Un débat qui s’envenime

La plupart des acteurs du débat reconnaissent à Aubrey de Grey une intelligence hors normes, mais ne l’épargnent pas dans leurs critiques.

Ainsi, Nuland voit en De Grey un organisateur au charisme rare. De plus, sa logique apparemment implacable est très convaincante. Cependant, Nuland pointe la mégalomanie du personnage, conscient de ses grandes facultés intellectuelles.
Aubrey de Grey se pose d’ailleurs volontiers en précurseur incompris, et on note dans les lettres de lecteurs du Technology Review que de nombreux universitaires américains le considèrent comme un visionnaire: ses thèses restent à prouver, mais elles font avancer la science en proposant une approche nouvelle.
Aubrey de Grey utilise fréquemment cette position pour taxer ses opposants d’ignorance.Cela agace profondément ses détracteurs, et les attaques personnelles se multiplient. Le plus acerbe de tous est Jason Pontin, qui le décrit comme un personnage socialement décalé, et qui critique son apparence physique, son mode de vie. Il écrit à son sujet, en février 2005 dans le Technology Review :  « De Grey pense qu’il est le Messie de la technologie. Mais […] il boit trop de bière.»

Plus grave, certains l’accusent de discréditer la biogérontologie. Dans l’article du EMBO Report précédemment évoqué, les auteurs se plaignent de l’image de charlatans qu’on leur attribue. Le développement de cette science nouvelle en est, selon eux, freiné. C’est pourquoi ils souhaitent que ce genre de débat ne soit pas porté sur la place publique, mais réglé entre experts.