La gestion adaptative, une solution pour allier chasse et écologie ?

Lors de la réunion à l’Elysée du 27 août 2018, l’avenir de la chasse et la politique environnementale ont été évoqués en présence de Nicolas Hulot et de Thierry Coste. La démission du ministre de l’écologie, la diminution du prix du permis de chasse par deux et la mise en place de la gestion adaptative des espèces ont entre autres été amenées par cette réunion.

Pourquoi tendre vers une gestion adaptative ?

Comme le souligne un ingénieur à l’ONCFS, avant la gestion adaptative, la gestion des espèces était très peu modulable. Il s’agissait uniquement d’allonger ou d’écourter la durée de la saison de chasse. Or, en période de chasse ouverte, les chasseurs n’ont aucun quotas à respecter. Ainsi, ils peuvent prélever autant de gibiers qu’ils le souhaitent. En conséquence, il devient très difficile de prévoir l’impact sur l’espèce chassée. De plus, les périodes de chasse sont contestées par certaines associations telle que la LPO. Effectivement, cela fait 12 ans que le Conseil d’Etat suspend la prolongation de la chasse aux oies en février, sous la pression de la LPO. L’ONCFS s’intéresse, à travers la gestion adaptative, à la dynamique de chaque population chassable afin de déterminer des quotas qui devraient garantir la viabilité de l’espèce, plutôt que d’imposer une durée de saison de chasse seulement.

Oies sauvages - Source : Unsplash

Comment interpréter ce terme ?

La gestion adaptative n’a pas été comprise de la même façon par les différents acteurs de la controverse.

“ Associations de protection de la nature et chasseurs ne voient pas forcément la même chose derrière ce concept : l'opportunité de diminuer la pression de chasse pour les premières, celle d'allonger la liste des espèces chassables pour les seconds.”

 En effet, la directrice déléguée chargée des questions agricoles à la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) espère que le loup et le cormoran, deux espèces non chassables, le deviennent grâce à l’instauration de ces quotas. Toutefois, la directrice du pôle conservation de la nature à la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) affirme que l’étude des populations peut favoriser la diminution des espèces d’oiseaux chassables puisque parmi les 64 qui le sont actuellement, 20 sont en mauvais état de conservation. D’après l’ONCFS, la gestion adaptative consiste à redéfinir cycliquement la gestion d’une espèce, ou de ses prélèvements, selon l’état de cette population et des connaissances de son fonctionnement. Cet organisme d’Etat met toutefois en avant la complexité de cette procédure. Deux espèces avec la même population et la même croissance peuvent se voir attribuer des quotas de chasse différents puisqu’elles ne possèdent pas la même dynamique (rapport avec l’environnement, période de reproduction, etc…). De plus, une augmentation par deux de la population ne se traduira pas forcément par une augmentation par deux des quotas, la règle de proportionnalité n’étant pas adaptée. Aujourd’hui, seulement six espèces sont encadrées par la gestion adaptative : l’oie cendrée, la tourterelle des bois, la barge à queue noire, le courlis cendré, le fuligule milouin et le grand tétras. L’augmentation du nombre d’espèces prises en charge par la gestion adaptative dépendra de l’efficacité de cette méthode.

Comment définir les quotas ?

Cette méthode est pourtant très difficile à mettre en place. 

[Afin d’établir les quotas] “il faut une excellente connaissance d’une population et des facteurs d’influence”

Le comptage de la population d’une espèce peut s’avérer très délicat. La directrice du pole de conservation de la nature de la LPO affirme que le comptage d’oiseaux migrateurs, afin d’être précis, nécessite une coopération avec les pays desquels l’espèce migre, ce qui n’est pas possible dans certains pays africains, à cause d’une instabilité politique. Il apparaît donc que les fourchettes des populations de de nombreuses espèces sont très approximatives, mettant en exergue la fragilité de la gestion adaptative. De plus, le comptage n’est pas effectué uniquement par des scientifiques, les chasseurs contribuant énormément. Les associations soulignent ce conflit d’intérêt : les chasseurs participent aux quotas imposés directement par le comptage. Malgré un manque de précision dans le comptage, un ingénieur de l’ONCFS affirme que la mise en place d’un protocole très détaillé pour le comptage permettrait de réduire les erreurs de tendance, bien que le comptage des populations demeure inexact. L’ONCFS transmet ensuite des recommandations scientifiques de quotas argumentées au ministre. Ce dernier prend la décision finale, bien qu’influencé au niveau politique par les lobbies.

Principe de fonctionnement de la gestion adaptative - Infographie : Groupe 11 Controverse Mines ParisTech

ACTEURS

Vous pouvez ici vous renseigner sur les acteurs qui interviennent dans cette controverse.

EN SAVOIR PLUS

CHRONOLOGIE

Une frise chronologique répertoriant les différents événements marquants de la controverse est proposée ici.

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BIBLIOGRAPHIE

Nous avons listé toutes les références (articles de presse, rapport, littérature scientifique, etc.), et citations que nous utilisons ici. 

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