Intérêt du secteur privé

Intérêt du secteur privé

L’intérêt du secteur privé dans la marche de l’éducation vers le numérique divise les acteurs s’exprimant sur le sujet. En effectuant la recherche Europresse (effectuée avec « numérique » dans le titre et « secteur privé » dans l’introduction) on voit un pic de publication autour du mois de novembre 2015, ce qui correspond vraisemblablement au contrat passé entre la multinationale Microsoft et l’éducation nationale à la même période.
Dans ce contrat, Microsoft assure équiper gratuitement des écoles avec son matériel numérique pendant une durée de 18 mois, ce qui coûtera à la firme Américaine 13 millions d’euros. Parmi les points essentiels du contrat, on retrouve une « Charte de confiance » stipulant la protection des données privées des utilisateurs (professeurs et élèves) ainsi que l’accompagnement et la formation du corps pédagogique. (source : news.microsoft.com : https://news.microsoft.com/fr-fr/2015/11/30/numerique-a-l-ecole-microsoft-france-renforce-son-partenariat-avec-le-ministere-de-l-education-nationale/#sm.0000gqe99bl75e37qal12ew9fg8hb)
Mais ce contrat n’est pas du goût de tout le monde, et certains s’offusquent et dénoncent une apparente gratuité masquant les ambitions de la conquête d’un marché. C’est par exemple le cas du collectif EduNathon, qui voit d’un mauvais œil cette alliance entre un secteur privé et une institution publique. Pour ce collectif, Microsoft s’accapare en fait le marché et défavorise d’autre entreprises qui pourraient également collaborer avec l’Education nationale. (Source : 20minutes.fr : http://www.20minutes.fr/societe/1925119-20160915-pourquoi-partenariat-entre-microsoft-education-nationale-fait-polemique)
Le secteur privé a déjà investi certaines écoles Françaises, comme on peut par exemple le constater au travers du cas du collège privé Charlemagne de Lesquin, dans lequel les élèves de sixième on reçu un IPad de la part de l’établissement qui a acheté un pack matériel+formation du corps enseignant. Pour former les professeurs, des « Apple Education Trainers » sont présents au cours de journées dédiées. Apple tient à préciser que ces personnes ne sont pas des employés directs de leur entreprise, mais ont un statut d’autoentrepreneurs. Ils sont tout de même payés par la marque pour former à l’utilisation de leurs IPads. Une stratégie similaire a lieu chez la multinationale concurrente Mircosoft avec des « Microsoft Educators ». (Barge S. (2015, 17 septembre). Comment les fabricants de tablettes s’incrustent dans les classes. Rue89).
Pour un enseignant associé à l’université de Poitiers, Membre du laboratoire de recherche TECHNE EA-6316, et chargé de mission TICE (à mi-temps) à l’université catholique de Lyon, le fait que des multinationales trouvent leurs intérêts dans certains champs de l’éducation est un processus naturel, puisqu’il prend place dans une économie libérale-libertaire qui tire ses origines de la suite de l’industrialisation du 19ème siècle. C’est donc un choix de société réalisé depuis des décennies.
Une psychologue du CMP 93, pense en revanche qu’à travers les médias, peu d’acteurs dénoncent les méfaits du numérique par rapport aux bienfaits qui sont largement présentés. Il y aurait donc là la marque d’une « pensée unique » bénéficiant aux multinationales telles que Microsoft ou Apple qui équipent la grande majorité des classes connectées.
Dans leur ouvrage Le désastre de l’école numérique, Philippe Bihouix et Karine Mauvilly analysent l’influence des multinationales du numérique dans l’équipement d’écoles comme une marchandisation de l’école. Une grande part de marché est ouverte aux multinationales et celles-ci écoulent alors une vaste quantité de matériel informatique.