Conclusion :
L'étude des OGM en Afrique est extrêmement vaste. Il est essentiel de se concentrer sur un domaine plus restreint pour tenter de mener une étude exhaustive. Le cas du coton BT en Afrique du Sud présente de multiples intérêts car il regroupe les principaux acteurs du débat mondial sur les OGM, tout en étant particulièrement bien documenté.
Une approche pour savoir si l'utilisation du coton transgénique est un succès ou non est de recenser l'utilisation des graines Bt par les agriculteurs. C'est la méthode employée par chacun des acteurs principaux (industriels, consommateurs, gouvernements, ...). Celle-ci montre que la tendance est à la croissance de l'utilisation de plantes transgéniques. Cependant, ces résultats sont insuffisants pour conclure : en effet, chaque acteur choisit d'en tirer les conclusions qui soutiennent sa position, en s'appuyant sur d'autres résultats obtenus pour d'autres pays, ou d'autres OGM.
Nous avons pu constater que les industriels se basent sur la croissance pour illustrer la force et les atouts des graines de coton Bt, cependant la valeur des chiffres de croissance peut être contestée. En effet l'exemple des Makhathini Flats nous a bien montré que les exploitants pouvaient être contraints par leur environnement à utiliser des graines OGM.
Cependant il y a des exploitants qui ont effectivement amélioré leur rendement, comme le prévoyaient les études scientifiques. Ces dernières peuvent néanmoins avoir été menées dans des conditions non semblables à celles dans lesquelles travaillent les agriculteurs (par exemple, les rendements peuvent avoir été déduits d'essais en champ, qui ne correspondent pas toujours aux conditions des agriculteurs).
Une grande partie des experts travaillant sur le sujet sont d'ailleurs implantés hors d'Afrique du Sud, et étudient avec beaucoup d'intérêt les progrès des cultures dans d'autres pays témoins, comme en témoigne l'exemple de l'Inde. Les experts cherchent bien entendu à pousser au maximum la recherche dans ce domaine, et une demande croissante encourage les entreprises à financer de telles recherches à un niveau international.
On ne peut donc pas étudier le bénéfice d'un OGM en particulier dans un pays particulier sans considérer une échelle plus large, en prenant en compte, par exemple, des avis internationaux et des mesures et décisions prises à l'échelle de la planète.
Et pourtant, malgré cet élargissement d'échelle, des questions subsistent. La réponse à la question « la culture du coton Bt est-elle bénéfique pour l'Afrique du sud ? » reste complexe, car il s'agit de déterminer quel point de vue prime dans la perception de ce qui est bénéfique. Est-ce l'avis des paysans les plus pauvres ? Est-ce celui des entreprises qui cherchent à maximiser leurs profits ? Est-ce celui des défenseurs de l'environnement qui craignent une pollution irréversible des nappes phréatiques par les pesticides ? Ou... ?