Dans sa circulaire du 3 janvier 2006, le ministre de l'Education Nationale, Gilles de Robien, s'appuie sur le travail d'experts, essentiellement des neuroscientifiques, pour justifier les mesures qu'il entend mettre en place.
La forte médiatisation de ces travaux et les prises de position marquées de nombreux linguistes nous ont amenés à nous intéresser à ces sphères scientifiques et à analyser leurs discours ainsi que les liens qu'elles entretiennent avec le ministère de l'Education Nationale, mais également avec tous les autres acteurs concernés par cette controverse.
L'étude du débat public nous a permis d'identifier trois groupes scientifiques impliqués directement et fortement dans la controverse : ceux des linguistes, des grammairiens et des orthophonistes. Nous avons donc axé notre travail en nous référant aux interrogations suivantes:
- Quels sont les hypothèses et modèles retenus par les neuroscientifiques, les orthophonistes et les linguistes dans leurs travaux sur les méthodes d'apprentissage de la lecture ?
- Comment ces différents experts interagissent-ils entre eux et avec la sphère des « profanes » ?
Au cours de notre travail, nous avons envisagé pendant un temps d'étudier également l'état de la controverse dans d'autres pays et de ne pas nous restreindre à la France ; mais il est rapidement apparu que les distinctions entre les langues (notamment entre les notions de phonèmes dans les langues anglaise, espagnole et française) étaient trop fortes pour permettre d'aboutir à des comparaisons pertinentes ou sensées et nous avons donc décidé de nous centrer sur le débat français, toutes les études francophones étant bien entendu à considérer.