L'affichage correct du site nécessite l'activation de Javascript. Controverse sur les abeilles: Mines de Paris

Les pesticides sont-ils responsables du déclin des abeilles?
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Relations entre acteurs

• Relations apiculteurs/scientifiques

Les apiculteurs cherchent à s'appuyer sur des expériences scientifiques pour justifier la nocivité des pesticides sur leurs colonies. En effet, souvent, les firmes chimiques fabricant des pesticides s'appuient sur des résultats scientifiques afin de montrer que les pesticides ne peuvent être tenu responsables de la surmortalité des abeilles (voir Source 2). Aussi, les apiculteurs réalisent des expériences avec l'aide d'autres laboratoires de recherche tels que l'Institut National de la Recherche Agronomique, de façon à authentifier leurs résultats. (Pour plus de détails concernant l’arbitrage du scientifique, voir Systèmes de preuve).

De plus, certains apiculteurs réalisent des expériences par eux-mêmes. Par exemple, ils placent des ruches en bonne santé à proximité de champs de cultures systémiques afin de pouvoir mettre en évidence le déclin du nombre d'abeilles de ces colonies. Un champ de cultures systémiques peut décimer une colonie en très bonne santé en quelques jours, selon M. Combe, apiculteur dans les Alpes de Haute-Provence.

De façon à authentifier leurs résultats, les apiculteurs tentent de les rendre les plus transparents possibles. Par exemple, ils vont filmer les ruches de l'expérience précédente pendant toute la durée de celle-ci (voir Apiculteurs, vecteurs d'alerte).


• Relations apiculteurs/associations de défense : l’importance des médias

Les associations de défense sont souvent des associations d’apiculteurs (voir les associations de défense). Ces regroupements donnent du poids à ces derniers et à leur message.

Pour le diffuser, ils utilisent beaucoup les médias. Manifestations, pétitions, mais aussi presse écrite comme le Monde, télévisée ou encore Internet sont désormais utilisés de manière généralisée par les apiculteurs et les associations de défense.

Par ailleurs, certains apiculteurs réalisent des films pour défendre la cause des abeilles. Par le biais de documentaires, ils dénoncent la nocivité des pesticides vis-à-vis des abeilles.
Par exemple, M. Combe, apiculteur professionnel dans les Alpes de Haute-Provence, a fait avec Natacha Clarestemé un film présentant la recherche d'éléments responsables de la disparition des abeilles et incriminant les pesticides.
Un autre film de Markus Imhoof sorti plus récemment et défendant la cause des abeilles est "Des Abeilles et des Hommes".




• Relations apiculteurs/agriculteurs

Les agriculteurs sont tributaires de la pollinisation afin d'obtenir de bons rendements de production, surtout les maraîchers. Un dialogue doit donc s'imposer entre les deux. Néanmoins, au travers du témoignage de M. Combe, le dialogue apiculteurs/agriculteurs semble parfois difficile, surtout si ces derniers utilisent des pesticides neurotoxiques systémiques.
voir Acteurs impliqués > Agriculteurs


• Relations apiculteurs/firmes de pesticides

Le dialogue est totalement bouché entre les apiculteurs et les firmes chimiques. Ces dernières refusent de traiter avec les apiculteurs amateurs et de manière plus générale ne souhaitent pas s'exprimer sur la controverse.

Syngenta, firme internationale de pesticides, déclare :
" Les apiculteurs amateurs et leurs instances représentatives sont des opposants très virulents aux pesticides en général, et au Cruiser d’une façon particulière parce que c’est un sujet médiatique sans fin, comme le débat OGM.

De l’autre côté, avec les apiculteurs professionnels, peu nombreux et plutôt orientés business, on a fait une chose très simple. On a mis en place des essais avec eux pendant plusieurs années sur des ruchers à proximité de cultures de maïs et de colza. Tout ce qu’ils voulaient voir, on l’a fait. On regardait l’état sanitaire des ruches avant la floraison, puis pendant la floraison, puis on faisait un état sanitaire après la production de miel. On a fait ça pendant 4/5 ans avec eux. Et ils nous ont dit : « c’est bon, maintenant on sait, on sait qu'il n'y a pas d’impact sur la production de miel»"
.

Malgré cette assertion, les firmes de pesticides sont très peu appréciées des apiculteurs, tant amateurs que professionnels. Certains souhaitent même que ces "gens soient poursuivis pour crime contre l'humanité", selon Mr Combe (apiculteur professionnel).


• Relations apiculteurs/instances gouvernementales

Les apiculteurs essaient de faire pression sur les pouvoirs publics afin que des mesures soient prises dans le but d'obtenir l'interdiction de certains pesticides. Le dialogue passe alors par des manifestations ou des lettres invectivant les politiques (voir Source 25).


• Relations agriculteurs/firmes de pesticides

Les firmes chimiques vendent leurs produits aux agriculteurs qui les utilisent sur leurs cultures. Aux yeux des firmes de pesticides, on peut distinguer différents types d'agriculteurs. Certains d’entre eux se déclarent « bio », et achètent des pesticides naturels. Un petit nombre d’agriculteurs, dans la mesure où on ignore encore l’effet des neurotoxiques systémiques sur les abeilles, préfèrent continuer à utiliser des pesticides vaporisés traditionnels. Toutefois, comme le précise le directeur de communication de Syngenta ,
« l’intérêt des néonicotinoïdes , c’est que c’est très efficace, et très facile à employer. [...] L’agriculteur gagne beaucoup de temps : il sème et il traite en même temps ».
D’après Syngenta , ces produits représentent 50% du marché insecticide. Les firmes chimiques gardent contact avec les agriculteurs à l’aide de sondages. Elles engagent des sociétés qui vont enquêter auprès des agriculteurs sur leur utilisation des pesticides, leurs attentes et leurs constats.


• Relations scientifiques /firmes de pesticides

Les relations entre les fabricants de pesticides et les scientifiques sont assez mitigées. En effet, les firmes de pesticides contredisent la majorité des études qui démontrent que les néonicotinoïdes nuisent aux abeilles. Leur principal argument est que les doses utilisées sont trop élevées (voir Points de controverse>Système de preuve>doses ). Elles préfèrent insister sur les facteurs autres que les pesticides (voir Multifactorialité: la controverse s'élargit).

Toutefois, certaines commissions de réglementation, bien que composées d’éminents chercheurs de divers pays, semblent minimiser le problème. En étudiant de plus près le parcours de ces scientifiques, on constate que ceux-ci sont en rapport étroit avec les firmes de pesticides telles que Bayer, Syngenta,... travaillant même pour ces dernières dans certains cas. (voir Source 8)

Nous avons interrogé Syngenta au sujet des financements des diverses études sur le sujet. La firme est légalement tenue de financer les études nécessaires l’homologation de ses produits.

En conclusion, le dialogue est parfois tendu entre scientifiques et firmes de pesticides. Par exemple, nous avons contacté Mickaël Henri (scientifique co-auteur de l’étude du 29 Mars 2012, publiée dans Science). Syngenta ne cautionne pas cette étude, dans la mesure où elle n’a pas été authentifiée par une commission scientifique. Mickaël Henry se défend âprement.


• Relations firmes de pesticides/instances gouvernementales

Au delà des problèmes environnementaux, il existe de nombreux conflits d’intérêts faisant intervenir les firmes et le gouvernement.

Quelque soit leur désir de proposer des solutions au déclin des abeilles, la vente des néonicotinoïdes représente une part non négligeable du chiffre d’affaire des firmes et celles-ci ne veulent pas voir la commercialisation de leurs produits suspendue.

C’est la raison pour laquelle l’industrie agrochimique est très virulente en matière de lobbying auprès des instances gouvernementales, tant auprès de l’EFSA que des politiciens. (voir Source 29).

Quant à l’EFSA, on lui a longtemps reproché son manque d’indépendance vis-à-vis de l’industrie agrochimique, notamment via l’ILSI (International Life Science Institute). L’EFSA a par exemple été pointée du doigt en 2012 lorsque le problème abeilles-pesticides a fait les grands titres des médias.

L’agence a été alors contrainte de mettre en place une réforme pour lutter contre les conflits d’intérêts à l’intérieur même de l’EFSA. Le site corporateeurope.org recense quelques lettres virulentes que se sont échangés récemment Syngenta, Bayer et l’EFSA.



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