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Le rôle des abeilles dans la dissémination du pollen : une expérience dans le Lot-et-Garonne, une dissémination beaucoup plus importante.

Cette expérience fait suite à la volonté d’un agriculteur d’implanter un champ d’OGM Grézet-Cavagnan (47). Pour la campagne 2006, il avait annoncé son intention d’implanter 100 ha de maïs OGM. Alerté par un agriculteur voisin (M. André Lecomte), le Comité Vigilance OGM 47 informe l’ensemble des habitants de la commune concernée par courrier, en janvier 2006. Le 16 Mars 2006, a été organisée à la Salle des fêtes de Grézet-Cavagnan une réunion publique animée par Guy Kastler, de la Commission OGM de la Confédération Paysanne. Un débat a opposé promoteurs des OGM (AGPM, BIOGEMMA) aux partisans d’un environnement agricole protégé (paysans, apiculteurs, et consommateurs). Au cours de cet échange, les paysans ont proposé aux pro-OGM d’implanter des parcelles de maïs traditionnel et d’installer des ruches à proximité des OGM pour évaluer l’impact de ceux-ci sur les cultures voisines. Les pro-OGM ont refusé la proposition, les paysans et apiculteurs ont néanmoins décidé de mener l’expérience.

Trois parcelles ont été mises à disposition par des agriculteurs de Grézet-Cavagnan pour semer des maïs population. Sous l’égide du Collectif « Aquitaine Avenir sans OGM », un dossier technique a été élaboré par la structure agricole Civam Agrobio 47, à laquelle sont associés solidairement : Confédération Paysanne, Comité Vigilance OGM 47, profession apicole, et Réseau Semences Paysannes.

En accord avec les autres partenaires , le Civam Agrobio 47 a mandaté Philippe Catinaud, artisan semencier et ingénieur agronome, pour le suivi de l’opération. A l’image de la diversité des maïs mis en culture dans le département du Lot-et-Garonne, c’est un mélange de maïs (population) qui a été semé le 04 Mai 2006 . Au moment de la floraison (du 6 au 16 Juillet 06) les maïs paysans au même stade que le maïs OGM ont été identifiés. Par la suite, des prélèvements ont été effectués pour analyses. Toutes les opérations décisives : semis, marquage, prélèvements, ont été effectuées sous les contrôle d’un huissier (Maître Granier, de Marmande 47200). La même procédure a prévalu pour l’implantation des ruches. Cette opération a été mise en place et suivie par M. Maurice Coudoin, apiculteur, qui a déposé 9 ruches réparties sur 3 sites distants de 400, 1200 et 1500 mètres du champ OGM (du 8 au 17 juillet). Le dépôt et le retrait des scellés ont été effectués devant huissier. L’ensemble des échantillons prélevés : pollen sur ruches et maïs sur parcelles, ont été mis sous sachets scellés et envoyés au laboratoire d’analyses.

Les résultats :

Tous les échantillons de maïs analysés démontrent que l’ensemble des 3 parcelles étudiées est contaminé avec présence certifiée d’OGM. Pour deux d’entre elles, l’une contiguë à la parcelle 0GM (soit à 25 mètres de la source OGM) le taux de contamination est de 0,3% d’ADN, l’autre située à 80 mètres (soit 105 mètres de la source OGM) à 0,1% d’ADN. Tous les échantillons de pollen de maïs analysés font aussi apparaître des contaminations . On a relevé des taux de contamination autour de 40% pour le rucher à 400 mètres, et entre 40 et 50% concernant le rucher situé à 1200 mètres.

On assiste donc au démarrage d’une contamination qui est bien présente sur toutes les parcelles de maïs étudiées dans un rayon de 300 mètres. La forte présence d’OGM dans le pollen de maïs (jusqu’à 50% dans la ruche à 1200 mètres) suscite de nombreuses interrogations quant au niveau de contamination des parcelles situées audelà des 300 mètres et qui n’ont pas fait l’objet d’étude.

Parcelle

Distance du maïs étudié / maïs Bt

Teneur transgénique

1

15 m

0.3%

2

95 m

0.1%

3

305 m

Détecté mais non quantifiable

Cela a pour conséquence que, selon le cahier des charges de l’agriculture biologique ou de toute filière de qualité excluant les OGM (certains poulets labels par exemple), tout maïs cultivé dans un périmètre de 300 m d’une source de maïs Bt (ou plus comme le laisserait supposé les résultats sur pollen) aura obligation d’être analysé et ne pourra être vendu avec la mention « sans OGM », si sa floraison est concomitante avec le maïs Bt. La filière française de maïs doux est aussi exposée dans ce périmètre. Jusqu’à présent, elle bénéficie d’un crédit de qualité qui l’exempte de présenter des analyses. Dorénavant, si le maïs Bt venait à se développer dans la région, le maïs doux contiendrait une certaine quantité d’OGM.

Protocole expérimental pour les parcelles de maïs :

Le 4 Mai 2006, parallèlement au semis d’OGM, notre agriculteur a semé 3 parcelles de maïs avec notre mélange de 12 populations baptisé « Maxiflore » pour une surface totale inférieure à 1 ha. Ces parcelles sont situées respectivement à 0 m, 80 m et 290 m d’un champ OGM. Si l’on considère qu’une bordure d’isolement de 18 rangs de maïs conventionnel a été réalisée par le producteur OGM, les maïs se situent à environ 15 m, 95 m et 305 m du maïs Bt. Du 6 au 16 juillet, les expérimentateurs ont repéré et marqué les poupées de maïs fécondables pendant que le maïs Bt dégageait son pollen. Mi Août, il a été collecté 120 épis sur chacune des parcelles, de manière représentative: par exemple, dans la parcelle “jardin”, sur 600 épis repérés, un épi a été pris tous les cinq marqués. A partir de ces prélèvements, ces maïs ont été égrainés et il a été envoyé plus de 3 kg de grains par parcelle au laboratoire agréé pour analyse de la contamination. L’ensemble de ces opérations ont été faites en présence d’un huissier, Maître Granier, afin de certifier l’authenticité de la démarche.

Protocole expérimental pour les ruches :

Trois lots de trois ruches ont été disposés dans trois lieux différents : 1. Métairie de Bas : à environ 400 m de la périphérie des parcelles de maïs Bt. 2. La Roque, côte 124 : à environ 1500 m de la périphérie des parcelles de maïs Bt. 3. Cassouet : à environ 1200 m de la périphérie des parcelles de maïs Bt.

Les ruches, provenant de la zone châtaignier située au Nord de Bergerac, avaient été sélectionnées afin de présenter un profil homogène. Elles ont été positionnées sur les 3 sites respectifs le 1er juillet. L’expérimentation a réellement débuté le samedi 8 juillet : des hausses vides destinées à la récolte du miel et les tiroirs des trappes à pollen ont été mis en place en présence de Maître Granier, huissier de justice, qui a procédé à la mise sous scellés. La fin de l’expérimentation et les prélèvements de miel et de pollen ont été effectués le lundi 17 juillet, toujours sous contrôle de Maître Granier, qui a procédé à l’expédition au laboratoire Atlangène - 9 rue du chêne lassé - 44818 St Herblain.

La mise en place des dites ruches poursuivait 2 objectifs: _ Le pollen : rechercher la présence de la toxine ou de l’ADN du Bt et les quantifier. _ Le miel : rechercher la présence de pollen de maïs dans le miel récolté et sa provenance (maïs Bt)

Quelques considérations :

Topographiques : les ruches des lots 2 et 3, positionnées respectivement à 1500 et 1200 m à l’Ouest de la zone Bt étaient séparées de la dite zone par une ligne de crête continue, boisée de surcroît, formant écran; alors que vers l’est, leur environnement immédiat comportait bon nombre de parcelles de maïs conventionnel...

Météorologiques : la période d’expérimentation (8 au 17 juillet) a été caractérisée par des températures très élevées de l’ordre de 30 à 37 degrés. Cette situation de canicule a vraisemblablement entraîné un arrêt de ponte qui a eu pour effet de limiter la récolte du pollen.

Origine du pollen : le pollen de maïs représentait jusqu’à 50 à 70 % des apports, le reste étant principalement constitué par du pollen de tournesol et de ronce.

Résultats obtenus :

Parcelle

Distance

Teneur en ADN transgénique

1

400 m

Autour de 40 %

2

1500 m

Détectée mais non quantifiable

3

1200 m

Entre 40 % et 50 %

 

Les critiques de l’expérience :

Cette expérience prend en compte les deux vecteurs de contaminations : vent et abeilles. Elle montre que la contamination avec les abeilles peut aller beaucoup plus loin, ainsi on retrouve du pollen OGM jusqu’à plus de 1500 mètres et en pourcentage conséquent. Cette étude a été réalisé par des opposants aux OGM, ainsi, ils ne se basent pas sur la loi pour dire quel doit être le périmètre de sécurité, mais uniquement sur le fait qu’il y a des contaminations à plus de 1500 mètres.