ayant un handicap n’auraient plus droit à la vie ! Le DPI est un affront à l’égard de beaucoup de personnes handicapées."

  • Le DPI dans l'actualité : de nouvelles controverses

     Lors de la révision des lois de bioéthique, en 2004, il fut prévu d'élargir le champ d'application du DPI au "bébé médicament". Il s'agit de créer in vitro  des embryons et de sélectionner celui dont le système immunitaire est compatible avec celui d'un frère ou d'une soeur malade, afin de prélever sur lui les tissus ou cellules nécessaires pour guérir l'aîné. Jean-Yves Nau, journaliste au Monde, interroge : "Pouvait-on, en d'autres termes, s'autoriser à programmer la naissance d'un enfant qui, au stade embryonnaire de son développement, aurait été retenu au motif que certaines de ses caractéristiques biologiques permettraient, peut-être, de sauver son frère ou sa soeur, tôt condamnés à mort ?" En 2002, le Comité consultatif national d'éthique, dans un avis, se montrait plutôt défavorable à cette pratique. Une minorité seulement avait soutenu la légalisation des bébés médicaments, "par souci de solidarité". L'extension du DPI au bébé médicament fut finalement votée dans le cadre de la loi de bioéthique de 2004. Les décrets d'application ne sont parus que très récemment.

    Fin septembre 2006, deux équipes de généticiens (de Montpellier et de Strasbourg) ont annoncé vouloir élargir le DPI à l'identification d'une "prédisposition" à certains cancers connus pour être liés à des facteurs génétiques. Le dossier a été saisi par l'Agence de la biomédecine et l'Institut national du cancer. Carine Camby, directrice de l'Agence de la biomédecine, estime que cette extension est "contraire aux dispositions législatives en vigueur". Jean-Yves Nau conclut : "Peut-on accepter aujourd'hui en France un tri des embryons fondé non plus sur la certitude génétique, mais sur une probabilité statistique ?"

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