Il existe différentes méthodes pour recenser le nombre d’individus d’une espèce présents dans une certaine zone. Nous évoquerons ici les deux principales. Nous les exposerons d’un point de vue théorique avant de se pencher sur leur mise en œuvre pratique pour enfin présenter leur précision et leurs défauts.
Il faut savoir que le comptage se fait soit à vue, soit à l’oreille. On peut, en effet, repérer des oiseaux en les voyant, mais aussi en reconnaissant leur cri spécifique.
Afin d’obtenir un comptage précis, il convient de se placer dans une zone adaptée. En ce qui concerne les oiseaux migrateurs, il est souvent utile de se placer dans une zone humide telle que près d’un lac, un cours d’eau, la côte, ou toute zone humide artificielle.
Cette première technique consiste à disposer plusieurs observateurs à des endroits fixes en bien choisis. Ces points doivent être disposés de manière à ce qu’ils soient suffisamment éloignés pour ne pas compter les oiseaux deux fois et suffisamment proches pour ne pas en rater. Typiquement, en fonction de la densité de la végétation, cela peut varier de 25m à 200m. Il est parfois nécessaire de faire plusieurs essais avant de parvenir à une bonne combinaison de placements.
Chaque observateur guette autour de lui l’apparition des oiseaux de l’espèce qui l’intéresse, ce qui suppose déjà qu’il soit bien entraîné de manière à ce qu’il reconnaisse sans faute l’oiseau concerné en fonction de son apparence, de son cri ou des deux. A chaque fois qu’il identifie un oiseau, il incrémente de un son compteur à main, qui est un instrument permettant de supporter le comptage (afin de ne jamais oublier où on en est).
Pour cette méthode, il n’est pas nécessaire de faire des comptages très longs en temps. Typiquement, dix minutes suffisent. L’important est plutôt d’en faire plusieurs et à différents moments. Il est conseillé de faire des comptages à différentes saisons de manière à tenir compte des variations de densité de la végétation qui cachent plus ou moins les oiseaux et leurs habitats.
Une variante intéressante est de se borner à compter les oiseaux que l’on voit jusqu’à une certaine distance seulement et d’ignorer ceux qui se situent plus loin. De cette manière, on peut rapprocher les points de comptage sans craindre d’empiéter sur la zone de quelqu’un d’autre. On n’oublie alors aucun oiseau.
Dans le cas où un trop grand nombre d’oiseaux apparaissent en même temps, il peut être nécessaire de faire des estimations au lieu de décomptes exacts.
Ce type de technique est recommandé pour le comptage des oiseaux " bruyants " car il est facile avec eux de les repérer même s’ils sont partiellement cachés par la végétation. En effet, il n’est pas possible de se déplacer.
Cette méthode s’applique au comptage d’une espèce sur une très large zone. Il s’agit de trouver un trajet en boucle fermée à l’intérieur de la zone concernée. L’observateur se déplace à vitesse constante le long de ce trajet et compte tous les oiseaux qu’il voit. Pour plus de précision, il découpe son champ de vision en deux bandes : une bande primaire plus proche et une bande secondaire plus lointaine. Il dénombre ainsi les oiseaux aperçus dans chaque bande.
Le compteur doit répéter le parcours plusieurs fois en suivant rigoureusement le même parcours et rigoureusement à la même vitesse.
Une fois le comptage sur ce parcours effectué, il considère un autre parcours, par exemple imbriqué dans le premier, suffisamment loin du premier pour ne pas compter deux fois les mêmes oiseaux. Il recommence ainsi (avec par exemple cette méthode de rectangles imbriqués) de manière à couvrir tout la surface de la zone qui l’intéresse. Si l’on n’utilise pas en général des cercles, c’est qu’il est beaucoup plus difficile de parcourir deux fois de suite le même cercle, alors que c’est assez aisé pour un rectangle.
On peut effectuer les trajets de différentes manières en fonction de la précision que l’on requiert et de la surface de la zone. Généralement, le parcours se fait à pied, en bateau ou en avion, à des vitesses inférieures à 100km/h.
On peut finalement calculer la densité d’oiseaux dans la zone en prenant un certain nombre d’hypothèses simplificatrices :
Donc, dans l’hypothèse ou tout cela est vérifié, on peut donner une approximation du nombre d’oiseaux dans la zone et de leur densité en fonction des endroits.
Dans la réalité, toutes ces hypothèses ne sont jamais vérifiées, ce qui engendre une certaine incertitude sur les résultats obtenus.
Afin qu’un comptage soit précis, il est nécessaire qu’il soit bien planifié et bien réalisé.
Il faut d’abord recruter un grand nombre de compteurs afin de synchroniser au maximum les comptages sur une grande zone. En effet, si l’on dispose de beaucoup de compteurs qui comptent en même temps sur une large zone, on réduit le risque de compter des oiseaux en double, ce qui arriverait facilement si l’on ne disposait que d’un petit groupe comptant zone par zone en plusieurs fois.
Ensuite, le choix de la date est important : il faut choisir des dates telles que tous les compteurs puissent être disponibles, et préférer des périodes significatives pour le recensement des espèces (migrations). Ensuite, il faut tenir compte d’un certain nombre d’éléments naturels tels que les horaires des marées (pour les oiseaux côtiers), de la lune, des conditions météorologiques, de la saison en fonction de la densité de végétation, et de la présence éventuelles d’autres espèces qui pourraient perturber le comptage.
Comme nous l’avons déjà mentionné, le choix du site est primordial : il faut toujours choisir un site dans lequel on est certain de rencontrer un grand nombre d’oiseaux de l’espèce qui nous intéresse.
De manière générale, c’est la préparation qui est la plus importante. Il ne faut rien laisser au hasard. Il faut déterminer les trajets de comptage les plus judicieux et pour cela repérer le terrain, travailler sur des cartes. Pour le comptage, il faut disposer de compteurs très renseignés et rigoureux. Il faut en effet éviter de confondre des espèces, suivre rigoureusement les chemins indiqués, être le plus discret possible, ne compter que ce qui nous regarde… La précision des résultats dépend donc à la fois de la qualité de la préparation et de la qualité du comptage en lui-même.
Le comptage des oiseaux n’est pas une science exacte . En effet, comme nous l’avons vu, nous sommes obligés de faire un certain nombre d’hypothèses qui ne sont pas toujours évidentes. Il y a toujours, en effet, des oiseaux qui sont cachés et qui le restent durant la période du comptage, ou d’autres qui se déplacent et qui sont comptés deux fois voire plus. De plus, certains groupe d’oiseaux se déplacent en groupes extrêmement nombreux (parfois jusqu’à mille en même temps) ce qui rend impossible un comptage exact qui laisse place à des estimations plus ou moins précises. On voit donc qu’en fonction des résultats que l’on peut vouloir obtenir, il est toujours possible de modifier la méthode du comptage et la façon d’observer pour obtenir des abondances d’oiseaux plus ou moins élevées.
Afin de limiter ces erreurs, il existe des organisations qui réalisent de grands nombres comptages de la même zone, menés par des équipes différentes. Les résultats sont ensuite comparés de manière à éliminer les aberrations. De plus, certaines corrections sont parfois apportées en fonctions des méthodes utilisées : il existe par exemple des méthodes (comme celle des points de comptage avec distance butoir) qui sous-estiment à coup sûr le nombre réel d’oiseaux dans la zone, on peut donc apporter des corrections statistiques en fonction de l’espèce concernée afin de se rapprocher de la réalité.
Cependant, les méthodes utilisées de nos jours sont de plus en plus précises du fait du nombre toujours croissant de personnes qui prennent part au comptage. De plus, des chercheurs développent constamment de nouvelles idées pour améliorer la précision. De plus, des directives européennes ou internationales donnent des conseils d’expert pour les techniques de comptage.