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Entre l'apparition de la maladie chez l'homme, il y a près d'un an, et le plus fort de la polémique sur la vaccination contre la grippe A/H1N1, à l’hiver 2009, de nombreuses positions, parfois totalement contradictoires, ont été prises quant à la question « faut-il se vacciner » ?
En effet, de semaine en semaine, d'étude en étude, l'avis des experts comme celui de la population semblaient se modifier. Finalement ce qui était présenté comme une menace très importante n'a pas eu les conséquences attendues, et les Français ne sont que très peu allés se vacciner malgré leurs craintes initiales.
Si l'on ne peut que se réjouir du nombre final de victimes moins élevé que celui que l’on attendait, il convient désormais d'analyser avec du recul les différents aspects de la campagne de vaccination, principalement en France.
Car la polémique dure toujours sur une éventuelle nocivité du vaccin et sur son efficacité.
Comment expliquer que les gens n'aient pas adhéré à la campagne de vaccination ? Pourquoi les choses ont-elles pris une tournure radicalement différente de ce à quoi l'on s'attendait ? Comment expliquer que les vaccins aient été achetés en grande quantité puis revendus par la France ?
Mais surtout, était-ce nécessaire d'organiser une telle campagne de prévention, au nom du principe de précaution, alors que chaque année, la grippe saisonnière fait un nombre plus important de victimes ?
Les virus grippaux sont classifiés par code. La première lettre (type A, B ou C) donne des informations sur le contenu du virus (l’antigène interne). Les quatre caractères suivants, de la forme H1N1 où seuls les chiffres peuvent changer (H1N1, H5N1, H3N2,...) renseignent sur la structure externe du virus (ses caractéristiques de surface).
Le monde, donc aussi la France, connaît chaque année une épidémie de grippe, la grippe saisonnière. Les populations les plus à risque sont les jeunes enfants et les personnes âgées, pour qui la vaccination est recommandée. Ces vaccins, préparés d’une année sur l’autre sont largement utilisés et n’ont jusqu’ici jamais suscité de polémique. Le taux de mortalité pour cette souche est de 0.01%.
Périodiquement commence une épidémie de grande ampleur, due à l’émergence d’une nouvelle souche virale : grippe espagnole en 1918, grippe de Hong-Kong en 1968, grippe aviaire en 2004 (virus H5N1), grippe porcine en 2009 (virus H1N1),... On peut ici atteindre des taux de mortalité très élevés, avec plus de 30% dans certains cas (grippe aviaire).
En mars 2009, un virus de la grippe de type A a subi une mutation importante. Les défenses naturelles de la population et les vaccins existants n’étaient donc pas propres à éviter la contamination, d’où l’apparition de l’épidémie.
Un point important à noter pour la controverse est que l’on a cru pendant un temps que ce virus était agressif, avant de se rendre compte qu’il était certes très contagieux, mais assez peu dangereux, d’où une période de panique.
Durant cette période, le gouvernement a tout d’abord décidé d’appliquer le principe de précaution, avec reprise, notamment, des procédures pour la grippe H5N1 de 2005. Une fois ce mécanisme lancé, et avec lui la commande des vaccins avant même leur élaboration définitive, malgré l’évolution de la situation qui donnait des nouvelles rassurantes, il était difficile, voire quasi-impossible de faire marche arrière. C’est ce qui peut expliquer en partie les décisions qui ont semblées démesurées par la suite. Par exemple, au début de l’été 2009, les laboratoires ont annoncé que deux doses de vaccin seraient nécessaires pour protéger efficacement, alors que finalement, une suffit.
Il faut tout d’abord savoir que dans presque tous les cas, la vaccination contre la grippe doit se faire chaque année si l’on veut qu’elle soit efficace. En effet, si pour certaines maladies, un rappel tous les 10 ou 15 ans suffit, du fait des mutations spontanées du virus, on a ce que l’on appelle un « glissement », qui le rend légèrement différent d’une année sur l’autre, et donc empêche le vaccin « version 2009 » de protéger contre le virus « version 2010 ».
Toutefois, en cas d’épidémie importante, et comme les laboratoires en auront le temps, la protection contre le virus AH1N1 sera intégrée au vaccin de la grippe saisonnière dès l’hiver 2010. (C’est déjà ce qui se fait pour la grippe espagnole, la grippe de Hong-Kong,... )
Ainsi, les gens vaccinés lors de la campagne massive à l’hiver 2009 ne sont pas protégés « ad vitam aeternam » contre ce virus et auront logiquement à retourner chez leur médecin un an plus tard pour s’immuniser contre une souche qui n’a aucune raison d’être moins dangereuse cette fois-ci (mais certes aucune raison d’être plus nocive non plus !).
Les risques liés à la grippe et mis en avant par les « pro-vaccination » sont listés par la suite.
- le premier, et non moins important, est celui de contaminer une personne tierce. Vacciner serait alors un acte d’altruisme puisque si la grippe peut n’avoir aucune conséquence chez certains, voire n’être pratiquement pas décelable par symptômes, elle pourrait être transmise à quelqu’un de plus fragile (d’autant plus que comme on l’a déjà dit, le virus de la grippe AH1N1 est très contagieux)
- les symptômes de la grippe saisonnière : fièvre, courbatures, mal de tête,... cela arrive dans environ 20% des cas.
- pneumonie bactérienne. Dans 1/10 à 1/100 des cas de grippe, avec une préférence pour les gens déjà affaiblis par une autre maladie chronique. Elle se soigne assez bien mais dangereuse pour les personnes fragiles.
- le Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu (SDRA). Il touche n’importe qui dans 1/100 000 à 1/1 000 000 des cas de grippe et est mortel dans environ 1% des cas de SDRA.
- problèmes neurologiques, surtout le syndrome de Guillain Barré. On pense qu’il peut aussi être lié à la vaccination dans certains cas. Dans les cas non graves (fourmillements dans les mains par exemple), la guérison se fait souvent d’elle-même. Dans 85% des cas les symptômes ne sont que passagers, il y a une récupération totale en 6 à 12 mois. 10% des malades gardent des séquelles, et dans 5% des cas observe des rechutes menant vers une paralysie définitive ou la mort.
- décès. Il est difficile d’établir un lien entre le nombre de décès et celui des cas de grippe, mais le graphique suivant, issu du Réseau Sentinelles (surveillance médicale) en donne une idée.
En effet, il a beaucoup été question, durant la polémique sur la question « faut-il se vacciner? », des risques que prenaient les volontaires, car en raison du manque de recul sur le vaccin, on n’était pas sûr que le risque potentiellement évité en s’immunisant soit plus important que celui pris en s’inoculant la substance.
Un vaccin classique ne contient que de l’eau, des sels minéraux, et quelques substances anodines ne posant des problèmes qu’en cas d’allergies (par exemple, des protéines de poulet). Enfin, il y a des fragments de virus rendus inoffensifs.
Pour diminuer le temps qu’il faut à l’organisme pour préparer ses défenses suite à la vaccination, donc améliorer l’efficacité du vaccin en le rendant actif plus rapidement, on peut utiliser des adjuvants, espèces qui vont accélérer la production d’anticorps par le système immunitaire. Parmi les adjuvants, on trouve le squalène, le plus controversé dans notre cas, l’aluminium ou le mercure.
Voici les informations officielles concernant les risques liés aux effets secondaires des vaccins. Il est toutefois important de noter que ceux-ci sont en partie basés sur des observations après-coup et qu’ainsi, il est n’est pas possible de garantir l’exhaustivité ni l'actualité de ces listes.
Les définitions suivantes sont utilisées :
Au cours des essais cliniques, on a relevé :
Les effets indésirables cités ci-dessous sont survenus au cours de la surveillance après commercialisation de Pandemrix H1N1:
Les effets indésirables cités ci-dessous sont survenus dans les jours ou semaines suivant la vaccination annuelle habituelle avec les vaccins grippaux saisonniers. Ces effets indésirables sont susceptibles de survenir avec Pandemrix.
Effets indésirables de Celvapan H1N1 observés chez les adultes enfants au cours du programme de vaccination contre la grippe pandémique :
Les effets indésirables cités ci-dessous sont survenus dans les jours ou les semaines suivant la vaccination annuelle avec les vaccins grippaux saisonniers. Ces effets indésirables sont susceptibles de survenir avec Celvapan.
Il faut toutefois noter que la plupart de ces effets secondaires sont aussi présents dans le cas de vaccin contre la grippe saisonnière.
Il est très difficile de savoir ce qui est réellement dû au vaccin. On a ainsi déjà mené des études cliniques où un placebo était injecté au patient, alors que celui-ci pouvait être victime de certains de ces symptômes. Cela montre une grosse influence du l’aspect psychologique de la vaccination.
Globalement, les accidents graves avec le vaccin grippal sont très rares alors que les conséquences bénines sont assez fréquentes.
Ainsi, il peut être moins risqué de contracter une grippe bénine qui immunisera par la suite contre le virus de la grippe AH1N1 par similitude entre les virus, que de se faire vacciner. De plus, la contamination « naturelle » apportera une immunité bien plus forte.
Un des axes possibles est donc de peser le pour et le contre entre le risque d’une grippe tous les 15 ans (et ses éventuelles complications) avec les risques associés à un vaccin annuel, sachant que l’efficacité du vaccin grippal est habituellement de 50%.
Le débat a eu pour origine l’utilisation d’un adjuvant, le squalène, un corps gras accélérant le processus de fabrication des anticorps par l’organisme.
En effet, en raison de l’urgence de la situation, on a ajouté au vaccin ce produit. Toutefois, on sait que cet ajout a des conséquences physiologiques : rougeurs locales et inflammations dans la zone de piqûre, auxquels on ne sait s’il faut rajouter des conséquences plus graves : un doute persiste sur son effet déclenchant pour des maladies auto-immunes.
On commence à disposer de données canadiennes qui montrent une fréquence d’accidents graves (dont des décès) de 1/250.000 vaccinés par un vaccin au squalène proche du Pandemrix et des études anglaises récentes vont dans ce sens. Par ailleurs, dans les quelques jours suivant son injection, on a aussi relevé un cas de sclérose en plaque et un décès, sans que le lien ait pu être établi.
En France, il y avait plusieurs types de vaccins en fonction de l’âge de la personne (et éventuellement de contre-indications médicales), dont le Pandemrix et d’autres contenant du mercure (le thiomersal). Il faut préciser que dans ce deuxième cas, on ne sait pas s’il y a des risques encourus, mais que l’urgence de la situation a justifié aux yeux des autorités son utilisation.
Si les autorités sanitaires font d’ailleurs confiance à ces produits, les fabricants ont pour leur part demandé à être légalement libérés de toute responsabilité vis-à-vis de leur utilisation.
En effet, au tout début de l’épidémie au Mexique, le gouvernement français se trouvait dans une situation d’urgence : il n’avait pas entièrement évalué la menace virale qui devenait de plus en plus concrète. Dans l’incertitude, il a donc préféré appliquer le principe de précaution. L’industrie pharmaceutique a alors profité de cette situation pour vendre un maximum de vaccins au gouvernement français. Par ailleurs, récemment rendus publics, les contrats passés par l'Etat avec les laboratoires pour la commande de vaccins H1N1 semblaient excessivement favorables aux fournisseurs. Les juristes confirment des dispositions exceptionnelles, acceptées pour obtenir rapidement les 94 millions de doses voulues par l'Etat. En cause, pour trois des contrats (Baxter, Novartis et Pasteur), des articles prévoyant par exemple :
« A titre dérogatoire et considérant les circonstances exceptionnelles qui caractérisent le présent marché, l'Etat s'engage à garantir le titulaire [du contrat] contre les conséquences de toute réclamation ou action judiciaire qui pourraient être élevées à l'encontre de ce dernier dans le cadre des opérations de vaccination, sauf en cas de faute du titulaire ou sauf en cas de livraison d'un produit non conforme aux spécifications décrites dans l'autorisation de mise sur le marché. »En clair, si le produit est conforme, mais que des effets secondaires graves survenaient (type syndrome de Guillain-Barré), les laboratoires n'auraient pas à supporter la charge financière d'éventuelles condamnations. En vertu de ces dispositions, si une victime « ayant intérêt à agir » décidait de poursuivre un laboratoire après un effet secondaire grave, l'entreprise pourrait de se défausser sur l'Etat, qui devrait indemniser.
Cependant, la vraie question est celle de savoir si les industriels n’ont exercé aucune pression sur le gouvernement afin de défendre au mieux leurs bénéfices. Nous pouvons aussi nous demander quels sont les intérêts économiques de l’Etat dans une telle crise sanitaire. Nous n’aurons probablement pas la réponse avant quelques années (les laboratoires refusant de nous accorder une interview), mais ce que l’on peut en conclure c’est que le brouillard entretenu autour de cette dimension économique de la campagne de vaccination a suscité chez la population une violente critique du gouvernement, ce qui a pu participer à la non-adhésion des gens au programme de vaccination.
Le gouvernement français a eu un rôle majeur dans la controverse. Les dirigeants ont organisé la campagne de vaccination en se basant sur des concertations avec les experts et les organismes de suivi et d’études. Les dirigeants ne pouvaient se permettre de donner l’impression d’être incapables de protéger la population. Le système de santé français est réputé efficace, mais se révèle aussi mal organisé. Sur la scène politique mondiale, les enjeux des décisions françaises étaient donc aussi à prendre compte.
Dès les premiers cas de grippe A/H1N1 survenus au Mexique, les médias ont couvert l’événement et la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a participé à de nombreuses conférences de presse, multiplié les annonces et les débats avec les experts. Le gouvernement a dès lors montré son implication dans ce problème et sa volonté d’agir au mieux pour éviter à la population une épidémie.
S’en est suivie une deuxième phase politique, au cours de laquelle les autorités ont cherché à rassurer la population. En effet, les premiers décès étaient survenus et avérés et l’Etat a décidé de relativiser la dangerosité du virus. En conséquence, le public a été un peu déstabilisé et beaucoup ont commencé à se désintéresser du problème. Les premières vagues d’opposition se sont fait entendre, mais pour le moment, il était plutôt question de divergences politiques.
Le ministère de la Santé a ensuite communiqué sa décision de lancer une campagne de vaccination massive. Les deux vaccins Panenza et Pandemrix avaient été approuvés par les autorités compétentes. La politique était de commander un nombre très important de doses de vaccin afin de pouvoir l’injecter à la majorité de la population deux fois (deux doses étaient à cette époque considérées nécessaires). Pour injecter le vaccin, des centres de vaccinations ont été ouverts aux Français. Une campagne de vaccination prioritaire a également été lancée pour protéger le personnel soignant et les jeunes, plus vulnérables. Les oppositions se sont ensuite beaucoup fait entendre. Les experts et personnes informées ont commencé à critiquer la politique de vaccination massive alors qu’un pourcentage de vaccinés restreint aurait suffit à endiguer l’épidémie.
Suite à ces communiqués, les autorités médicales et pharmaceutiques ont annoncé qu’une dose unique était finalement suffisante et les premiers effets secondaires graves de la vaccination se sont fait connaître. Il en a résulté un scepticisme de la population. De plus, la grogne des médecins et des étudiants de permanence dans les centres s’est fait ressentir.
Devant des résultats médiocres, le gouvernement a tenté de relancer la vaccination entre autres en élargissant les plages d’ouverture des centres. Cette politique de communication ne s’est pas révélée très efficace et la population s’est rendue compte que le virus de la grippe A/H1N1 n’était pas aussi dangereux que ce qu’avait prévu l’OMS.
En conclusion, il apparait donc que le gouvernement, voulant rassurer la population mais aussi bénéficier d’une plus-value politique, a tenté de montrer qu’il était prêt à tout faire pour défendre la santé de ses citoyens. Cependant, ce n’était pas forcement le meilleur calcul politique car les gens ont vivement critiqué, après-coup, le zèle qui a couté si cher au contribuable.
De plus, assez souvent, l’opposition à la campagne de vaccination s’est faite sur des bases de considérations politiques subjectives : l’opposition a par exemple de facto rejeté le vaccin.
Nous ne pouvons certes pas définir précisément la proportion de personnes qui bâtissent leurs opinions personnelles ainsi, mais nous pouvons cependant voir en ces opposants politiques des facteurs embrouillant l’opinion personnelle en lui délivrant un message contraire à celui du gouvernement. C’est dans ce sens que cette influence nous intéresse surtout.
L'épidémiologie est une science étudiant les facteurs influant sur la santé et la propagation des maladies chez l'homme Il s'agit de déterminer dans cette partie dans quelle mesure elle permet de répondre à la question « faut-il se faire vacciner contre la grippe H1N1 ».
Les données épidémiologiques en France sont recueillies par le réseau Sentinelles. Le but de la vaccination n'est plus seulement ici de protéger l'individu, mais également d'endiguer l'épidémie. Par exemple, certaines personnes sont porteuses saines du virus (elles ne subissent pas les effets indésirables de la maladie, mais sont bien infectées par le virus et peuvent le transmettre). Il faut regarder l'épidémie à une échelle plus grande: la décision individuelle sur la vaccination porte souvent sur la balance bénéfices/risques, prenant en compte l'efficacité et les effets indésirables du vaccin face à la dangerosité de la maladie, on s'interroge ici sur la santé d'une population entière.
Pour plus de détails sur l'épidémiologie, on peut se référer à l'interview de Michaël Basson, épidémiologiste à l'ENS.
L'infectiosité supposée de la grippe H1N1 étant très grande, les mesures sanitaires habituelles (se laver les mains, port de masque,...) ne suffisent plus, il faut aussi procéder à une vaccination en masse de la population. En priorité, on vaccine les personnes les plus exposées et ayant les contacts les plus fréquents avec la population, afin qu’elles n’accélèrent pas le phénomène de propagation de l’épidémie. C'est pour cela que la campagne de vaccination française a débuté par celle du personnel sanitaire, bien avant celle du grand public. Mais il faut aussi mettre en relation avec cette vaccination préventive la dangerosité du vaccin. La grippe H1N1, bien que très infectieuse, n'a finalement pas été plus mortelle qu'une grippe saisonnière, et c'est notamment de là que proviennent de nombreuses critiques à l'encontre de la politique des autorités publiques. Pourquoi dépenser autant d'argent et d'énergie dans une campagne de vaccination pour une maladie peu dangereuse, alors qu'une immunisation naturelle (c'est-à-dire devenir plus résistant à la maladie après l'avoir attrapée) est beaucoup plus efficace. Une partie de la population a pris cette décision d'attraper volontairement la maladie alors qu'elle était encore bénine afin d'être protégée pendant de nombreuses années, au lieu de devoir se faire vacciner tous les ans.
Aucune étude n'ayant été réalisée, il est difficile de savoir pour quelles raisons chaque individu a décidé ou non de se faire vacciner. Les données épidémiologiques sur le virus étant peu nombreuses du fait de sa nouveauté, l'épidémiologie ne peut donner de réponse indiscutable sur le problème de la vaccination. Il peut être reproché à la politique des autorités publiques d'avoir trop souvent fait appel au principe de précaution, particulièrement en voulant endiguer l'épidémie par une vaccination massive mal gérée, qui n'a d'ailleurs finalement eu lieu que partiellement à cause des réticences de la population (dont seulement 10% s'est fait vacciner). Pourtant, il est plus facile de se prononcer a posteriori, comment l'État pouvait-il prendre les bonnes décisions avec si peu de connaissances sur le nouveau virus? Et qui sait que ce serait-il passé si l'OMS et les autorités sanitaires avaient été plus laxistes? C'est au lecteur d'en juger.
Au cours de cette controverse, de nombreux experts ont travaillé sur le virus et le vaccin. Leur rôle en amont est d’étudier le virus, ses modes de propagation, sa létalité,... En aval ils sont chargés d’élaborer le vaccin qui permettra d’immuniser les corps contre ce virus.
Certains d’entre eux dépendent du secteur public. Ils sont engagés dans des organismes d’étude et de suivi de l’épidémie et du vaccin. Leur rôle est de centraliser diverses informations à propos du virus (ses modes de propagation, sa dangerosité, son taux de mortalité,... ) et des vaccins (lesquels peuvent entrer sur le marché, les effets secondaires,... ). Comme ils dépendent de l’Etat on peut se demander si les données qu’ils fournissent au public ne sont pas biaisées. Certaines informations sont peut-être cachées à la population. Certains membres éminents de ces organismes peuvent aussi jouer de leur autorité pour imposer leur point de vue sur la vaccination. Les liens qu’ils entretiennent avec l’Etat sont donc la principale source de doute que l’on peut avoir sur ces experts.
Les autres experts sont employés par les laboratoires. Leur but premier est économique, ils doivent développer un vaccin qui soit à la fois efficace et sans effet indésirable pour l’homme. La concurrence les pousse à agir très vite. Remporter le marché de la vaccination est une énorme manne financière, d’autant plus que les autorités françaises ont pris des mesures de vaccination massives. Deux polémiques principales ont affecté cet acteur. L’utilisation tout d’abord de certaines substances sensées améliorer les effets du vaccin : les adjuvants. L’autre problème est le dosage du vaccin. Ceux-ci ont été vendus pour inoculer deux doses alors qu’une seule s’est finalement avérée nécessaire. Les Français se sont sentis manipulés. Il est difficile de dire si le vaccin a été élaboré en situation d’urgence, ce qui a contraint les industries pharmaceutiques à développer leurs produits en étant à la fois sûrs de leur efficacité et de leur sûreté ou si c’est une décision délibérée pour faire plus de profits.
En bref, les Français se sont interrogés sur la légitimité de ces experts. Les liens qu’ils entretiennent avec leurs autorités respectives et leurs motivations remettent-elles en cause leur éthique ?