La pierre d’achoppement de ce sujet semble se situer dans la fiabilité des sources historiques, et leurs interprétations. A ce titre, il est évident que les principaux acteurs de ce débat sont des historiens, qui à première vue peuvent être répartis en deux groupes qui s’opposent.

Vision historique traditionnel

D’un côté, les historiens qui défendent l’idée que le catharisme était un mouvement religieux à part entière ayant une cohérence dans ses origines et dans les croyances de ses adeptes, et qui au XIIème siècle formait un contre-église dans le Sud de la France. Ceux-ci sont souvent des historiens spécialistes du sujet. Michel Roquebert, Jean Duvernoy, aujourd’hui décédés (ce qui rend délicat pour certains la contestation de leurs thèses), ont écrit des ouvrages qui ont fait, et font encore pour certains, référence dans le domaine de l’histoire Cathare, tel que « L’Épopée cathare » (M.Roquebert) ou “Le catharisme” (J.Duvernoy).

Plus récemment, Anne Brennon, historienne archiviste paléographe de formation spécialiste du catharisme aujourd’hui à la retraite, et Pilar Jimenez ont répondu, notamment par des colloques, aux différents travaux s’opposant à la vision traditionnelle de l’histoire cathare.

Catharo-sceptique

En face, d’autres historiens défendent l’idée que le catharisme est un mot mis sur des mouvements religieux et sociaux hétérogènes par l’Eglise pour des raisons politiques au Moyen-âge, avant d’être romancé au XIXème siècle. La principale contestation mise en avant concerne la fiabilité des sources utilisées pour construire le modèle traditionnelle. Ces historiens expliquent eux aussi s’appuyer sur les sources historiques à leur disposition; cependant ils les exploitent et les sélectionnent différemment selon leur authenticité estimée, et remettent en cause l’historiographie traditionnelle du catharisme. Parmi eux, on trouve Monique Zerner, qui par son livre « Inventer l’hérésie ? Discours polémiques et pouvoirs avant l’inquisition » va amorcer cette controverse. Ce livre, loin de traiter uniquement du catharisme, est une déconstruction de beaucoup de travaux faits sur l’hérésie médiévale, notamment aux alentours des Xème, XIème et XIIème siècles. C’est une œuvre collaborative entre une dizaine d’historiens, dont beaucoup se retrouvent cités dans d’autres textes, comme Jean-Louis Biget. On peut aussi citer Julien Théry-Astruc, historien archiviste paléographe de formation qui a notamment écrit l’article « Cathares : une histoire qui blesse », qui répond aux critiques parfois sans retenu contre ceux réfutant la vision traditionnelle des cathares.

Enfin plus récemment, Alessia Trivellone, historienne, a récemment monté avec ses étudiants une exposition « Le catharisme n’a jamais existé », à l’université Paul-Valéry de Montpellier, qui a été citée de nombreuses fois dans les articles de presse, et est devenue une figure de proue des historiens remettant en cause la vision traditionnelle des Cathares.