Une controverse universitaire
La controverse autour de la guerre de 1914-1918, si elle trouve ses
racines dans toute l'historiographie du conflit depuis les années 1920,
reste aujourd'hui une controverse essentiellement universitaire. Elle fait,
encore aujourd'hui, l'objet d'un affrontement entre deux écoles
historiographiques.
La première est dirigée par Stéphane Audoin-Rouzeau,
autour de l'Historial de Péronne fondé en 1992 tandis que la deuxième rassemble des historiens, comme Nicolas Offenstadt ou
Frédéric Rousseau, sous la bannière du CRID (Collectif de Recherche
International et de Débat sur la guerre de 1914-1918).
Les "péronnistes" défendent une vision nouvelle du conflit basée sur une
"brutalisation" des hommes et des sociétés face
à cette guerre totale. Les historiens du CRID, eux, préfèrent par exemple
insister sur la "contrainte" subie par les
différents acteurs tout au long de la Guerre. Nous avons dans
un premier temps dégagé les principaux points de discorde pour les analyser.
Nous avons donc choisi de décrire quatre points qui
nous sont apparus de plus en plus pertinents au fil de nos lectures.
Principaux désaccords
- La question du
consentement
Le consentement, voire l'adhésion, des
poilus à la guerre est une des questions cruciales qui divise
aujourd'hui les historiens.
Cette question, intimement liée avec celle de la victimisation des
soldats, s'oppose à la contrainte supposée qu'auraient subi les soldats.
-
L'existence d'une
"culture de guerre"
Conséquence directe du premier point, la
notion de "culture de guerre" introduite par Stéphane Audoin-Rouzeau est remise en
question par d'autres historiens.
L'idée de cette culture de guerre correspond en effet à l'idée d'une
histoire culturelle, courant dont se revendique aujourd'hui A-R.
- Le rôle de la
mémoire
Le fait que les différents acteurs de la
Première Guerre Mondiale aient pris très tôt conscience de l'importance
de l'évènement a considérablement influencé le traitement historique de
la Guerre. Les questions de souvenir et de deuil ont en effet été prises
en charge très rapidement.
Ce n'est que tardivement, avec la disparition progressive de ce qu'il
est convenu d'appeler la mémoire vivante, qu'une prise de recul a pu
être envisagée. De manière parfois très différente.
- La place du
témoignage
dans le traitement de l'histoire de la Guerre.
Par leurs spécificités, les témoignages issus de la guerre
de1914-1918 ont joué un rôle crucial dans le traitement et la
reconstruction du conflit. Les méthodes employées par les historiens
pour les utiliser dans leurs travaux, très variées, tiennent aussi à ces
spécificités.
En 2000, Stéphane Audoin-R et Annette Becker se sont élevés contre ce qu'ils
appelaient une "dictature du témoignage", engendrant une réaction assez
vive de la part des historiens du CRID.
Nuances à propos d'un "affrontement"
L'opposition entre deux simples écoles historiques peut paraître
grossière. Elle l'est assurément. Mais nier pour autant toute forme
d'affrontement entre divers courants sur ces questions, ainsi que d'autres
que nous aborderons ultérieurement , serait faire preuve d'aveuglement.
Nous avons donc choisi de développer ces différentes questions, avec,
certes, les limites qui sont les nôtres, le plus extérieurement possible.
Mais l'aspect le plus frappant de cette controverse est que, tout en gardant
son importance, et même si l'on retrouve presque tous ses arguments dans le
domaine du grand public, elle perd presque tout aspect polémique dans la
société civile.
Liens et Bibliographie
Histoire et souvenir
Peut être serait-ce un bienfait,
pour un vieux peuple, de savoir plus facilement oublier : car le souvenir
brouille parfois l'image du présent et l'homme, avant tout, a besoin de
s'adapter au neuf.
Marc Bloch L'étrange défaite
Histoire de la Grande Guerre
Nous n'avons pas cru bon de rappeler les grands
évènements et les dates du premier conflit mondial.
L'adresse Interne
suivante donne cependant un bon
aperçu des différents aspects factuels de la Guerre, notamment une
chronologie
détaillée, ainsi qu'un
rappel des différents
lieux.