Les considérations éthiques et sociales

Auteur d’un article dans le MIT Technology Review en février 2005, Sherwin Nuland se montre sceptique : est-il vraiment souhaitable de vivre éternellement, ou même plusieurs siècles ? Sur le forum qui accompagne son certains internautes s’interrogent comme lui : rechercher l’immortalité, n’est-ce pas jouer aux apprentis sorciers ? N’est- ce pas une tentation narcissique ? Mais le débat quitte rapidement les questions éthiques et bute sur la souhaitabilité du projet : certains affirment vouloir être immortels, d’autres non, et les arguments s’épuisent.
L’argumentation catégorique d’Aubrey de Grey n’invite pas au dialogue. Aux dires de Nuland, De Grey oppose à ses détracteurs une logique impeccable, difficile à contredire. Mais son raisonnement repose sur une conception de la personne humaine que tous ne partagent pas: par exemple, il affirme que le désir de procréer n’est pas inné, mais acquis par la socialisation.
De plus, Aubrey de Grey discrédite le fait même de s’interroger sur l’immortalité. A toutes les objections morales, il répond par un argument d’ordre humanitaire : douter de lui, c’est être complice de la mort, et ralentir un projet qui contribue à sauver des vies.

Les objections portent également sur les conséquences sociales de l’allongement de la durée de vie : qu’en sera-t-il du modèle familial ? Comment gérer les naissances ? Comment s’organisera le travail ? De la même façon que sur le plan éthique, ce débat est rapidement désamorcé : à toutes les questions, Aubrey de Grey répond que l’humanité s’adaptera comme elle a toujours su le faire.

Dans la communauté scientifique, les opposants à Aubrey de Grey sont plus discrets. Leurs arguments portent principalement sur la méthode.