Risques sanitaires
Un des débats les plus récurrents ces dernières années en France sur la santé à l’école fut celui du poids des sacs à dos souvent jugé trop élevé et pouvant provoquer des douleurs et des séquelles physiques. Finalement ce problème est sur le point d’être résolu puisque les élèves de 5ème se verront attribués à la rentrée 2018 un « équipement individuel mobile » selon les termes du gouvernement, remplaçant ainsi les manuels et allégeant les sacs.
Les effets néfastes du numérique sur le développement cognitif de l’enfant sont peu analysés par le gouvernement et les acteurs économiques du débat. L’absence de démonstrations et de preuves leur sied bien. Néanmoins parmi les acteurs majeurs du débat, quelque uns tirent la sonnette d’alarme prévenant des risques que peuvent causer le « trop numérique ».
Un constat inévitable est que les enfants passeront dans les années à venir, par l’instauration du plan numérique de l’éducation nationale, la majeure partie de leur journée devant des écrans que ce soit d’ordinateur, de tablette, de portable ou de vidéoprojecteur. Ils seront en contact avec le monde numérique en permanence car ils le sont déjà chez eux. Une psychologue du CMP 93 que nous avons interviewé relate qu’aujourd’hui les enfants ont un stimulateur principal qui n’est plus comme autrefois les frères et sœurs, les copains, les jouets classiques mais l’écran. Dès la naissance des enfants passent quantitativement beaucoup plus de temps en interaction avec un écran qu’avec un être humain. Plus un enfant est mis tôt devant un écran sans autres stimulations avec des contenus inadaptés et plus l’enfant va présenter des retards graves et globaux. La psychologue énumère les conséquences de l’utilisation abusive d’écrans. Sur la base d’une utilisation intensive d’écrans de télévision, sur laquelle nous avons plus de recul, il est observé que les enfants développent « des troubles de l’attention, un retard de langage ou encore un processus de socialisation entravé ».
L’écran capte l’attention de l’enfant qui est stimulé par des excitations extérieures, il ne parvient plus à se concentrer ni à développer un autre type d’attention, c’est le caractère addictif de l’objet. Il est beaucoup plus facile de fermer un livre même s’il est captivant que de quitter un écran. Il y a un effet d’addiction indépendant du contenu créé par le contenant qui dérégule notre système attentionnel. Le système attentionnel est composé de deux parties, l’une commune aux mammifères, attention non volontaire ou exogène, qui est une compétence innée et réflexe, l’autre est l’attention volontaire c’est à dire le fait de se concentrer sur un stimulus qui ne bouge pas comme le professeur, le livre d’images c’est un système qui va de l’intérieur vers l’extérieur et qui fait appel à des fonctions cervicales supérieures. L’écran sur stimule l’attention exogène, relancée en permanence chez l’enfant qui développe moins l’attention volontaire. Le trouble numéro un de consultations en CMP est le trouble de l’attention. Aujourd’hui selon la psychologue, 90% des consultations en psychiatrie ont pour motif les troubles de l’attention.
Le langage qui se développe dans l’échange et le dialogue se voit également impacté par une utilisation excessive d’écrans. L’effet se poursuit en une fracture sociale entre les élèves qui savent maitriser l’outil et en avoir une utilisation raisonnée et ceux qui en abusent.
Il faut que les enfants soient en mesure de comprendre les risques liés à une utilisation intensive, c’est pourquoi il faut retarder au maximum son usage. Si les enfants sont plongés trop tôt dans le monde numérique, ils seront trop éloignés du véritable milieu qui les entoure, le milieu naturel. Le résultat de l’hyperconnection est finalement la déconnection de l’enfant du monde réel. Le fait de privilégier des relations virtuelles, la cyberdépendance, est considéré comme un risque.
Les troubles provoqués par le numérique ne sont pas seulement de l’ordre de l’attention. Le sommeil est également impacté par une surexposition de l’enfant au matériel numérique. Les écrans diffusent une lumière bleue qui agit sur la mélatonine, hormone régulatrice du sommeil. Les écrans nous envoient une lumière donnant le signal qu’il est toujours midi or ce qui fait que l’on entre dans le sommeil c’est que la lumière décroit. Cela retarde donc l’entrée dans le sommeil. La proximité avec des écrans, la forte luminosité et la provenance artificielle de la lumière émise par le matériel numérique peut provoquer des problèmes oculaires, notamment chez un enfant dont l’organisme est en plein développement. Des ophtalmos s’inquiètent de troubles de la vue qu’ils ne voyaient jamais avant chez de très jeunes.
Un enseignant chargé de conférence et de mission TICE met en garde sur les problèmes liés aux ondes radioélectriques et leur impact sur la santé et notamment sur le cerveau. On ne sait pas aujourd’hui de quelle manière les usages intensifs du numérique peuvent transformer la forme de notre cerveau. L’environnement change et certaines théories sur la plasticité du cerveau peuvent alerter sur l’utilisation des objets émetteurs et récepteurs d’ondes électromagnétiques.
Ces risques sont constatés par les personnes que nous avons contactées et d’après nos recherches dans la presse et la littérature scientifique. La psychologue contactée affirme qu’elle observe tous les jours les effets néfastes du numérique en consultation. Le nombre d’enfants autiste croît, ils deviennent abrutis par les écrans à un âge très jeune, à partir de 3 ans.