La psychologie sociale ou la psychanalyse n’ont jamais su apporter une réponse efficace, rapide et peu coûteuse au TDAH. Au contraire, le
traitement pharmaceutique réussit là où les deux dernières théories ont échoué : il est simple, pratique et surtoût peu coûteux.
Les parents, frustrés par toutes les autres formes de traitement ont vu dans la Ritaline une
alternative simple et immédiate. Des dizaines d’études ont montré son efficacité redoutable à court terme. Une grande confiance dans le médicament s’instaure. La pharmacothérapie devient de plus en plus courante et est même sujette à un marketing de grande ampleur, parfois agressif.
La publicité s’empare du produit et petit à petit en détourne son image.
Cependant, il serait faux de croire que la Ritaline fut le
médicament miracle annoncé par les publicités. Les effets de la Ritaline sont en effet quasi-instantanés, mais le médicament
ne soigne ou ne guérit en aucun cas le trouble. Il ne fait que contrôler ses symptômes de manière
temporaire.
Les fortes ventes de Ritaline enregistrées dans le milieu des années 1960 indiquent qu’aussi bien les psychiatres que les patients ont délibérément accepté tous ses points faibles puisque ce stimulant a réussi là où la psychothérapie a échoué : calmer des enfants hyperactifs en quelques minutes
Ce ne serait donc que la faute des parents et des psychiatres qui ont vu en la Ritaline une alternative de choix ?
Pas entièrement. Les recherches que nous avons menées ont montré que l'
état de la recherche dans les années 1970 a beaucoup influencé tous ces comportements. La psychiatrie biologique et la neurologie ont été très discrètes sur l’avancée de leurs recherches sur le TDAH. La seule idée véhiculée alors par le monde de la recherche était que l’efficacité de la Ritaline ne cesserait de s’améliorer avec le temps.
Dans un artice de 1971 intitulé «
Psychopharmacology : the Picture is not entirely rosy», le psychiatre Jonathan O’Cole démontre son entière confiance dans le futur de la pharmacologie - bien que l'on concède que le titre de l’article ne donne pas cette impression.
Il faut y voir en filigrane l’intime conviction que les traitements médicamenteux ne sont pas la panacée mais que la psychiatrie suit le bon chemin.
Il s’en est suivi l’impression communément partagée et
certainement fausse que la psychologie biologique avait développé une approche de l’hyperactivité beaucoup plus
scientifique et donc plus
rigoureuse. Juste avant la publication en 1980 de la troisième édition du DMS, les psychiatres Rutter et Shaffer (tous deux orientés psychologie sociale) notèrent que «cette édition serait l’avènement d’une ère scientifique pour la psychiatrie».
Cela a aujourd’hui ouvert la porte à de nouvelles branches issus de la psychiatrie telles la neurologie ou la neuro-psychiatrie, et bien sûr à de nouveaux espoirs en matière de traitement du TDAH
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