Le terme de « cathare », en Histoire, fait l’objet d’âpres débats.
L’historiographie des cathares a débuté au XIXe siècle. Dès lors, elle n’a cessé d’évoluer.
Romantisation du nom « cathare »
1848
Si le terme de « cathare » a déjà été employé pour la première en 1163 par le moine Eckbert de Schönau, Charles Schmidt fait entrer le terme de « cathare » en 1848 dans l’historiographie moderne avec son « Histoire ou doctrine de la secte des cathares ou albigeois ». Au cours du XIXème siècle, l’histoire des cathares va être reprise et plus ou moins romancée par des écrivains en faveur du régionalisme occitan tels que Frédéric Mistral.
Travaux des spécialistes du catharisme
XXème siècle
Ce siècle voit paraître les travaux de nombreux spécialistes du catharisme qui vont bâtir la théorie du catharisme du XIème et XIIème siècle à travers des œuvres comme « l’Épopée cathare » de Roquebert, « La religion des cathares » de Duvernoy ou encore « Le vrai visage du catharisme » de Brenon. Cette période est particulièrement riche en ouvrages et articles analysant les hérétiques du Midi de la France. Cependant il apparaît quand même à la fin du siècle que le doute plane sur les théories avancées.
« Inventer l’hérésie » de Zerner
1998
Ce livre est la première fois que la remise en cause de l’existence du catharisme en tant que tel est formalisée. Constitué de plusieurs articles de divers auteurs et édité par Monique Zerner, il reprend ce qui a été dit pendant des séminaires du début des années 90. C’est ce qu’on peut appeler l’élément déclencheur du débat qui continue de nos jours. Il offre une nouvelle analyse des sources médiévales qui avaient servie à construire l’édifice cathare. Il est à retenir que cet ouvrage ne se focalise pas sur l’hérésie cathare mais traite aussi d’autres sujets.
« Les cathares devant l’histoire, mélanges offerts à Jean Duvernoy »
31 mai 2005
Ce recueil d’articles et de restitutions de colloques est plus qu’un simple hommage à un des pères de la théorie cathare. Il sert aussi de réponse à l’ouvrage de Zerner, avec certains historiens spécialistes du catharisme comme Michel Roquebert remettant en cause l’analyse qui y avait été faite sur l’hérésie. Un des points majeurs de la controverse, qui est l’analyse et la fiabilité des sources historiques est mis en évidence. Le débat entre historiens est alors enclenché. Le recueil suscitera de nombreuses réponses de divers historiens français et à l’étranger qui eux-mêmes soulèveront davantage de réactions.
Une controverse qui entre dans le débat public
Décembre 2016
Le magasine « L’Histoire » publie un numéro avec en une « Les cathares, comment l’Église a fabriqué des hérétiques », recueillant des articles de plusieurs historiens critiques envers l’histoire des cathares traditionnellement racontée. Cette article va susciter des réactions dans la presse.
Exposition d’Alessia Trivellone
Octobre 2018
Dans le cadre de la Fête de la science, l’historienne Alessia Trivellone organise une exposition à l’université de Montpellier intitulée « Les cathares : une idée reçue » qui rejette l’existence d’un catharisme en Occitanie et qui a suscitée de nombreuses réactions dans les journaux.
En bref :
Un point d’accord
S’il est un point qui fait relativement consensus chez les historiens, c’est l’existence d’une hérésie que l’on peut nommer « catharisme » dans certaines régions d’Europe à partir du XIème siècle tels que l’Italie du Nord ou le Rhénanie. La question des liens qu’entretenaient les hérétiques du Midi avec ces autres mouvements cathares, ainsi qu’avec d’autres mouvements tels que le bogomilisme, est néanmoins posée.
Mais deux versions différentes de l’histoire
Un point de vue historique traditionnel :
Si le terme cathare est éminemment polysémique, et s’il existe autant de point de vue sur le catharisme que d’historiens ayant étudié le sujet, il est néanmoins possible d’en regrouper un certain nombre sous l’appellation d’historiographie « traditionnelle » du catharisme (Shulevitz 2019) – appellation que ces historiens eux-mêmes rejetteraient probablement. Il s’agit en effet de l’histoire du catharisme telle qu’elle est la plus fréquemment vulgarisée.
Le catharisme selon les sceptiques :
Selon cette théorie, les ‘cathares’ du Midi de la France n’ont jamais existé en tant que tel. La conception que nous avons d’eux actuellement résulterait d’un amalgame de quelques faits historiques brouillés par l’histoire, d’une campagne féroce menée par l’Église du Moyen-Âge contre les hérétiques, et d’une romanisation de ces faits plus tardivement dans l’histoire.