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Présentation de
l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments
Créée par la loi du 1er juillet 1998, elle a été
effectivement mise en place par le décret du 26 mars 1999 et fonctionne
depuis le 1er avril 1999 (date de la nomination de son directeur général).
L'agence comprend quatre directions, dont trois sont issues du Centre
National d'études vétérinaires et alimentaires (CNEVA)
:
" La Direction de la santé animale (DSA) et la Direction de
l'hygiène des aliments (DHA) regroupent un ensemble de treize laboratoires
du CNEVA, chargés de recherches finalisées, ainsi que d'appui
scientifique et technique aux administrations, dans les domaines de la
santé et du bien-être des animaux et de l'hygiène
des produits alimentaires d'origine animale. Les nouvelles compétences
confiées à l'AFSSA devraient conduire progressivement à
la réorientation de certaines activités de ces laboratoires.
Les liens créés par la loi entre le système d'expertise
et des laboratoires constituent une des originalités et une des
forces de l'AFSSA.
" L'Agence nationale du médicament vétérinaire
(ANMV) possède, elle, des pouvoirs de gestion, puisque l'évaluation
scientifique qu'elle réalise conduit à la délivrance
d'autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments
vétérinaires. Elle est également chargée de
la pharmacovigilance vétérinaire.
" La Direction de l'évaluation des risques nutritionnels et
sanitaires est chargée de rationaliser le système d'expertise
en reprenant les compétences et fonctions de diverses instances
préexistantes. Dans la période transitoire actuelle, la
définition des nouveaux comités d'experts n'est pas complètement
arrêtée.
Les structures françaises de
sécurité sanitaire
La loi du 1er juillet 1998 a réorganisé l'ensemble de la
sécurité sanitaire en créant notamment plusieurs
structures :
Le Comité National de sécurité sanitaire (CNSS),
regroupe tous les acteurs (agences et ministères) concernés
par la sécurité sanitaire, pour examiner tous les trois
mois l'ensemble des questions de sécurité sanitaire, hiérachiser
les priorités et coordonner les actions ;
L'Agence française de sécurité sanitaire des produits
de santé (AFSSAPS), reprend les missions de l'Agence du médicament
et y ajoute des compétences dans le domaine des dispositifs médicaux
et des cosmétiques ;
L'Institut de veille sanitaire (InVS), reprend et étend les missions
du Réseau national de santé publique (RNSP), notamment dans
le domaine de la surveillance nutritionnelle, au travers de l'Unité
de surveillance et d'épidémiologie nutritionnelle (USEN)
;
L'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments
(AFSSA), reprend les fonctions de différentes commissions et organismes
existants.
La Direction de l'Évaluation des risques nutritionnels et sanitaires
associe donc les instances suivantes :
" Le Conseil supérieur d'hygiène publique de France
(CSHPF), créé par arrêté du 10 août 1848
sous le nom de Comité Consultatif d'Hygiène Publique de
France. Orientée à l'origine essentiellement sur des problèmes
médicaux, sa compétence est étendue aux eaux en 1884
puis à l'hygiène alimentaire en 1902. La section de la nutrition
et de l'alimentation est chargée des problèmes de prévention
relatifs à la politique nutritionnelle et au mode de vie ainsi
que des problèmes de sécurité alimentaire. La section
comporte plusieurs groupes de travail : toxicologie, additifs, aliments
nouveaux, enzymes, valeur nutritionnelle. L'avis du CSHPF est prévu
dans les procédures d'évaluation par le droit alimentaire.
Il exerce sa compétence dans le domaine de l'alimentation courante.
" La Commission interministérielle d'étude des produits
destinés à une alimentation particulière (CEDAP)
a été instituée par l'arrêté interministériel
du 16 mars 1992, pour succéder à la Commission interministérielle
et interprofessionnelle d'études des produits diététiques
et de régime. Elle est chargée de donner un avis non seulement
sur les produits destinés à une alimentation particulière,
mais aussi sur les questions relatives aux allégations nutritionnelles.
Ses avis de portée générale sont soumis à
l'approbation du CSHPF.
Les produits diététiques étudiés par la CEDAP
répondent à une définition réglementaire précise
: ils doivent être conçus pour répondre à des
besoins nutritionnels particuliers de certains groupes, soit en raison
de leur état physiologique (croissance...) soit en raison d'un
état pathologique (mécanismes d'assimilation ou métabolismes
perturbés), et présentés comme tels.
" La Commission de technologie alimentaire (CTA) donne son avis
sur l'intérêt technologique des ingrédients ou additifs
dont l'industrie agro-alimentaire sollicite l'emploi (décret du
28 juillet 1989).
" La Commission interministérielle et interprofessionnelle
de l'alimentation animale (CIIA) est compétente pour tous les problèmes
concernant l'alimentation animale et est aidée par des groupes
de travail (enzymes et microorganismes, agents d'ensilage). Les retombées
des méthodes zootechniques sur la santé humaine ne sont
pas toujours prises en compte avec la concertation nécessaire.
" Le Centre national d'études et recommandations sur la nutrition
et l'alimentation (CNERNA, unité mixte du CNRS) a pris en charge
l'élaboration des Apports Nutritionnels Conseillés pour
la population. Il participe à des travaux d'expertise collective
(alimentation et cancer par exemple) et à la rédaction de
guides de bonnes pratiques.
" L'Observatoire des consommations alimentaires (OCA), créé
par un décret de 1990, et localisé au CREDOC, Centre d'études
et de recherches sur les conditions de vie, a rejoint l'AFSSA le 1er février
2000. Il réalise notamment des enquêtes nationales représentatives
de consommation alimentaire permettant de quantifier l'exposition aux
contaminants de la population.
Par ailleurs, le CIQUAL (Centre informatique sur la qualité des
aliments), créé en 1985 par l'initiative conjointe des pouvoirs
publics, d'organismes de recherche (INRA, ORSTOM/IRD, INA-PG) et de l'Institut
français pour la nutrition, a été rattaché
au CNEVA en 1990. Il fait donc partie désormais de l'AFSSA.
La mission du CIQUAL est de développer et gérer REGAL, la
banque française de données sur la composition des aliments,
afin de mettre à la disposition des utilisateurs des données
fiables sur la composition des aliments. Cette base de données
contient actuellement 3 000 aliments génériques et 600 aliments
de marques, 600 constituants (nutriments et non-nutriments), 200 000 données
provenant de 300 sources différentes, laboratoires et bibliographies.
En effet, le CIQUAL ne dispose pas de laboratoire propre. Les résultats
analytiques bruts obtenus sont saisis, codés, et traités
statistiquement, fournissant des données dites consolidées,
validées ultérieurement par des comités d'experts,
en fonction de considérations analytiques et nutritionnelles. La
description des aliments s'appuie sur les systèmes internationaux
(Langual, Infoods) afin de permettre échanges et comparaisons avec
les banques de données étrangères. L'évolution
des aliments et des techniques d'analyse, ainsi que l'apparition d'intérêts
scientifiques pour des nutriments nouveaux, imposent une actualisation
régulière des tables de composition.
Au niveau européen
Les instances bruxelloises ont récemment été remaniées
pour séparer les domaines de l'évaluation et de la gestion
des risques de ceux régissant l'agriculture et l'industrie : ces
domaines appartiennent maintenant à des directions générales
différentes. Dans le domaine alimentaire, la Commission européenne
est aidée par un comité directeur qui coordonne le fonctionnement
de plusieurs comités. Le plus important pour l'alimentation humaine
est le Comité scientifique de l'alimentation humaine (CSAH ou SCF
: Scientific committee on Foods) ; mais d'autres comités jouent
aussi un rôle : pour l'alimentation animale, le bien-être
des animaux, l'environnement, etc....
Le SPC (Service politique des consommateurs) permet de faire entendre
plus spécifiquement le point de vue des consommateurs dans tous
les domaines dont le domaine alimentaire. Les industries alimentaires
ont aussi leur structure européenne de " lobbying " avec
la Confédération internationale des industries agro-alimentaires.
Le Parlement Européen débat aussi des problèmes alimentaires
et adopte en dernier ressort les directives et règlements. Les
procédures d'élaboration et de négociation sont bien
codifiées, mais longues et complexes. Sur des sujets sensibles,
il peut y avoir de nombreux allers-retours entre Parlement, Commission
et Conseil. Un livre blanc sur la sécurité alimentaire a
été publié en décembre 1999 par la Commission
Européenne. Il propose la création d'une instance d'évaluation
européenne qui pourrait être appelée " Autorité
alimentaire européenne " et pourrait devenir opérationnelle
en 2002. L'articulation entre cette autorité et les agences ou
systèmes d'expertise nationaux reste à définir.
Enfin, il existe un intergroupe parlementaire menant des réflexions
en profondeur sur les liens alimentation et santé.
Au niveau international
La Commission du Codex Alimentarius est l'organe international chargé
de mettre en uvre le programme mixte WHO/FAO sur les normes alimentaires
(WHO : World Health Organization ou OMS Organisation mondiale de la santé
; FAO : Food and Agriculture Organization). Créé en 1962,
il vise à protéger la santé du consommateur et à
faciliter le commerce international des denrées alimentaires.
Le Codex lui-même est un ensemble de normes alimentaires internationales
adoptées par la commission et présenté de manière
uniforme. Il comporte des dispositions concernant l'hygiène, la
qualité nutritionnelle des aliments, les additifs alimentaires,
les résidus de pesticides, les contaminants, l'étiquetage
et les modes de présentation, les méthodes d'analyse et
d'échantillonnage. Le Codex présente également des
textes de caractère consultatif et non normatif, sous forme de
codes d'usage, de directives et autres mesures recommandées. L'élaboration
de ces normes est longue (en moyenne 10 ans) puisqu'il faut faire cohabiter
des pratiques et des intérêts très divergents.
L'instance plénière (Commission du Codex) se réunit
tous les deux ans, alternativement au siège de l'OMS (Genève)
et de la FAO (Rome). Les travaux d'élaboration se déroulent
au sein de comités dont l'organisation et la présidence
sont assurées par un gouvernement désigné.
Il existe :
- des comités généraux qui traitent de questions
horizontales (hygiène, étiquetage, principes généraux...)
- des comités par produit (carnés, céréales,...)
- des comités régionaux de coordination (Europe, Asie, Afrique,....).
165 pays sont membres du Codex Alimentarius.
Le JECFA (Joint expert committee of foods additives) est le Comité
mixte FAO/WHO qui s'occupe de l'évaluation des additifs alimentaires.
La France dispose d'un Comité National du Codex qui assure la liaison
entre la Commission du Codex et l'ensemble des partenaires nationaux concernés
par les travaux du Codex (consommateurs, scientifiques, professionnels
de l'agro-alimentaire...).
Le secrétariat général est assuré par la DGCCRF.
Les normes du Codex ne sont pas d'application obligatoire en principe,
mais elles vont prendre une importance croissante en servant de base aux
règlements des litiges commerciaux dans le cadre de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC). Compte tenu de l'importance de l'exportation
agro-alimentaire et de la part importante prise par la France dans l'élaboration
de ces normes, la France est un des pays le plus en avance pour leur mise
en pratique.
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