La synthèse de la controverse est destinée à ceux qui veulent plus d’informations sans en avoir le temps. Elle ne prétend pas reprendre tous les éléments, mais se veut la plus objective et complète possible.
Chaque année, les pays se retrouvent confrontés à une épidémie de grippe, dite saisonnière, pouvant toucher n’importe qui bien que des populations soient plus à risque que d’autres (principalement en ce qui concerne les conséquences et les symptômes).
À celle-ci s’ajoute occasionnellement une épidémie « non prévue », due à des mutations d’un virus grippal déjà existant.
C’est ce qui s’est produit en mars 2009. Les défenses naturelles des gens et les vaccins alors sur le marché n’étaient donc pas adaptés, d’où l’épidémie.
Un point important à noter pour la controverse est que l’on a cru pendant un temps que ce virus était agressif, avant de se rendre compte qu’il était certes très contagieux, mais assez peu dangereux, d’où une période de panique.
Durant cette période, le gouvernement a tout d’abord décidé d’appliquer le principe de précaution, avec reprise, notamment, des procédures pour la grippe H5N1 de 2005. Une fois ce mécanisme lancé, et avec lui la commande des vaccins avant même leur élaboration définitive, malgré l’évolution de la situation qui donnait des nouvelles rassurantes à la fin de l'été 2009, il était difficile, voire quasi-impossible de faire marche arrière. C’est ce qui peut expliquer en partie les décisions qui ont semblé démesurées par la suite.
Il faut tout d’abord savoir que la vaccination contre la grippe doit se faire chaque année si l’on veut qu’elle soit efficace car le virus change chaque année. Mais dès l’hiver 2010, la protection contre le virus responsable de cette épidémie sera intégré au vaccin saisonnier.
Les risques liés à la grippe et mis en avant par les « pro-vaccinations » sont nombreux (Cf. la liste suivante).
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Il a beaucoup été question, durant la polémique sur la question « faut-il se vacciner? », des risques que prenaient les volontaires, car en raison du manque de recul sur le vaccin, on n’était pas sûr que le risque potentiellement évité en s’immunisant soit plus important que celui pris en s’inoculant la substance.
Un vaccin classique ne contient que de l’eau, des sels minéraux, et quelques substances anodines ne posant des problèmes qu’en cas d’allergies (par exemple, des protéines de poulet). Enfin, il y a des fragments de virus rendus inoffensifs.
Pour diminuer le temps qu’il faut à l’organisme pour préparer ses défenses suite à la vaccination, donc améliorer l’efficacité du vaccin en le rendant actif plus rapidement, on peut utiliser des adjuvants, espèces qui vont accélérer la production d’anticorps par le système immunitaire. Parmi les adjuvants, on trouve le squalène, le plus controversé dans notre cas, l’aluminium ou le mercure.
Quelques effets secondaires majeurs dus à un vaccin grippal et recensés par les autorités de vigilance sont des maux de tête, de la fatigue, des démangeaisons et des chaleurs... (Afficher/Masquer la liste complète).
Il faut toutefois noter que la plupart de ces effets secondaires sont aussi présents dans le cas de vaccin contre la grippe saisonnière et qu’il est très difficile de savoir ce qui est réellement dû au vaccin.
Globalement, les accidents graves avec le vaccin grippal sont très rares alors que les conséquences bénines sont assez fréquentes.
Il faut donc peser le pour et le contre entre le risque d’une grippe tous les 15 ans (et ses éventuelles complications) avec les risques associés à un vaccin annuel, sachant que l’efficacité du vaccin grippal est habituellement de 50%.
Le débat a surtout eu pour origine l’utilisation d’un adjuvant, le squalène, un corps gras accélérant le processus de fabrication des anticorps par l’organisme.
En effet, en raison de l’urgence de la situation, on a ajouté au vaccin ce produit. Toutefois, on sait que cet ajout a des conséquences physiologiques : rougeurs locales et inflammations dans la zone de piqûre, auxquels on ne sait s’il vous rajouter des conséquences plus graves : un doute persiste sur son effet déclenchant pour des maladies auto-immunes.
En France, il y avait plusieurs types de vaccins en fonction de l’âge de la personne (et éventuellement de contre-indications médicales), dont le Pandemrix et d’autres contenant du mercure (le thiomersal). Il faut préciser que dans ce deuxième cas, on ne sait pas s’il y a des risques encourus, mais que l’urgence de la situation a justifié aux yeux des autorités son utilisation.
Si les autorités sanitaires font d’ailleurs confiance à ces produits, les fabricants ont pour leur part demandé à être légalement libéré de toute responsabilité vis-à-vis de leur utilisation.
Il apparaît en effet que les contrats signés entre l’Etat et les industriels sont donc clairement en faveur de ces derniers, que ce soit économiquement ou juridiquement.
Cependant, la vraie question est celle de savoir si les industriels n’ont exercé aucune pression sur le gouvernement afin de défendre au mieux leurs bénéfices. Nous pouvons aussi nous demander quels sont les intérêts économiques de l’Etat dans une telle crise sanitaire. Nous n’aurons probablement pas la réponse avant quelques années (les laboratoires refusant de nous accorder une interview), mais ce que l’on peut en conclure c’est que le brouillard entretenu autour de cette dimension économique de la campagne de vaccination a suscité chez la population une violente critique du gouvernement, ce qui a put participer à la non-adhésion des gens au programme de vaccination.
Dès les premiers cas de grippe A/H1N1 la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a participé à de nombreuses conférences de presse, multiplié les annonces et les débats avec les experts. Le gouvernement a dès lors montré son implication dans ce problème.
S’en est suivi une deuxième phase politique, au cours de laquelle les autorités ont cherché à rassurer la population. En conséquence, le public a été un peu déstabilisé et beaucoup ont commencé à se désintéresser du problème. Les premières vagues d’opposition se sont fait entendre, mais pour le moment, il était plutôt question de divergences politiques.
En conclusion, il apparait donc que le gouvernement, voulant rassurer la population mais aussi bénéficier d’une plus-value politique, a tenté de montrer qu’il était prêt à tout faire pour défendre la santé de ses citoyens. Cependant, ce n’était pas forcement le meilleur calcul politique car les gens ont vivement critiqué, après-coup, le zèle qui a couté si cher au contribuable.
De plus, assez souvent, l’opposition à la campagne de vaccination s’est faite sur des bases de considérations politiques subjectives : l’opposition a par exemple de facto rejeté le vaccin.
Pour plus de détails sur l'épidémiologie, on peut se référer à l'interview de Michaël Basson, épidémiologiste à l'ENS.
L'infectiosité de la grippe H1N1 étant très grande, les mesures sanitaires habituelles ne suffisent plus, il faut aussi procéder à une vaccination en masse de la population. En priorité, on vaccine les personnes les plus exposées et ayant les contacts les plus fréquents avec la population, afin qu’elles n’accélèrent pas le phénomène de propagation de l’épidémie. C'est pour cela que la campagne de vaccination française a débuté par celle du personnel sanitaire, bien avant celle du grand public. Mais la grippe H1N1, bien que très infectieuse, n'a finalement pas été plus mortelle qu'une grippe saisonnière, et c'est notamment de là que proviennent de nombreuses critiques à l'encontre des autorités publiques. Une partie de la population a par exemple pris la décision d'attraper volontairement la maladie alors qu'elle reste encore bénigne afin d'être protégé pendant de nombreuses années, au lieu de devoir se faire vacciner tous les ans.
Aucune étude n'ayant été réalisée, il est difficile de savoir pour quelles raisons chaque individu a décidé ou non de se faire vacciner. Les données épidémiologiques sur le virus étant peu nombreuses du fait de sa nouveauté, l'épidémiologie ne peut donner de réponse indiscutable sur le problème de la vaccination. Il peut être reproché à la politique des autorités publiques d'avoir trop souvent fait appel au principe de précaution. Pourtant, comment l'État pouvait-il prendre les bonnes décisions avec si peu de connaissances sur le nouveau virus? Et qui sait ce qui ce serait-il passé si l'OMS et les autorités sanitaires avaient été plus laxistes? C'est au lecteur d'en juger.
Au cours de cette controverse, de nombreux experts ont travaillé sur le virus et le vaccin. Leur rôle en amont est d’étudier le virus, ses modes de propagation, sa létalité,... En aval ils sont chargés d’élaborer le vaccin qui permettra d’immuniser les corps contre ce virus.
Certains d’entre eux dépendent du secteur public. Leur rôle est de centraliser diverses informations à propos du virus et des vaccins. Comme ils dépendent de l’Etat on peut se demander si les données qu’ils fournissent au public ne sont pas biaisées. Certaines informations sont peut-être cachées à la population.
Les autres experts sont employés par les laboratoires. Leur but premier est économique, ils doivent développer un vaccin qui soit à la fois efficace et sauf pour l’homme. Deux polémiques principales ont affecté cet acteur. L’utilisation tout d’abord de certaines substances sensées améliorer les effets du vaccin : les adjuvants. L’autre problème est le dosage du vaccin. Ceux-ci ont été vendus pour inoculer deux doses alors qu’une seule s’est finalement avérée nécessaire. Les Français se sont sentis manipulés.
En bref, les Français se sont interrogés sur la légitimité de ces experts. Les liens qu’ils entretiennent avec leurs autorités respectives et leurs motivations remettent-elles en cause leur éthique ?