L'influence des lobbies
A propos de la démission de Nicolas Hulot du poste de ministre de l’Ecologie en Août 2018 : « C’est probablement un élément qui a achevé de me convaincre (…) : on avait une réunion sur la chasse avec une réforme qui peut être importante pour les chasseurs mais surtout pour la biodiversité. Mais j’ai découvert la présence d’un lobbyiste qui n’était pas invité à cette réunion et c’est symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir », explique Nicolas Hulot au micro de Nicolas Demorand et Léa Salamé . » ( Sciences et Avenir, 28/08/2018, Anne-Sophie Tassart [4] )
Thierry Coste, le lobbyiste mentionné par Nicolas Hulot est le « conseiller politique » de la FNC et un homme influent à l’Elysée. Un article du Monde intitulé « Thierry Coste, le lobbyiste qui a chassé l’écologie » paru le 30 Août 2018 [2], soit quelques jour après la démission de Nicolas Hulot, dresse le portrait d’un « machiavel de la ruralité » ami des présidents, pour servir aux mieux ses intérêts. Cette stratégie assumée par Thierry Coste a également permis la réduction du prix du permis de chasse, pourtant officiellement il s’agissait « de favoriser la mobilisation des chasseurs dans la régulation du grand gibier et leur mobilité sur le territoire. « ( La réforme de la chasse, Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, Février 2019 [35] )
S’il apparaît régulièrement dans les médias que le lobby de la chasse a une forte influence au niveau politique, c’est parce que la FNC est une organisation puissante à la fois politiquement et économiquement. Ce lobbying est notamment dénoncé par les opposants à la chasse qui voient ici une forme d’interférence politique. Nicolas Hulot critique notamment ces « lobbies dans les cercles du pouvoir » comme une « entorse à la démocracie ». La LPO déplore l’importance de l’argent dans le monde de la chasse mais également la partialité politique et l’intérêt électoral de prendre les voix des chasseurs à l’extrême droite.
D'où provient cette influence ?
Cette force la FNC la détient pour plusieurs raisons :
Cette influence ne concerne donc pas seulement le lobbying auprès des hauts dirigeants de l’Etat mais aussi dans des campagnes de publicité au sein des organisations telle l’ONCFS. Grâce à une présence importante de chasseurs, l’ONCFS est également soupçonné de faire pencher le débat dans les intérêts des chasseurs. C’est la raison pour laquelle la fusion de l’AFB et l’ONCFS a suscité de nombreuses critiques : la fusion de ces deux agences diminue sensiblement la part des chasseurs au conseil d’administration (de plus de 50% à environ 10%) ce qui a conduit l’état à offrir d’importantes compensations au lobby de la chasse. Il s’agit de la possibilité aux fédérations départementales d’établir elles-mêmes les plans de chasse au grand Gibier (cerf, sanglier, chevreuil…). D’après la LPO , cela a même donné lieu à des cadeaux fiscaux.
Le lobby de la chasse défend son attitude lobbyiste en rappelant le « bénévolat » et le « service » (rapports BIPE 1 et 2 , [32] et [33]) gratuit qu’elle offre à l’économie française, notamment en terme de régulation d’espèces invasives et d’entretien du territoire. Cette attitude « agressive » et « décomplexée » (décrite par le blog Magazin [37] dans La puissance de feu du lobby de la chasse) de lobbying intensif auprès des pouvoirs publiques est donc totalement assumée par la FNC. Willy Schraen, son président, est fier de posséder les services de Thierry Coste afin de faire « du vrai lobbying ».
Le lobby de la chasse est donc grandement critiqué pour son influence auprès des pouvoirs publics. Ses grands moyens économiques et humains sont mis au service de lobbying politique, de campagnes médiatiques et d’influence dans des institutions.
Toutefois, si les ONG de défense des animaux critiquent le lobbying des fédérations de chasseur, certains (ONCFS) rappellent que ces organisations sont également des lobbies car elles souhaitent faire balancer la politique vers un intérêt qu’elles défendent. Thierry Coste prétendant que « La Fondation Hulot et toutes les ONG font du lobbying. Tout le monde. Mais nous, nous l’assumons » .
ACTEURS
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